Combiner sport et jeûne peut paraître tentant pour les natures perfectionnistes, d'autant plus quand les médias en vantent les mérites. Et c'est vrai, cette pratique présente un bénéfice très particulier qui s'appelle l'autophagie. Du grec "auto" (soi-même) et "phagie" (manger), ce qui signifie "se manger soi-même". "L'autophagie remplit un rôle de nettoyage des cellules en dégradant les structures devenues trop vieilles", précise Marc Francaux, professeur en physiologie de l'exercice à l'UCLouvain.
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Combiner sport et jeûne peut paraître tentant pour les natures perfectionnistes, d'autant plus quand les médias en vantent les mérites. Et c'est vrai, cette pratique présente un bénéfice très particulier qui s'appelle l'autophagie. Du grec "auto" (soi-même) et "phagie" (manger), ce qui signifie "se manger soi-même". "L'autophagie remplit un rôle de nettoyage des cellules en dégradant les structures devenues trop vieilles", précise Marc Francaux, professeur en physiologie de l'exercice à l'UCLouvain. Intrigué par ce phénomène, Marc Francaux a réalisé, avec son équipe, une expérience sur des volontaires, laquelle a montré que c'est précisément l'activation de l'autophagie pendant l'exercice physique qui induit les effets bénéfiques du sport sur la santé métabolique. "Nous avons, par ailleurs, pu vérifier que le phénomène d'autophagie s'intensifie quand l'activité physique pratiquée à jeun est de forte intensité. Ce type d'entraînement est utilisé depuis longtemps par les sportifs de haut niveau, comme les triathlètes et les marathoniens, pour améliorer leurs performances, notamment en matière d'endurance.""Faire du sport à jeun n'est cependant pas recommandé dans un cadre de santé, prévient le chercheur. Cela provoque un stress important sur le plan physiologique et induit des réponses hormonales extrêmes, notamment une augmentation de la concentration du taux de cortisol. Si ce n'est pas un problème pour les athlètes, ce n'est vraiment pas indiqué pour les sportifs moyens car il y a un réel risque de provoquer un stress métabolique excessif." A fortiori, se dépenser à jeun est proscrit en cas de trouble du métabolisme tels que le diabète avéré et le prédiabète. "Les problèmes de régulation de la glycémie sont associés à un risque d'hypoglycémie qui peut provoquer un simple étourdissement, voire la mort! Mais le sport est néanmoins excellent pour la santé des personnes souffrant de problèmes métaboliques, à condition d'être adapté à leur état de santé. Au début, l'activité doit être pratiquée sous surveillance, en collaboration avec des personnes compétentes, par exemple un diabétologue."Le chercheur rappelle les recommandations de l'OMS relatives à la pratique du sport pour la santé. "Il faut viser une dépense énergétique minimale de 750 kilocalories par semaine. On y est vite. La dépense idéale se situe entre 1.500 et 3.000 kcal par semaine. Il est donc bon de faire une activité suffisamment intense à raison de trois fois par semaine pour atteindre une dépense d'environ 500 kilocalories par session, ce qui correspond grosso modo à un jogging de 45 minutes." Enfin, s'il s'avère profitable aux sportifs de haut niveau d'utiliser des stratégies alimentaires, comme le jeûne, en vue d'augmenter leurs performances, ce n'est pas le cas pour le commun des mortels. "Notre patrimoine génétique a été conçu pour que l'Homme soit physiquement actif tout en ayant une alimentation variée avec un apport carné relativement faible, conclut Marc Francaux. C'est pourquoi il n'y a pas lieu de modifier notre régime alimentaire lorsque nous faisons simplement ce pour quoi nous sommes génétiquement programmés!"