Retard important dans la lutte contre les maladies non transmissibles

Seuls six pays dans le monde en font assez pour réduire les maladies non transmissibles telles que le diabète, les cancers et les maladies cardiovasculaires, alors que la crise du Covid-19 montre l’ »urgence » de les combattre, alerte un rapport commandé par l’OMS. La situation a d’ailleurs été aggravée par les perturbations des systèmes de santé consécutives à la pandémie de coronavirus.

Le Danemark, le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, Singapour et la Corée-du-Sud sont les seuls pays à haut revenu en bonne voie pour atteindre l’objectif de réduire d’un tiers d’ici 2030 la mortalité liée à ces maladies, conclut le rapport publié dans la revue britannique The Lancet. Les autres pays peuvent toutefois encore rattraper leur retard, à condition de s’attaquer à plusieurs maladies de front et de mettre en oeuvre les stratégies qui ont fonctionné ailleurs, ajoute-t-il.

Globalement, les taux de mortalité de maladies en partie évitables telles que le diabète, le cancer du poumon, du colon et du foie « déclinent trop lentement ou empirent dans de nombreux pays ». En revanche, l’évolution est plus favorable pour les AVC, les maladies cardiaques et le cancer de l’estomac.

Cet objectif de réduction des maladies non transmissibles fait partie des 17 « objectifs de développement durable » adoptés par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2015, dans le cadre de l' »Agenda 2030″. Il vise à diminuer d’un tiers d’ici 2030 les décès prématurés (survenant entre 30 et 70 ans) provoqués par les cancers, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques et le diabète.

Un retard important à cause de la pandémie

Après un premier bilan en 2018, ce nouveau rapport de l’Imperial College de Londres, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’ONG NCD Alliance entend faire le point sur les progrès accomplis ou non.

Les maladies non transmissibles causent « sept décès sur dix dans le monde », dont 17 millions « prématurément » chaque année, selon ce rapport, qui avertit que la pandémie « a perturbé gravement » le traitement et la prévention d’autres affections.

L’université britannique de Birmingham a par exemple estimé en avril que 28,4 millions d’opérations chirurgicales électives, c’est-à-dire non urgentes, pourraient être annulées dans le monde entier en raison de la crise sanitaire. Et, en mai, le partenariat « Stop TB » a prévenu que 1,4 million de personnes supplémentaires pourraient mourir de la tuberculose d’ici 2025 en raison de la négligence liée au coronavirus.

Dans le monde, 26 millions de cas de Covid-19 ont été diagnostiqués, avec plus de 863.000 décès, selon les chiffres officiels rassemblés par l’université américaine Johns Hopkins.

Appliquer des politiques efficaces

La pandémie, dont les formes graves touchent davantage les personnes souffrant de maladies chroniques, « met en lumière le besoin urgent pour les gouvernements d’appliquer des politiques qui luttent contre ces morts évitables« , juge le rapport.

« On ne peut pas permettre que les maladies non transmissibles deviennent une catastrophe générationnelle, synonyme de potentiel humain gâché et d’exacerbation des inégalités », commente dans un communiqué Bente Mikkelsen, directrice du département des maladies non transmissibles à l’OMS.

Le rapport dresse une liste de mesures efficaces à mettre en place, parmi lesquelles un contrôle renforcé du tabac et de l’alcool (interdiction de la publicité, hausse des taxes, emballage neutre...).

Il recommande aussi des programmes « efficaces de dépistage des cancers » et un meilleur accès aux médicaments contre l’hypertension, le diabète et l’asthme, ainsi qu’aux traitements pour prévenir les maladies cardiovasculaires chez les patients à risque.

Contenu partenaire