© Getty Images/iStockphoto

Quel yoga pour moi?

Postures, respirations, concentration, méditation... autant de techniques qui renforcent la santé physique et amènent à une meilleure connaissance de soi. Comment s’y retrouver parmi toutes les formes actuelles de yoga ?

Le yoga n’exige aucun prérequis. Ce n’est pas une succession de postures acrobatiques, ni un sport qui impose performances et compétition. Pas même besoin d’être souple ! L’amélioration se fait progressivement. La connaissance de soi, l’expérience dans l’instant présent, l’acceptation de son corps et de ses inévitables limites sont des aspects fondamentaux de la pratique du yoga. L’élève développe sa conscience afin de percevoir des niveaux extrêmement subtils du fonctionnement de son corps et de son mental, ce qui va lui permettre d’agir conformément à ses besoins, à ses intentions, aux valeurs qui l’habitent et qui sont celles du yoga.

Huguette Declercq, professeure de yoga au Centre Atlantide de Lasne et présidente de l’Association belge des enseignants et pratiquants du yoga (Abepy), enseigne depuis plus de trente ans. « Nous faisons travailler le corps pour apprendre à le sentir. Une fois cela accompli, nous allons voir comment la personne se sent dans sa vie. De fil en aiguille, nous allons à la rencontre de la vraie personne qui vit au fond d’elle pour savoir qui elle est, ce qu’elle recherche, et lui permettre de l’exprimer dans ce monde.  » Il s’agit d’un travail important, en particulier à notre époque. « Les gens ne savent plus très bien à quoi se raccrocher car tous les modèles de société sont en train de changer. Il est donc nécessaire d’être solide à l’intérieur de soi, de s’accrocher à soi-même et pas à quelque chose d’extérieur. C’est cela le chemin du yoga. »

Les lointaines origines du yoga

Nous devons la connaissance actuelle du yoga à Patanjali, un sage qui a fait la synthèse magistrale de toutes les approches du yoga et qu’il a appelée « Raja Yoga ». Ce « Yoga Royal », basé sur l’expérience, a été codifié dans un texte très connu : les Yoga-Sutra. Toujours d’actualité, même s’il remonte au IIe siècle av. J.-C., ce document est composé de sutra (aphorismes) qui constituent un fil conducteur emmenant, de sutra en sutra, l’aspirant sur la voie du yoga. Le mot « yoga » vient du sanskrit et signifie à la fois (re)lier, atteler, se concentrer.« Toutes les définitions du yoga ont en commun l’idée d’un mouvement vers quelque chose qui n’avait pas été atteint jusque-là », nous éclaire Christiane François, professeure de yoga à L’Aube du Bien-Etre à Huy.

Mieux se connaître

Quel yoga pour moi?
© Getty Images/iStockphoto

« Les personnes qui pratiquent le yoga évoluent, observe Sabrina Messal, professeure de yoga au Centre Atlantide de Lasne. Elles se mettent à manger, à penser autrement, à considérer la vie avec un autre regard, elles prennent du recul par rapport aux situations, elles sont plus calmes, moins stressées, plus fortes, plus confiantes, elles se connaissent et s’acceptent mieux. « 

Ces états harmonieux s’acquièrent grâce au contrôle du mental... cette entité, que l’on peut facilement comparer à un cheval qui, faute d’être maîtrisé de manière appropriée par son maître, emmène celui-ci dans toutes les directions et crée beaucoup de souffrance et de confusion au fil de ses errements... Le yoga contrecarre ce mauvais penchant du mental en arrêtant son activité automatique et ses fluctuations.

La maîtrise du mental se fait grâce à la pratique de postures (asanas), au contrôle de la respiration, à la méditation et à l’ascèse (effort visant à la perfection spirituelle par une discipline constante de vie). Toutes ces techniques reposent sur des fondements philosophiques et des règles techniques très précises. Car le but du yoga est lui-même très exigeant puisqu’il vise, au final, à unir l’être dans ses aspects physique, énergétique, psychique et spirituel, pour atteindre la libération.

Le yoga thérapeutique : comment ça marche ?

« Lorsqu’une personne vient me trouver avec un problème spécifique, prenons l’exemple du mal de dos qui est fréquent, je l’écoute, l’observe de manière très détaillée pour découvrir ses caractéristiques physiologiques et constitutionnelles, raconte Christiane François qui donne, entre autres, des cours de yoga à visée thérapeutique. Comment bouge la personne ? Qu’est-ce qui bouge ? Quelle est la ligne du dos? Présente-t-elle une omoplate plus élevée que l’autre ? Quelle est la position du bassin, de la tête ? Quel est l’alignement du corps de profil, etc. ? J’utilise ensuite les techniques classiques du yoga et je les adapte aux problèmes du pratiquant en vue d’obtenir un résultat qui lui soit favorable. Il est également important d’anticiper tout ce qui pourrait altérer sa santé future en fonction de ce qui est observé. « 

Les professeurs de yoga doivent donc avoir une bonne connaissance tant des fondements techniques et philosophiques du yoga que du corps et de son fonctionnement. « Comment peut-on proposer, sans courir le risque d’aggraver son mal, des exercices à une personne qui présente une déviation de la colonne vertébrale, si on ne connaît ni la constitution ni le fonctionnement du dos, ni les techniques correctes et leurs fonctions? « 

Nombreux sont les pratiquants qui se réjouissent d’être soulagés de leur mal de dos grâce à la pratique du yoga. Mais le yoga peut aussi venir en soutien par rapport à d’autres problèmes, comme l’hypertension, l’insomnie, le stress, etc., ou pathologies. Bien sûr, il est indispensable avant d’entamer cette démarche de demander à son médecin qu’il n’y a pas de contre-indication.

