Reconnaître et prévenir l’infarctus

Apprenez à reconnaître les premiers symptômes. Car réagir vite permet de sauver des vies.

Contenu :

Pas de temps à perdre
Deux types d’attaques
Contrôle et screening
En cas de diabète : on redouble de prudence
Les médicaments préventifs
Du neuf côté coeur

Une étude démontre que 50 % des crises cardiaques sont précédées de signes annonciateurs que les patients ne reconnaissent pas, déplore le Pr Chris Vrints, chef du service cardiologie à la Clinique universitaire d’Anvers. Se sentir oppressé, avoir le souffle court, une crampe dans le mollet ou une douleur (une tension) dans la cage thoracique au moindre effort, une fatigue anormale... Autant de symptômes annonciateurs d’une crise cardiaque qui peut survenir quelques jours, voire quelques semaines plus tard. « 

Il semblerait toutefois que les hommes soient plus attentifs que les femmes.  » Ils sont souvent plus douillets. En outre, ils savent que les ennuis cardiaques les guettent plus tôt, dès la cinquantaine. Chez les femmes, l’âge critique se situe entre 60 et 70 ans.  » A cet âge-là, la grande majorité des gens ne travaillent plus et consultent moins facilement un médecin, puisqu’ils n’ont plus besoin d’un certificat médical en cas de pépin de santé.  » En outre, la plupart des femmes ont tendance à faire plus attention à leurs proches qu’à elles-mêmes et à réclamer de l’aide moins rapidement. »

Pas de temps à perdre

Les quelques heures précédant une crise cardiaque sont vitales : il faut consulter sans tarder. « Le temps qui s’écoule entre l’apparition des symptômes et les soins médicaux est un facteur primordial. La mortalité totale par infarctus s’élève à environ 40 %. Quand on sait qu’à peine 5 à 7 % des patients décèdent à l’hôpital, cela signifie que 30 % des patients n’arrivent jamais à la clinique. C’est pourquoi il est si important d’agir dans les deux heures suivant les premiers symptômes. Cela laisse aux médecins de bonnes chances de limiter les dégâts. Après trois heures, le muscle cardiaque est déjà fort endommagé.

Si vous ressentez dans la poitrine une douleur inhabituelle qui persiste au-delà de 15 à 30 minutes, appelez le 100. Surtout si la douleur rayonne et/ou si vous êtes en sueur ou nauséeux, ou que vous avez des vertiges. « 

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Deux types d’attaques

Idéalement, il faut procéder à un électrocardiogramme dans les dix minutes suivant l’arrivée du patient à l’hôpital. On peut alors déterminer de quel type d’infarctus dont il s’agit.

« En cas d’infarctus aigu du myocarde, l’artère coronaire est entièrement obstruée. Le patient doit alors subir un pontage dans les plus brefs délais : on débouche l’artère à l’aide d’un ballonnet et/ou d’un stent, autrement dit on crée une déviation. Tous les hôpitaux ne sont pas équipés pour poser ce geste mais, en Belgique, où les distances d’une infrastructure à l’autre sont courtes, il est en principe possible de traiter le patient où qu’il se trouve. Une récente enquête suédoise a pu établir qu’on met toutes les chances de son côté en administrant aussi des anticoagulants. Le taux de réussite grimpe à 90 % contre 60 % avec la seule trombolyse. Si l’ECG et la prise de sang indiquent un syndrôme coronaire aigu (SCA), les médecins prescrivent aussitôt un autre traitement médicamenteux.  »

