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Quelques tuyaux pour un été sans allergies

Si les allergies au pollen peuvent gâcher les vacances, le soleil, les insectes, les plantes, l’eau, les tiques et les tatouages au henné peuvent, eux aussi, réserver leur lot de mauvaises surprises... Conseils de pro pour un été sans nuages.

LES ALLERGIES AU SOLEIL

Environ 10 à 20 % des adultes sont sujets à l’une ou l’autre forme d’allergie au soleil. « Les premières réactions se manifestent généralement au début de l’âge adulte, parfois plus tard, même si le soleil était à l’origine bien supporté, analysent le Pr Jan Gutermuth et le Dr Martine Grosber (dermatologues et allergologues). Ces manifestations peuvent survenir pendant quelques années et disparaître ensuite spontanément. La plupart des hypersensibles connaissent ce genre de désagrément en début de saison estivale, lors des premières expositions au soleil. »

Les symptômes? Une éruption de papules rouges aux endroits du corps exposés comme le décolleté, le cou, les bras, les épaules, les jambes... Le visage, régulièrement exposé aux rayons du soleil, y compris en hiver, est généralement épargné. De petites vésicules et des squames peuvent également se former. « Les réactions ne se manifestent pas toujours le soir même après l’exposition mais quelques jours plus tard. Elles peuvent survenir sans coup de soleil. »

La forme d’allergie la plus courante est la lucite polymorphe qui témoigne d’une hypersensibilité aux rayons ultraviolets, A ou B. Si la peau réagit également derrière une vitre, à l’ombre d’un arbre ou enduite de crème solaire (avec filtre aux UV-B), il s’agit d’une allergie aux UV-A.

Que faire? Si vous êtes allergique au soleil, appliquez toujours une crème solaire écran total (SPF 100) et couvrez-vous.  » Évitez de vous exposer entre 11 et 15 h. »

Si vous souffrez d’allergie au soleil malgré l’application d’un écran total, un traitement préventif (thérapie aux UV-A ou B) est conseillé. La thérapie consiste à exposer la peau aux UV de façon contrôlée dès le printemps pour l’habituer progressivement aux rayonnements.  » L’exposition aux UV est répétée plusieurs fois par semaine. La dose d’UV est augmentée à chaque séance pour stimuler la protection naturelle de la peau en vue de vos prochaines vacances. La cure est temporaire et doit être renouvelée l’année suivante », explique le Dr Grosber.

Vous réagissez ?  » Une pommade à la cortisone combinée à un antihistaminique atténue les démangeaisons. »

LES CRÈMES SOLAIRES

Certains ingrédients d’une crème solaire peuvent également provoquer une réaction allergique, même si ce type de réaction est moins fréquent. « La réaction est visible aux endroits du corps où la crème solaire a été appliquée. Nous essayons d’identifier l’allergène par des tests ad hoc pour que le patient puisse les éviter mais ce n’est pas toujours possible. » L’allergie est parfois due au parfum que contient la crème solaire. Pour limiter les risques, mieux vaut donc choisir une crème non parfumée.

LES TATOUAGES AU HENNÉ

Les tatouages au henné sont à la mode mais attention à la couleur.  » Le henné rouge traditionnel ne pose aucun problème. Les tatouages au henné noir sont par contre à proscrire absolument. Ils contiennent du paraphénylènediamine (PPD), une substance dangereuse susceptible de provoquer de graves réactions allergiques, souligne le Dr Grosber. Cette substance est souvent présente en fortes concentrations dans le henné. La réaction allergique ne se produit pas immédiatement mais plusieurs jours, voire une semaine après la pose. L’allergie se traduit généralement par une éruption de papules et de vésicules accompagnées de démangeaisons. Comme il est impossible de savoir si on est allergique à la PPD ou pas et vu la gravité des symptômes, mieux vaut faire preuve de prudence. »

Que faire ? Une pommade à la cortisone permet de traiter les symptômes mais l’effet n’est pas immédiat. Mais ce n’est pas tout !  » La sensibilisation à ce colorant noir que contiennent de nombreux autres produits comme les teintures de cheveux, est définitive. Il convient donc de se montrer particulièrement prudent et de lire attentivement la notice pour éviter tout nouveau contact cutané avec ce colorant. « 

Les tatouages classiques peuvent, eux aussi, provoquer des allergies soudaines au bout de quelques mois, voire quelques années. Il s’agit généralement d’une réaction exagérée du système immunitaire à l’encre rouge (ou un de ses composants) mais d’autres couleurs peuvent également déclencher des réactions.

LES RÉACTIONS PHYTOPHOTOTOXIQUES

Il ne s’agit pas d’une allergie à proprement parler mais plutôt d’une réaction à la combinaison d’une exposition aux UV-A et au contact (préalable) de certaines plantes qui rendent la peau plus sensible au soleil. Ce genre de dermatose s’observe le plus fréquemment de juin à septembre.

« De nombreuses plantes peuvent déclencher ce type de réaction, souligne Martine Grosber. Les plus connues sont la berce géante et le millepertuis. Le simple effleurement involontaire d’une de ces plantes au cours d’une balade, suivi d’une exposition au soleil, provoque l’apparition de lésions aux points de contact sur la peau. La peau devient rouge, démange, de grosses cloques peuvent se former. Le contact avec le feuillage de certains légumes potagers comme le persil, le fenouil et le céleri peut également provoquer des réactions phototoxiques. Pour éviter ce genre de désagréments, il est conseillé de porter des gants et des manches longues pendant les séances de jardinage. Sachez aussi que les UV-A sont présents même si le ciel est voilé. Certains médicaments, comme les antibiotiques et les gels pour soulager l’arthrose (à base de kétoprofène), peuvent provoquer les mêmes réactions cutanées sous l’effet de l’exposition au soleil.

Que faire ? Les symptômes relativement bénins peuvent être traités avec une pommade à la cortisone. Si des cloques apparaissent, mieux vaut consulter pour se faire prescrire un traitement médicamenteux.

Quelques tuyaux pour un été sans allergies
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LES GUÊPES, LES ABEILLES ET LES BOURDONS

En Belgique, les réactions allergiques au venin d’insecte sont majoritairement dues aux piqûres de guêpe et dans une moindre mesure aux piqûres d’abeille et de bourdon. Si la piqûre passe quasi inaperçue chez certains, elle peut provoquer douleur et gonflement chez d’autres.  » Chez certains, une grave réaction locale se manifeste par un gonflement de minimum 10cm de diamètre, qui dure plus de 24 heures et ne se résorbe que très lentement,  » constate le Pr Didier Ebo, allergologue.

Que faire ? « Si l’insecte a laissé son dard dans la peau, retirerez-le tout doucement (sans pince) pour éviter d’injecter encore plus de venin. Appliquez de la glace sur la zone concernée, prenez un antihistaminique et appliquez éventuellement une pommade à la cortisone ou un cachet de cortisone. Il s’agit ici d’une réaction non pas allergique mais toxique. La victime qui fait une telle réaction a 10 à 25% de chance de réagir de la même façon à la prochaine piqûre. Mieux vaut donc prévenir et avoir toujours un antihistaminique à portée de main en été. La prise d’un antihistaminique juste après la piqûre permet d’éviter toutes sortes de symptômes désagréables. »

3 à 5% des personnes peuvent développer une réaction allergique généralisée au venin de guêpe. « La réaction peut être relativement grave (urticaire sur tout le corps, gonflement des paupières, rougeurs et démangeaisons) à très grave (oedème de la langue et du larynx, problèmes respiratoires, sensation d’oppression thoracique, voire perte de connaissance et choc anaphylactique). La victime qui réagit aussi violemment risque fort de refaire la même réaction », insiste le Pr Ebo.

Que faire ? « Les personnes gravement allergiques au venin doivent toujours avoir une préparation d’adrénaline injectable en poche. Un traitement immunothérapeutique (hyposensibilisation) est vivement conseillé. Il faut, dans un premier temps, identifier avec précision l’insecte responsable afin d’adapter le traitement en conséquence. » L’immunothérapie consiste à injecter une faible dose de venin de guêpe pour habituer l’organisme à la présence de la substance et éviter une réaction du système immunitaire à terme. « Le patient est protégé en cas de nouvelle piqûre de guêpe quasi dès le début du traitement. L’immunité au venin de guêpe est en effet stimulée au bout de quelques heures, explique le Pr Vito Sabato. Comptez trois jours pour le venin d’abeille, plus quelques injections supplémentaires pour consolider l’effet. »

LES MOUSTIQUES ET LES TAONS

Le simple contact avec la salive de moustique après une morsure peut provoquer de vives réactions chez certaines personnes comme un gonflement, de fortes démangeaisons, des rougeurs, voire de la fièvre.  » Ce n’est généralement pas une allergie. »

Que faire ? Les personnes hypersensibles peuvent se protéger des piqûres de différentes façons : moustiquaire, DEET, etc. Si elles se font malgré tout piquer, l’idéal est de prendre un antihistaminique pour éviter toute réaction.  » La prise d’antihistaminiques peut également se faire à titre préventif pendant la saison des moustiques « , conseille le Pr Ebo.

