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Quels examens à quel âge?

Julie Luong

Prévenir plutôt que guérir: la santé passe d’abord par un suivi régulier et quelques examens ciblés. A chaque âge son check-up.

Rester en pleine forme le plus longtemps possible? On en rêve tous! Pour mettre toutes les chances de son côté, on adopte, bien sûr, un mode de vie sain mais on veille aussi à surveiller certains paramètres de santé essentiels et à passer des tests de prévention au moment opportun. Voici tout ce qu’il faut tenir à l’oeil...

50 ans

Gardez votre poids à l’oeil. En Belgique, une personne sur deux est en surpoids et une sur cinq en situation d’obésité. Or, l’excès pondéral est un facteur de risque dans la plupart des maladies: cancers, maladies cardiaques, infections (en ce compris le coronavirus). Pour calculer votre IMC (indice de masse corporelle), il suffit de prendre votre calculette. Divisez votre poids en kilos par votre taille en mètre au carré. Si vous pesez 65 kg pour 1m65, le calcul sera de 65: 2,7225 (1,65 x 1,65) = 23,87. De 18,5 à 25, votre poids est considéré comme normal. En dessous de 18,5, vous êtes considéré comme maigre. Au-dessus de 25, vous êtes en surpoids et au-dessus de 30, en situation d’obésité. Pesez-vous une fois par semaine: attention, une perte de poids brutale et inexpliquée doit aussi vous alerter.

Votre tour de taille. L’obésité abdominale est considérée comme un indicateur important du risque cardiovasculaire: elle est beaucoup plus fréquente à partir de la ménopause/andropause. La graisse viscérale est en effet particulièrement nocive pour l’organisme. Une fois par mois, placez un mètre ruban environ deux centimètres au-dessus du nombril, à l’endroit le plus étroit de votre buste. Votre tour de taille doit être inférieur à 88 cm si vous êtes une femme et à 102 cm si vous êtes un homme. Bonne nouvelle: si la graisse abdominale est particulièrement mauvaise pour la santé, c’est aussi celle dont on se débarrasse le plus vite grâce à un régime. Les risques cardiovasculaires diminuent alors parallèlement.

Votre tension artérielle. Un contrôle annuel est recommandé à partir de 40 ans. L’hypertension artérielle est souvent appelée le « tueur silencieux »: elle ne provoque généralement aucun symptôme, mais endommage les artères au fil du temps, augmentant le risque d’AVC (accident vasculaire cérébral) et d’infarctus du myocarde. Il existe des médicaments qui, couplés à une bonne hygiène de vie, permettent de la réguler. Votre tension doit être inférieure à 14/9 centimètres de mercure (Hg). Bon à savoir: elle est très variable selon les périodes, le moment de la journée et l’état de stress.

Certaines personnes souffrent par ailleurs du « syndrome de la blouse blanche »: une montée de la tension engendrée par le stress de la visite chez le médecin. En cas de doute, il vous sera conseillé de prendre vous-même votre tension à domicile avec un tensiomètre. Au quotidien, ces appareils d’auto-mesure sont également utiles pour renforcer ses bonnes résolutions (alimentation, sport, suivi du traitement) ... à condition de ne pas en faire une obsession.

Votre taux de cholestérol. Il doit être évalué annuellement à partir de 40 ans. Deux Belges sur trois présentent un taux de cholestérol trop élevé, souvent sans le savoir... En effet, l’excès de cholestérol ne provoque pas de symptômes particuliers, du moins dans un premier temps, mais il augmente le risque cardiovasculaire. Une simple prise de sang réalisée à jeun permet de connaître son taux de cholestérol LDL (« mauvais cholestérol »): il doit être inférieur à 115 mg/dl. Plus le risque cardiovasculaire global est élevé, plus ce taux doit être bas.

Votre taux de glycémie. Il doit être mesuré tous les 4 ans à partir de 45 ans. Le diabète de type 2 est en effet une maladie silencieuse, généralement diagnostiquée 5 à 10 ans seulement après ses débuts. Une simple prise de sang à jeun permet de connaître sa glycémie (taux de sucre dans le sang): elle doit être inférieure à 100 mg/dl.

