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Pourquoi la douleur chronique nécessite une approche holistique

Les patients souffrant de douleurs chroniques et les médecins ont un point de vue souvent différent sur la réelle efficacité d’un traitement contre la douleur. « Il ne faut pas simplement se focaliser sur l’intensité de la douleur. Les patients chroniques veulent également pouvoir reprendre le fil de leur vie. Cela nécessite une approche holistique », déclare le neurochirurgien Maarten Moens (UZ Brussel).

La douleur chronique est un problème très complexe qui touche une personne sur cinq dans le monde. « Dans le passé, le traitement de ce trouble était essentiellement axé sur la réduction de l’intensité de la douleur. Si cette douleur pouvait être réduite d’environ 50 %, le traitement était alors considéré comme un succès. Mais en pratique, ce type de traitement n’a souvent pas du tout amélioré la qualité de vie de ces patients chroniques », explique le professeur Maarten Moens. Dans le cadre de deux études, les patients souffrant de douleurs ont été interrogés sur leurs souhaits et leurs attentes concernant les effets d’un traitement. « Il y avait un point commun frappant. Ils ont tous indiqué qu’ils voulaient à nouveau participer activement à la société. Notamment en reprenant le travail, en pouvant à nouveau remplir leur rôle de partenaire ou de parent, ou en participant à des activités sociales. Bien sûr, la réduction de la douleur est primordiale pour tout le monde, mais leur véritable souhait va plus loin. Une deuxième étude européenne a confirmé ces résultats ».

Médicaments et sommeil

L’évaluation des effets d’un traitement ne se limite donc plus à la simple réduction de la douleur. D’autres paramètres sont également pris en compte afin de mieux mesurer l’impact d’un traitement sur la qualité de vie des patients. « Après tout, les patients peuvent effectivement ressentir moins de douleurs à la suite d’une opération ou d’une thérapie, mais ils doivent alors prendre des grandes quantités de médicaments et rester inactifs. Par conséquent, ils se sentent souvent exclus et malheureux. Outre l’intensité de la douleur, nous examinons donc tous les effets du traitement qui sont importants pour le patient : la réduction de la médication, la qualité du sommeil, la capacité à entreprendre des activités et la qualité de vie liée à la santé.

Nous considérons comme un « holistic responder » toute personne qui constate une amélioration significative dans tous les domaines. C’était le cas pour plus de 50 % des patients interrogés. C’est encourageant. De nombreuses personnes ont déjà beaucoup souffert. Ils se rendent souvent compte qu’ils ne se débarrasseront jamais complètement de leurs douleurs. Mais une amélioration est tout à fait possible, dans tous les domaines qui leur tiennent à coeur. Le problème, c’est que le gouvernement est encore à la traîne dans ce domaine. À l’heure actuelle, le gouvernement stipule que la condition pour qu’un traitement soit remboursé, est qu’il y ait une réduction de la douleur d’au moins 50%. »

Modèle prédictif

Jusqu’à récemment, il n’était pas possible d’estimer avec précision si un traitement ou une procédure susceptible de soulager la douleur chez un patient particulier serait efficace. « C’est sur le point de changer. Nous évoluons vers un modèle prédictif, dans lequel nous pouvons indiquer très précisément, avant même de commencer un traitement, si cette approche aura des effets positifs pour tel ou tel patient souffrant de douleurs spécifiques. De cette manière, les patients chroniques savent se faire une idée des résultats auxquels ils peuvent s’attendre, et sur cette base, ils peuvent décider d’opter ou non pour un traitement. Ce nouveau modèle peut être appliqué lors de l’implantation d’un neurostimulateur chez des personnes souffrant de lombalgies chroniques, mais cela est tout aussi valable pour de nombreuses autres thérapies ».

L’objectif est d’évoluer vers un traitement adapté au patient, basé sur ses souhaits réalistes. Les spécialistes de la douleur travaillent alors en étroite collaboration avec d’autres disciplines telles que la réadaptation, les psychologues, la médecine du travail, etc.

Solution

Avant de commencer un potentiel traitement, il faut d’abord avoir une discussion approfondie avec le patient afin d’établir son passé médical et de connaître les éventuelles thérapies qui auraient déjà été testées chez lui. Le type de douleur qu’il ressent est également décrit, ainsi que l’impact de cette douleur sur les différents domaines de la vie quotidienne. « En outre, les facteurs internes et externes tels que la personnalité, les éventuels problèmes ou difficultés liés à la vie privée qui influencent la douleur sont également remis en question. On entend souvent : « Je ne peux plus rien faire », ce qui n’est pas tout à fait exact. Vous pouvez toujours faire des choses, mais pour pouvoir le voir, il faut pouvoir concentrer son attention sur ces objectifs et pas seulement sur la douleur. Nous devons soutenir les personnes qui indiquent qu’elles veulent à nouveau participer à la société, mais en même temps nous devons leur faire comprendre qu’elles ont aussi une partie de la solution entre leurs mains. Tout le monde n’a pas les compétences nécessaires pour faire face à cette situation. Mais nous pouvons aider les patients à améliorer leurs stratégies d’adaptation afin d’apprendre à mieux vivre avec la douleur ».

Les formes les plus courantes de douleur chronique :

  • Douleurs lombaires et cervicales;
  • Douleur due à une lésion nerveuse, par exemple en cas de diabète, après une opération ou un cancer;
  • Des maux de tête chroniques;
  • Douleurs généralisées comme la fibromyalgie, les rhumatismes;
  • Douleurs inflammatoires localisées telles que l’arthrose du genou.

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