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Quand les hanches flanchent

Raideur, douleur ou encore gêne dans la moitié supérieure de la jambe peuvent être les signes d’un problème de hanche. L’arthrose et les inflammations, les pathologies les plus fréquentes, nécessitent une approche spécifique.

La localisation des symptômes permet souvent de déterminer la cause précise d’une douleur persistante à la hanche. « Si la douleur se situe principalement au niveau du pli de l’aine et irradie vers le haut de la jambe, la cuisse voire le genou, elle est probablement due à l’arthrose, la pathologie la plus fréquente après 50 ans », explique le Dr Lieven Dossche, chirurgien orthopédiste (UZ Anvers).

Ceci dit, les douleurs décrites peuvent être trompeuses. « Certains patients se plaignent uniquement de leur genou, mais quand nous poussons les investigations plus loin, nous nous rendons compte que rien ne cloche à ce niveau: le problème se situe au niveau de la hanche, où aucune douleur n’est ressentie. La douleur liée à l’arthrose peut se manifester ailleurs que là où elle est générée. »

LA COXARTHROSE

Dans le cas de l’arthrose, le cartilage qui recouvre les deux extrémités osseuses, et qui permet aux deux os de glisser l’un par rapport à l’autre lors d’un mouvement, s’altère progressivement. À un stade avancé de la maladie, les extrémités osseuses finissent par frotter l’une contre l’autre, ce qui génère de fortes douleurs. « On a du mal à s’accroupir et à se pencher, pour mettre ses chaussettes ou ses chaussures par exemple. À monter ou descendre les escaliers, à se remettre en marche après une station assise prolongée. Plus le cartilage est usé, plus les mouvements deviennent difficiles et douloureux. »

L’arthrose s’aggrave avec l’âge. Le surpoids, le port de charges lourdes, la sollicitation intensive des articulations ou une prédisposition héréditaire peuvent accélérer le processus. « Certains patients disent n’éprouver qu’une simple gêne, alors que le scan confirme l’extrême usure du cartilage. D’autres sont déjà limités dans leurs déplacements quotidiens dès le début de la maladie. »

Outre la douleur, l’arthrose peut également provoquer une réaction inflammatoire et la sécrétion de liquide synovial dans l’articulation. « Après un gros effort, on peut tout à coup ressentir une forte douleur, même si l’arthrose n’est qu’à un stade peu avancé. Un traitement médicamenteux ou une infiltration de corticostéroïdes dans l’articulation de la hanche permettent d’atténuer la réaction inflammatoire mais le problème d’arthrose n’est pas résolu pour autant. »

À faire et ne pas faire

  • La chaleur apaise les raideurs due à l’arthrose et diminue l’irritation. Les coussins de pépins de cerise, par exemple, peuvent être très utiles. Les séjours au soleil sont également bénéfiques.
  • Le vélo et la natation sont deux activités physiques recommandées. La marche est également conseillée, à condition de rester dans sa zone de confort.
  • N’ayez pas peur de bouger à votre rythme. C’est excellent pour tonifier les muscles et améliorer la stabilité.

ADAPTER SES MOUVEMENTS

À l’heure actuelle, il n’est pas possible de prévenir ou de guérir l’arthrose, seulement d’en soigner les conséquences. « L’adaptation et le dosage des activités permet de soulager certains patients. Les sports très impactants ou impliquant de brusques rotations du bassin, comme le tennis, doivent être remplacés par des activités douces comme le cyclisme, la natation ou la randonnée. Mais il faut continuer à bouger, c’est important, ne fût-ce que pour renforcer la musculature autour de l’articulation. Elle sera ainsi mieux protégée. »

En cas de douleur intense, la prise d’antidouleurs ou d’anti-inflammatoires peut s’avérer utile, mais leur utilisation prolongée peut donner lieu à des effets secondaires indésirables. De nombreux suppléments alimentaires, comme la glucosamine, aident au maintien du cartilage restant et sont conseillés à un stade peu avancé de la maladie. Il faut toutefois plusieurs semaines avant d’en constater les effets bénéfiques. « Ces suppléments atténuent la douleur chez certains patients mais pas tous. S’il n’y a aucune différence au bout de quelques mois, mieux vaut arrêter. » La curcumine produit les mêmes effets bénéfiques et favorise en outre la souplesse des muscles.

LES INJECTIONS

L’infiltration d’acide hyaluronique dans l’articulation (viscosupplémentation) peut diminuer la douleur pendant un an car elle agit au niveau du cartilage même. « L’acide hyaluronique est une sorte de gel qui attire et retient une forte quantité d’eau. Normalement, les cellules cartilagineuses secrètent cette substance mais du fait de l’arthrose, la sécrétion diminue drastiquement. L’injection de cette substance dans le cartilage stimule la production d’acide hyaluronique par les cellules cartilagineuses. Ce traitement n’est efficace que si la couche de cartilage est suffisante. S’il donne les résultats escomptés, il peut être répété et l’intervention chirurgicale remise à plus tard. »

VIVRE AVEC UNE HANCHE ARTIFICIELLE

La hanche artificielle constitue la meilleure solution en cas de douleurs et de limitation de mouvements liés à un stade avancé d’arthrose. Les techniques et le matériel sont de plus en plus durables et provoquent moins de réactions indésirables. Les prothèses actuelles durent facilement 15 ans. « Le succès de la hanche artificielle est tel que certains croient, à tort, que la prothèse est la solution à tous les maux de hanche, tempère le Dr Dossche. Ce n’est pas le cas en cas d’inflammation des tendons par exemple. Qui plus est, cela reste malgré tout une intervention chirurgicale et le risque de complications, bien que minime, subsiste. »

La pose d’une hanche artificielle complète consiste à remplacer la tête fémorale de l’articulation par une prothèse en céramique ou en alliage de métal et à renouveler la couche protectrice du cotyle, la cavité du bassin dans laquelle pivote l’articulation. Le but est de supprimer la cause de la douleur et de faciliter la revalidation. « Dès le lendemain de l’opération, le patient peut déjà s’appuyer sur sa jambe et faire quelques pas en présence du kiné. La durée de revalidation dépend de son âge, sa condition physique, etc. »

Il existe aussi ce qu’on appelle le resurfaçage de hanche. La tête fémorale est conservée et recouverte d’une fine couche métallique, ainsi que le cotyle. « Cette intervention pratiquée essentiellement chez les hommes de moins de 60 ans a de moins en moins de succès, du fait des problèmes engendrés par les matières utilisées. Seul un petit groupe de patients entre aujourd’hui en considération. »

La prothèse a pour but de permettre aux patients souffrant d’arthrose de la hanche de retrouver une vie active normale, tout en tenant compte de certaines restrictions. « Il faut continuer à bouger mais les activités très impactantes doivent être correctement dosées. La durée de vie de la prothèse en dépend. Cela vaut essentiellement pour les quinqua- et les sexagénaires qui devront probablement subir une opération de révision visant à remplacer la prothèse. »

LES INFLAMMATIONS

Une douleur persistante sur la face latérale du haut de la cuisse, des douleurs musculaires laissent présager l’inflammation d’un ou plusieurs tendons attenants à l’articulation de la hanche. Les tendons jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’articulation et assurent la souplesse de rotation dans différentes directions. L’inflammation ou la sursollicitation de ces tendons peut avoir des répercussions sur les muscles attenants qui finissent par dysfonctionner. Outre la prise d’anti-inflammatoires et des exercices de kinésithérapie, des thérapies complémentaires peuvent être envisagées. « Comme la thérapie d’ondes de choc qui consiste à envoyer des ondes sonores à hauteur de la zone douloureuse. La puncture kinésithérapique par aiguille sèche est une autre technique, qui consiste à enfoncer une aiguille d’acupuncture dans la contracture. Ces traitements stimulent la régénérescence des tendons. »

Les causes exactes de la tendinite sont souvent méconnues. « L’inflammation des tendons peut être due à une pratique sportive intensive. Elle peut aussi être provoquée par la correction inconsciente des mouvements suite à des maux de dos. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de cause directe. Si on n’intervient pas, l’inflammation peut devenir chronique et le rétablissement prendra plus de temps. »

Si l’inflammation porte sur la bourse synoviale, une forte douleur est ressentie sur la face latérale de la hanche. Anti-inflammatoires, repos de la hanche et exercices ciblés de kinésithérapie pour renforcer les muscles aident à résoudre le problème.

Entretenir la souplesse des hanches

Voici quelques exercices à faire en toute décontraction. Mieux vaut faire plusieurs séances de courte durée. Arrêtez dès que vous ressentez la moindre douleur

Quand les hanches flanchent
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1. Le pont

Couchez-vous sur le dos. Pliez les genoux et placez les pieds bien à plat sur le tapis. Contractez les abdominaux. Levez le postérieur pour former une ligne droite des genoux aux épaules. Maintenez la position pendant 5 secondes. Puis descendez lentement le bassin. Répétez l’exercice cinq fois.

2. Ciseaux latéraux

Couchez-vous sur le côté. Posez la tête sur la main. Levez la jambe droite et tenez-la en l’air quelques secondes. Poussez bien le bassin en avant pour former une ligne droite avec le corps. Redescendez lentement la jambe. Répétez l’exercice dix fois. Changez de côté et faites le même mouvement avec l’autre jambe.

3. Ciseaux horizontaux

Couchez-vous sur le dos, les jambes droites. Ouvrez et refermez-les. Répétez l’exercice dix fois.

Fracture de la hanche

Une fracture de la hanche doit toujours s’opérer d’urgence. La zone de fracture est déterminante. Dans le cas d’une fracture près de l’articulation, il serait vain de fixer la tête fémorale avec des vis. Mieux vaut poser directement une prothèse. Le patient retrouvera ainsi plus vite l’usage de sa hanche.

Si la fracture se situe quelques centimètres plus loin, la pose d’une prothèse est difficilement envisageable. Il est alors préférable de fixer l’os fracturé. La revalidation sera différente car, dans le deuxième cas, le patient ne pourra pas s’appuyer directement sur sa jambe.

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