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Quels traitements et ressources pour la bipolarité?

Sous-diagnostiquée, la bipolarité est aujourd’hui bien prise en charge une fois qu’elle est identifiée. Son traitement passe par un large ensemble de mesures thérapeutiques ou préventives.

Dans le Plus Magazine de décembre, nous vous expliquons ce qu’est la bipolarité et pourquoi elle est sous-diagnostiquée. Une fois la maladie identifiée et objectivée par un médecin, encore faut-il mettre en place un traitement adéquat. Longtemps, la bipolarité a été considérée comme incurable. « Mais aujourd’hui, il n’est pas inenvisageable de se dire qu’on peut ‘guérir de la bipolarité’ ; tout du moins, le traitement permet d’éviter les côtés négatifs de la maladie », estime le Dr Daniel Souery, chef du service consultation pour le réseau psychiatrique bruxellois Epsylon.

Pour y arriver, tout un arsenal thérapeutique doit être mobilisé et il n’existe pas de recettes toutes faites. « Chaque traitement doit être individualisé, car le trouble se manifeste de façon différente chez chaque patient, explique le Pr Gabrielle Scantamburlo, cheffe du service psychiatrie au CHU de Liège et professeur de psychiatrie à l’ULiège.

Agir en amont

En premier lieu, il existe des médicaments qui permettent de juguler les symptômes de la maladie. « Les principales molécules sont des médicaments stabilisateurs de l’humeur, détaille le Pr Scantamburlo. Le lithium constitue ici le traitement de référence, mais on emploie aussi parfois des anticonvulsivants ou antipsychotiques atypiques. La posologie doit être adaptée à chacun et mise à jour, ce qui nécessite des dosages sanguins réguliers. » L’objectif est ici de limiter l’excitabilité des neurones. A ce traitement de fond peuvent être adjoints d’autres molécules, surtout utilisées lors des phases aiguës. « Si les personnes sont vraiment en état de débordement émotionnel, on peut y adjoindre des neuroleptiques, qui vont régler le volume des émotions à zéro et, si le patient est vraiment à plat, des anti-dépresseurs », détaille le Dr Souery.

Ceci étant, de plus en plus, les spécialistes essayent d’agir en amont pour éviter le déclenchement de crises. « Parmi les facteurs déclenchants, on remarque que la perturbation des rythmes de vie, la désynchronisation des horloges biologiques jouent un grand rôle, insiste le Pr Scantamburlo. D’où l’importance d’une éducation thérapeutique, dans laquelle le patient apprend à tenir compte de la nécessité d’un sommeil de qualité, du respect d’une routine (alimentation, prise régulière des médicaments) ou d’interactions sociales de qualité, en évitant les personnes « toxiques ». L’élimination de la prise de substances (drogue, alcool) est aussi primordiale. L’éducation thérapeutique permet aussi au patient de reconnaître la maladie et ses signes annonciateurs, afin d’adapter son comportement, ce qui diminue le nombre de rechutes, allonge le temps entre les « crises » et diminue les hospitalisations. »

A cela peut s’ajouter une aide psychologique, qui peut prendre de nombreuses formes et permet parfois d’identifier en partie l’origine de la maladie (souvent due à un événement traumatisant dans l’enfance) : psychothérapie, thérapie par l’hypnose, psychanalyse... »Enfin, n’oublions pas la pair-aidance, le partage d’expérience entre personnes souffrant de la même pathologie : il existe de nombreux groupes d’entraide, facilement trouvables sur internet », conclut le Dr Souery.

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