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Contrôle et screening

Ceux qui connaissent l’état de leurs artères sont mieux à même de détecter d’éventuels signaux d’alarme et donc de gagner un temps précieux. Un bilan médical annuel (taux de cholestérol, tension et poids – pour les hommes dès 50 ans et pour les femmes dès 55 à 60 ans) effectué par un généraliste est donc vivement conseillé. A cela peut s’ajouter un screening cardiologique : il s’agit d’un examen corporel et d’un électrocardiogramme. Mais il existe encore d’autres possibilités. « Parmi les examens fort simples de l’artère coronaire, citons l’échographie-doppler des troncs supra-aortiques (sous-clavicule, cou, carotide...). Plus l’artère est épaisse, plus le risque est grand de voir l’artère coronaire elle-même obstruée. Autre possibilité : le CT-scan coronaire. Il s’agit d’un scanner qui révèle l’état de l’artère coronaire. Une technique intéressante mais qui présente certains inconvénients. Le rayonnement absorbé par le tronc correspond à celui de 10.000 photothorax, ce qui est énorme pour un screening. Mieux vaut donc réserver le CT-scan aux cas aigus et non à un simple examen préventif. C’est s’exposer à un risque oncologique trop élevé. »

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En cas de diabète :on redouble de prudence

Passé 50 ans, il faut être sur ses gardes afin de réagir vite face à un problème cardiaque. Les diabétiques, eux, doivent redoubler de prudence ! « En cas de diabète avancé, on assiste souvent à une atteinte du système nerveux qui se traduit par une moindre sensibilité à la douleur. Conséquence : les patients diabétiques risquent de passer à côté des signes avant-coureurs d’une attaque. Il arrive qu’un diabétique fasse un infarctus sans s’en rendre compte, c’est ce que l’on appelle l’infarctus silencieux. En outre, en cas de maladie, quelle qu’elle soit, le taux de sucre dans le sang risque d’être perturbé, ce qui aggrave les conséquences d’une affection cardiaque chez les patients diabétiques. »

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Les médicaments préventifs

Contrôler sa santé cardiaque est une chose, agir préventivement au quotidien en est une autre. Le meilleur moyen reste d’adopter un mode de vie sain et d’éviter le stress, dont le rôle important est désormais clairement démontré en tant que facteur de risque accru. La Ligue cardiologique belge y a consacré sa Semaine du coeur en septembre dernier et a insisté sur l’importance d’exprimer ses tensions et ses émotions, de s’accorder chaque jour une pause toutes les 90 minutes de travail, de s’octroyer un jour de repos par semaine et des périodes de cinq jours de congé plusieurs fois par an.

 » Nous conseillons à tous les hommes de plus 50 ans et à toutes les femmes de plus de 60 ans de prendre chaque jour une faible dose d’aspirine, prescrite par le médecin, recommande le Pr Vrints. L’aspirine augmente très légèrement le risque d’hémorragie cérébrale mais ce faible risque ne pèse pas bien lourd au regard de son effet protecteur pour le coeur et préventif de la thrombose. Les 50 + qui souffrent du coeur ou ont des antécédents familiaux y ajouteront un traitement spécifique, comme les statines. Malgré les critiques formulées à l’encontre des médicaments anticholestérol, de nombreuses études ont pu prouver leur valeur. »

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Du neuf côté coeur

Lorsque l’artère coronaire est obstruée, le muscle cardiaque dépérit par manque d’oxygénation. L’atteinte du myocarde est en principe irréversible. Le muscle cardiaque a dès lors du mal à remplir son rôle de pompe. Certaines cliniques (Liège, Alost, Genk, Anvers) envisagent de prendre part à un projet de recherche visant à remplacer les cellules mortes du muscle cardiaque par des cellules souches prélevées sur le patient lui-même, puis réimplantées.

La polypil, qui contient de l’aspirine, de l’acide folique, une statine et des antihypertenseurs, est en phase de test. Elle est destinée aux patients présentant un faible risque : un cachet par jour leur offrirait une bonne protection à prix modique. Mais certains cardiologues préfèrent un dosage individualisé.

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité sous nos latitudes (en Wallonie, un tiers des décès). C’est pourquoi la plupart des hôpitaux ont des procédures d’accueil d’urgence pour ceux qui se plaignant de douleurs dans la poitrine. Celles-ci sont examinées et traitées en priorité.

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