Un élément est encore nécessaire pour que le yoga puisse faire ce que l’on appelle des « miracles » : « Une relation de confiance entre le professeur et l’élève est indispensable, souligne Christiane François. Cette relation relève de la responsabilité du professeur. De son côté, le pratiquant doit s’engager sur une longue période, avec constance et foi. C’est d’autant plus important quand il s’agit de yoga thérapeutique ».

Les différents types de yoga

Quel yoga pour moi?
© istock

 » Le yoga a traversé les siècles et les continents pour commencer à se développer en Europe, dans les années 60. Le yoga pratiqué chez nous prend sa source dans le  » Raja Yoga  » de Patanjali, mais aussi dans le  » Hatha Yoga Pradipika  » codifié en Inde. Des maîtres ont davantage mis l’accent sur certains aspects du yoga que d’autres (mouvement, respiration, méditation, etc.), créant ainsi des  » écoles « . Au fil du temps, ces écoles se sont diversifiées à tel point qu’il est parfois bien difficile de s’y retrouver. Voici les plus courantes.

Hatha Yoga

C’est le plus pratiqué en Europe. Il accorde une large place aux postures (asanas), au contrôle du souffle (pranayama) et à la méditation. Il convient aux plus jeunes comme aux moins jeunes.

Viniyoga

Ce n’est pas le pratiquant qui doit s’adapter au yoga, mais le yoga qui doit s’adapter au pratiquant. Telle est la devise du viniyoga qui a la particularité d’être pratiqué en tenant compte des caractéristiques de l’élève (origine culturelle et philosophique, sexe, santé, forces, faiblesses, etc.).

Kundalini Yoga

Il vise à réveiller Kundalini, ce serpent endormi à la base de la colonne vertébrale et enroulé trois fois et demi sur lui-même, bouchant ainsi le passage de l’énergie dans la personne. Le recours aux techniques respiratoires, aux exercices physiques, aux mantras ont pour but de réveiller Kundalini afin qu’il se redresse dans la voie centrale, et libère le passage pour que l’énergie puisse monter le long de la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête, avec comme résultat l’éveil spirituel du pratiquant.

Iyengar Yoga

Les postures assurent le maintien de l’alignement et de l’équilibre avec une certaine rigueur. L’utilisation de sangles, de blocs et d’appuis divers caractérisent cette version du Hatha Yoga.

Yin Yoga

Il ne met pas l’accent sur le renforcement des muscles ou le développement de l’endurance, mais sur des étirements et des postures de longue durée. Il permet d’améliorer la flexibilité globale du corps, la santé des articulations, des os. Il tonifie les organes et renforce les tissus conjonctifs, prévient les maux de dos et les blessures.

Yoga intégral

Il combine différents outils : postures, pranayama, méditation, chant.

Bhakti Yoga (ou yoga de la dévotion)

Ses pratiquants cherchent à entrer en contact avec l’être suprême ou une divinité, à travers des pratiques de dévotion : prières, rituels, chants de dévotion, méditation sur la forme du Divin, pèlerinages, un mode de vie particulier.

Karma yoga (ou yoga de l’action désintéressée)

Cette voie consiste à agir dans le monde sans perdre de vue que c’est le Soi, l’Absolu, ou Dieu qui agit à travers l’individu. L’individu se considère comme l’instrument conscient et coopérant d’un Savoir et d’une Volonté qui le dépassent.

Ashtanga Yoga

Il exige un travail intense basé sur une succession ininterrompue de différentes postures au rythme de la respiration, tout en maintenant le plancher pelvien tonique. Les enchaînements, où l’on saute d’une posture à l’autre, développent force et flexibilité.

Yoga Bikram

La pratique consiste à adopter une série de 26 postures dans une salle chauffée à 36°C, le but étant de mieux étirer les muscles et les ligaments, et de transpirer abondamment. Cure de détox garantie ! Ce yoga nécessite d’avoir une excellente santé et doit être pratiqué avec prudence.

Yoga Nidra

Egalement appelé yoga du sommeil, il améliore considérablement la qualité de celui-ci. Cette technique agit sur tout le corps et amène le pratiquant à un état de relaxation physique, mental, émotionnel et spirituel.

Sivananda Yoga

Tout au long des postures réalisées avec douceur, il met l’accent la respiration, la relaxation, la médiation et les pensées positives.

Comment choisir ?

« La pratique a pour but celui que chaque pratiquant se fixe, précise Christiane François. Il faut essayer pour savoir quel type de yoga vous convient, ajoute Huguette Declercq. Certaines formes de yoga sont très dynamiques, d’autres le sont beaucoup moins. Cette variété correspond à la diversité humaine. Certains cherchent davantage à être centrés, alors que d’autres ont besoin de bouger. Toutes les formes sont valables, à condition de rester rallié au but du yoga, à savoir aller à la rencontre de soimême. »

« Concrètement, si l’élève recherche davantage de sérénité, on le dirigera plutôt vers la respiration et des techniques méditatives, indique Sabrine Messal. Le yin yoga convient bien aux personnes qui découvrent le yoga car il encourage, à travers les postures assez longues, à être connecté à son corps et à adapter les postures pour les rendre plus agréables. Le hatha yoga, plus universel, offre relaxation, ancrage, respirations et postures. Le yoga permet d’être davantage dans le mouvement ».

Par Colette Barbier

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire