Pourquoi ignorons-nous encore si souvent les grains de beauté suspects ?

39.000 nouveaux patients atteints d’un cancer de la peau sont identifiés chaque année en Belgique. Le cancer de la peau est considéré comme la tumeur qui croît le plus rapidement. Pourtant, les taches de peau suspectes sont trop souvent sous-estimées, voire ignorées pendant longtemps. C’est pourquoi la campagne annuelle Euromelanoma se concentre sur une approche psychologique : « La lutte contre le cancer de la peau commence dans votre tête. »

Depuis plusieurs années, le cancer de la peau connaît une croissance très explosive, tant dans notre pays qu’à l’échelle mondiale. Au cours des 12 dernières années, il y a eu une augmentation de pas moins de 342 %, selon le registre du cancer. Le cancer de la peau représente également plus de la moitié de tous les nouveaux cancers diagnostiqués chaque année. Cette tendance inquiétante est également visible ailleurs. En outre, une enquête montre que de nombreuses personnes retardent les visites chez le médecin ou chez d’autres conseillers médicaux lorsqu’elles sont confrontées à des taches suspectes. Ceci a des conséquences majeures dans le cas des cancers de la peau. Les dermatologues sont convaincus que plus de la moitié des décès dus au cancer de la peau auraient pu être évités si le patient avait consulté un médecin plus rapidement.

Nier et retarder

Euromelanoma et son homologue américain, la Melanoma Research Foundation, ont étudié dans quelle mesure la procrastination et le déni des taches cutanées jouent un rôle. Ils ont basé leurs recherches sur une étude à laquelle ont participé quelque 1 300 dermatologues du monde entier. En termes de protection solaire, environ 93% des Belges savent que le soleil est nocif, mais à peine 6% se protègent toute l’année. « Les gens reconnaissent donc le lien entre l’exposition au soleil et le cancer de la peau, mais ne changent pas leur comportement pour contrer ce risque. Se protéger du soleil devrait devenir une seconde nature, comme se brosser les dents« , analyse le Professeur Véronique del Marmol, présidente de l’Euromelanoma.

Même lorsque des symptômes de cancer apparaissent sur la peau, près de la moitié (49%) des personnes continuent de reporter l’avis médical de 3 à 6 mois. Environ 39% attendent encore plus longtemps (7-12 mois) et 14% prennent plus d’un an pour consulter un médecin. « Ce retard comporte d’énormes risques, surtout dans le cas du mélanome, la forme la plus agressive du cancer de la peau. L’idée d’un diagnostic de cancer est effrayante, alors qu’avec un diagnostic précoce, cela peut être très bien traité.« 

Même après le traitement d’un premier cancer de la peau, il y a souvent encore une phase de déni. Environ 5 % des gens manquent leur premier rendez-vous de suivi chez le dermatologue. Ce chiffre atteint même 30 %, deux ans après le traitement du cancer de la peau. Cependant, les personnes qui ont déjà eu une tumeur cutanée ont un risque accru de récidive.

Pourquoi le nier ?

Il semble contradictoire de vouloir dissimuler des taches suspectes alors que nous devrions agir rapidement. Pourtant, ce comportement est très humain. Selon le psychologue Julien Tiete (Hôpital Erasmus Bruxelles), « le déni est un mécanisme de défense très important et puissant. Tout le monde en a besoin pour pouvoir fonctionner au quotidien et pour surmonter les risques éventuels. Cela nous permet de ne pas penser à notre propre mort et de faire certaines choses comme tomber amoureux. Mais dans certaines situations où le déni est trop long ou trop fort, il peut devenir un problème parce que nous ne suivons pas les traitements ou les mesures préventives nécessaires. »

Pour combler le fossé entre la connaissance et l’efficacité de votre comportement (au lieu de fermer les yeux), la campagne Euromelanoma de cette année met également en lumière l’aspect psychologique de l’histoire. « Le monde médical a besoin d’une telle approche holistique. La lutte contre le cancer de la peau commence dans votre tête, qui contrôle votre comportement« , ajoute le Dr Thomas Maselis, dermatologue.

Positif

Dans la pratique quotidienne, le Dr Maselis note aussi une tendance positive. « Comparativement au passé, les gens d’aujourd’hui sont plus susceptibles de venir et de faire vérifier un endroit suspect assez tôt. En 2001, j’ai vu 1 mélanome sur 3 à un stade avancé. Aujourd’hui, ce nombre a été réduit à à peine 1 sur 8. D’autre part, le nombre de tumeurs cutanées continue d’augmenter et il y a encore un groupe de personnes qui attendent trop longtemps avant de consulter. Les hommes âgés, en particulier, sont en danger. Ils disent souvent que ce n’est qu’une petite tache qui ne peut pas faire de mal au reste du corps.« 

Pratique

Les journées annuelles de consultation gratuite ont lieu du 13 au 17 mai. Les rendez-vous avec les dermatologues participants peuvent être pris dès aujourd’hui via www.euromelanoma.org.

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