Le dépistage du glaucome est recommandé au minimum tous les cinq ans et dès l’âge de 40 ans. Il peut être plus régulier s’il existe des antécédents familiaux. Le glaucome ne provoque en général aucun symptôme: un traitement adéquat est cependant indispensable pour ralentir la progression de la maladie qui, sinon, peut provoquer une cécité. Le dépistage se réalise chez l’ophtalmologue: il comprend la mesure de la pression oculaire mais aussi l’examen du champ visuel et l’examen de la papille optique.

Grâce à un examen du fond de l’oeil, l’ophtalmologue peut aussi repérer les premiers signes d’une DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), maladie qui apparaît à partir de 50 ans et devient fréquente après 75 ans (jusqu’à une personne sur quatre). Les signaux d’alerte? Les lignes droites qui se mettent à faire des vagues ou à se déformer, par exemple sur une grille de mots croisés.

Le cancer colorectal est le deuxième cancer chez la femme (après le cancer du sein) et le troisième chez l’homme (après les cancers de la prostate et du poumon). Très rare avant 40 ans, sa fréquence augmente nettement à partir de la cinquantaine.

Si vous avez entre 50 et 74 ans, une lettre vous est adressée personnellement, soit dans les deux ans après votre 50e anniversaire, soit cinq ans après une coloscopie négative. Ce courrier vous invite à réaliser un test Hemoccult, qui permet d’identifier la présence de sang invisible dans les selles. Celui-ci se fait à domicile. Il s’agit de prélever, sur trois selles successives, deux fragments minimes et de les déposer sur une plaquette de papier réactif. Ces plaquettes sont ensuite envoyées dans un centre d’analyse.

Une mammo- graphie doit être réalisée tous les deux ans entre 50 et 69 ans.
Une mammo- graphie doit être réalisée tous les deux ans entre 50 et 69 ans.© getty images

Une mammographie doit être réalisée tous les deux ans entre 50 et 69 ans. Vous recevez automatiquement par la poste une invitation à vous faire dépister (Mammotest) dans une unité de mammographie agréée pour votre province. Mais si vous ne voulez pas attendre, vous pouvez aussi en parler à votre médecin traitant ou à votre gynécologue qui vous fournira toutes les informations nécessaires. Par exemple si vous avez des cas de cancers du sein dans la famille, le dépistage peut s’effectuer dès 30 ou 40 ans. Selon les situations, il peut aussi être réalisé au-delà de 70 ans.

Votre santé osseuse. À la ménopause, la chute du taux d’oestrogènes dans le sang entraîne une diminution de la densité osseuse. 40% des femmes ménopausées seront un jour ou l’autre victimes d’une fracture liée à l’ostéoporose. L’ostéodensitométrie est un examen radiographique qui mesure la densité osseuse: chez les profils à risque (antécédents familiaux, morphologie de « petite mince » ...), elle est recommandée tous les deux ans à partir de la ménopause.

Vos gencives. Les maladies gingivales peuvent entraîner le déchaussement des dents. Elles accroissent aussi le risque de maladies cardiovasculaires: les agents bactériens et les médiateurs de l’inflammation présents dans la bouche ont en effet la capacité de passer dans la circulation sanguine et, à partir de là, vers les organes. Votre DPSI (indice de santé gingivale et parodontale) peut être évalué par votre dentiste ou par un spécialiste en parodontologie. Ne manquez pas votre rendez-vous annuel.

Cancer de la peau. Le cancer de la peau touche une personne sur six au cours de sa vie. Les peaux claires sont particulièrement à risque, surtout si vous vous êtes beaucoup exposé au soleil au cours de votre vie. Rendez visite une fois par an à votre dermatologue. Observez aussi vos grains de beauté: des contours irréguliers, une forme asymétrique, un aspect multicolore et un diamètre de plus de 6 mm doivent attirer l’attention. Tout changement de forme, de taille ou de couleur doit également inciter à consulter.

Cancer du col de l’utérus. Aujourd’hui, seuls 60% des femmes belges réalisent régulièrement un frottis. Beaucoup d’entre elles cessent en effet de consulter un gynécologue après la ménopause. Pourtant, le frottis permet de prélever des cellules à l’entrée du col et d’identifier des lésions précancéreuses responsables du cancer du col de l’utérus.