Les piqûres des tabanidés et des taons en particulier peuvent causer d’importants gonflements touchant par exemple toute la partie inférieure de la jambe. Les cloques peuvent ressembler à s’y méprendre à des brûlures. « Ici aussi, il s’agit généralement d’une réaction non pas allergique mais toxique à la salive infectée, précise le Pr. Ebo. Les taons sont souvent porteurs de toutes sortes de bactéries. »

Que faire ? « Commencez toujours par désinfecter, appliquez de la glace sur la zone concernée et prenez un anti-histaminique. Il n’existe pas de traitement spécifique. Un antibiotique peut être indispensable en cas de fièvre. »

LES MORSURES DE TIQUES

Les morsures de tiques, quand elles sont cumulées en grand nombre, peuvent donner naissance à une allergie à la viande, aussi appelée syndrome d’alpha-gal. Concrètement, ce syndrome se caractérise par une hypersensibilité à un sucre présent dans les protéines de la viande de mammifère, un sucre que nous ne sommes plus capables de fabriquer. Dès cet instant, toute consommation de viande de mammifère peut entraîner une réaction allergique. L’intensité de celle-ci dépend essentiellement du type de viande – elle survient plus fréquemment suite à la consommation d’abats que de viande rouge – et de la préparation – elle est plus fréquente après la consommation de viande crue que cuite. « C’est une allergie alimentaire difficile à détecter parce que la réaction n’intervient qu’au bout de quatre à six heures. »

D’autres produits d’origine animale comme la gélatine (présente dans certains médicaments) et les produits laitiers peuvent également être allergisants. « La gélatine est administrée en cas de chute de tension ou en prévention de celle-ci. Les produits à base de gélatine sont injectés en intraveineuse, ce qui peut s’avérer dangereux pour les personnes souffrant du syndrome d’alpha-gal. Les médicaments dits biologiques pour le traitement de certains cancers peuvent également déclencher de violentes réactions allergiques. »

Que faire ? Il suffit généralement de modifier ses habitudes alimentaires, de réduire sa consommation de viande et de produits laitiers pour prévenir les symptômes. Il n’existe pas d’immunothérapie pour cette allergie.

LE CHAUD & LE FROID

Rien de tel qu’une baignade pour se rafraîchir par une chaude journée d’été mais attention ! Une allergie à l’eau peut provoquer une poussée d’urticaire et des démangeaisons. « La température est parfois un facteur déterminant. Un bain chaud provoque plus facilement une poussée d’urticaire que l’eau tiède. Il existe aussi ce qu’on appelle l’urticaire au froid. Le simple fait d’être exposé tout à coup à un air ambiant trop frais peut suffire à provoquer l’apparition de petits boutons rouges. Une baignade en eau fraîche ou la consommation d’une glace peuvent également susciter ce type de réaction allergique. »

Que faire ? Il n’existe aucun remède à cette allergie. En général, les symptômes disparaissent assez vite après la baignade. Un antihistaminique avant l’immersion peut s’avérer utile.

Si vous sortez de l’eau le corps couvert de boutons rouges, victime de démangeaisons ou d’autres symptômes après une baignade en mer, il y a fort à parier qu’il s’agit d’une réaction toxique plutôt qu’allergique. « Si la réaction se produit après une baignade dans de l’eau salée, elle est généralement due non pas à l’eau même mais à la présence d’algues ou de méduses qui libèrent dans l’eau des substances auxquelles la peau réagit. »

Une baignade dans un lac peut se solder par la dermatite du baigneur, provoquée par les larves des vers, arrivés dans l’eau par l’entremise des canards et d’autres oiseaux aquatiques.

ALLERGIE OU PAS?

Comment distinguer l’allergie (réaction exagérée du système immunitaire à une substance inoffensive) de la réaction toxique et l’hypersensibilité ? : « Si la réaction se produit pour la première fois, il est difficile de le savoir avec précision, souligne l’allergologue Martine Grosber. Consultez un dermatologue ou un allergologue le plus vite possible, tant que les symptômes sont observables. Si la réaction se produit pendant les vacances ou si vous ne pouvez pas obtenir de rendez-vous avant plusieurs semaines, faites une photo détaillée de la zone cutanée affectée. En cas de présomption d’allergie, des tests spécifiques sont réalisés pour identifier l’allergène. »

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