Par ailleurs, le gynécologue reste un interlocuteur de choix à tout âge pour gérer les symptômes liés à la ménopause, la vie intime, etc. Le frottis doit être réalisé tous les trois ans, y compris lorsqu’on a le même partenaire depuis longtemps ou qu’on est sans partenaire.

Cancer de la prostate. Il s’agit du cancer le plus courant chez l’homme. Il touche surtout les plus de 65 ans. Le risque est très augmenté s’il existe un ou plusieurs cas de cancers de la prostate dans la famille, en particulier quand ce cancer est apparu avant 55 ans et/ou chez un parent du 1er degré. Pour les hommes correspondant à ces profils, un suivi spécifique sera proposé. Pour les autres, le dépistage annuel n’est pour le moment pas recommandé à grande échelle: il existe en effet un risque important de sur-traitement de cancers « dormants » qui n’auraient jamais évolué vers un cancer agressif. Si vous êtes inquiet, parlez-en à votre médecin.

Un examen auditif est essentiel pour éviter de se couper de la vie sociale.
Un examen auditif est essentiel pour éviter de se couper de la vie sociale.© gettyimages

60 ans

Le contrôle de l’audition, si vous avez l’impression d’avoir du mal à suivre une conversation quand il y a plusieurs personnes, si vous demandez fréquemment à vos interlocuteurs de répéter ou si votre conjoint trouve que vous mettez la télévision trop fort. Un ORL peut réaliser une audiométrie, c’est-à-dire un test en cabine insonorisée pour évaluer les fréquences que vous entendez bien ou moins bien. Essentiel pour ne pas se couper de la vie sociale! D’autant que les appareils auditifs sont aujourd’hui très discrets et très efficaces.

70 ans

Un bilan neurocognitif, en cas de difficultés d’orientation, de mémorisation ou de modifications de la personnalité. Celui-ci permet de repérer le début d’une maladie neurodégénérative (Alzheimer, Parkinson...). Plus le dépistage est précoce, plus la prise en charge sera efficace. C’est d’autant plus important qu’une maladie neurodégénérative débutante peut provoquer des symptômes dépressifs (car toutes les actions demandent plus d’efforts). Ce bilan neuropsychologique peut être réalisé dans un centre de la mémoire.

80 ans

Un bilan nutritionnel. À partir d’un certain âge, le risque principal n’est pas de trop manger mais de manger trop peu. Même en cas de faible activité physique, il ne faut jamais descendre en dessous d’un apport de 1. 500 kcal/jour. Dans le cas contraire, on risque une dénutrition et une fonte musculaire et donc, à terme, une perte d’autonomie. Si vous avez un poids faible et/ou une perte d’appétit, un bilan alimentaire avec un nutritionniste ou un diététicien peut se révéler très utile. Ce professionnel vous donnera des conseils pour mieux manger, enrichir vos plats, fragmenter vos repas, etc.

Les vaccins conseillés aux 50+

  • Coqueluche-tétanos-diphtérie : Vaccin à renouveler tous les dix ans. Gratuit pour les adultes.
  • Grippe : Conseillé à tous les 65+. Recommandé aux personnes de 50 à 65 ans qui fument, souffrent d’obésité et boivent régulièrement de l’alcool. Le vaccin contre la grippe est aussi vivement conseillé à certains groupes-cibles comme les malades chroniques (cardiaques, diabétiques...). Pratique: vaccination entre le 15 octobre et le 15 décembre idéalement. Remboursement partiel pour 65+, comme pour les autres groupes à risque.
  • Pneumocoques : Le pneumocoque occasionne divers types d’infections, pulmonaires notamment, et est associé à la sinusite, la septicémie, l’otite et la méningite. La combinaison de deux sortes de vaccin est recommandée. Pratique: les vaccins 13-valente et 23-valente ne sont pas remboursés pour les adultes. Certaines mutualités accordent un remboursement partiel.
  • Zona : Le virus varicelle-zoster, responsable du zona, touche surtout les 60+. Cette maladie douloureuse peut récidiver. Pratique: les vaccins contre le zona ne sont pas remboursés.
  • Covid-19: Dès que les vaccins seront prêts ils seront fortement conseillés aux 50+ mais on ne connaît pas encore la durée de la protection qu’ils offrent.

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