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Petit coup d’oeil médical sur les testicules

Zones particulièrement sensibles du corps masculin, les testicules et la bourse qui les enveloppe peuvent être concernés par des pathologies spécifiques. Bonne nouvelle : la plupart sont bénignes et/ou se soignent facilement.

Ce n’est pas pour rien qu’ils sont parfois qualifiés de « bijoux de famille » ! Les testicules et le scrotum qui les enveloppe constituent un sujet d’attention particulière chez la plupart des hommes. D’où une anxiété bien présente lorsque cette zone est touchée par différents symptômes : gonflement, douleur, nodules... « Les patients qui consultent se présentent la plupart du temps avec une crainte de pathologie sérieuse, confirme le Dr Antoine Abi Aad, chirurgien urologue. Mais en définitive, le diagnostic est souvent rassurant. Il vaut pourtant toujours mieux consulter en cas de doute, plutôt que de passer à côté d’un problème qui nécessite un traitement spécifique. »

Au registre des appréhensions les plus souvent évoquées, le cancer des testicules occupe la première place.  » C’est un cancer plutôt rare et dont le pronostic est excellent, rassure d’emblée le spécialiste. Même à un niveau métastatique, le taux de guérison dépasse les 95%. Son principal symptôme consiste en une déformation du testicule, qui présente une ou des indurations, des grosseurs dures et souvent indolores au toucher (voir encadré). Le cancer peut aussi, par exemple, se marquer par un dérèglement hormonal et une augmentation de la taille de la poitrine (gynécomastie). En cas de doute, une échographie scrotale, éventuellement accompagnée d’un bilan sanguin, permet de poser facilement le diagnostic et d’entamer une thérapie. A noter qu’il s’agit d’un cancer qui touche surtout les jeunes : chez les patients plus âgés, une tumeur aux testicules est souvent issue de métastases, généralement consécutives à un cancer de la prostate ou un lymphome.

Pourquoi un coup fait-il si mal ?

Les testicules sont très innervés et sensibles aux chocs, même lorsqu’il n’y a pas de déformation.  » Si un vaisseau éclate à l’intérieur du testicule et que l’hématome y reste confiné, cela peut être particulièrement douloureux car le testicule est entouré d’une membrane non-extensible. Par contre, si l’hématome peut se répandre en dehors du testicule, la bourse peut devenir bleue et gigantesque. Dans la mesure du possible, on évite d’intervenir sauf dans des situations bien spécifiques.  »

Quand le mal vient d’en haut

Une douleur aux testicules est donc rarement associée à un cancer. Parfois même, l’origine d’une telle douleur ou d’une gêne scrotale n’est pas due à une pathologie locale.  » Les nerfs qui innervent les bourses passent par le ventre et plus précisément la région inguinale, où se développent les hernies du même nom. En cas de hernie ou de prise de poids rapide et importante, le cordon spermatique peut être compressé, ce qui peut entraîner une douleur irradiant au niveau de la bourse.  »

La douleur peut également être due à un traumatisme (voir encadré) ou à une pathologie inflammatoire, telle qu’une épididymite. Il s’agit d’une inflammation de l’épididyme, structure attachée au testicule et reliée au réservoir du liquide spermatique (vésicule séminale) ainsi qu’à la prostate par le canal déférent. L’origine de ce mal chez l’adulte, souvent intense, est infectieuse, due à une maladie sexuellement transmissible ou à la présence de bactéries dans la vessie/la prostate.  » En cas de problèmes urinaires, si la vessie ne se vide pas bien, l’urine qui stagne peut favoriser le développement de bactéries.  » Le traitement consiste généralement en une simple antibiothérapie combinée à la prise en charge des problèmes initiaux.

Moche mais bénin

D’autres pathologies sont plus bénignes mais peuvent s’avérer désagréables ou gênantes, notamment sur le plan esthétique. Là encore, elles peuvent généralement facilement se soigner. Il en va ainsi du gonflement diffus de la bourse. Ce gonflement peut être dû à un simple épanchement de liquide citrin produit par les membranes entourant le testicule (on parle alors d’ hydrocèle). La présence de varices à l’intérieur de la bourse, souvent à gauche, porte le nom de varicocèle.  » Savoir si on est porteur de varicocèle est assez simple, explique le Dr Abi Aad. Il suffit de palper la partie supérieure de la bourse, en position debout : en cas de varicocèle, vous pouvez sentir comme des macaronis au toucher. La varicocèle peut provoquer une lourdeur, une gêne, et peut augmenter de volume lors de certains efforts, voire provoquer des troubles de la fécondité.  » Cette pathologie est loin d’être rare, puisqu’elle concerne 15% des hommes. Il est possible de se faire opérer pour supprimer ces varices, mais l’opération n’est pas toujours indiquée, surtout si les symptômes s’avèrent relativement bénins.

Outre les maladies cutanées classiques, la peau des bourses peut enfin afficher des problèmes caractéristiques. Les glandes sébacées y étant plus visibles et développées, il n’est pas rare qu’elles donnent naissance à des kystes emplis de sébum.  » Si le patient n’est pas gêné par cette anomalie une attitude conservatrice est préconisée : on n’y touche pas, c’est totalement bénin, détaille l’urologue. Le problème est que bien souvent, les gens chipotent et cherchent à les percer, ce qui peut déboucher sur des infections. « 

Des angiomes, taches rouges- noirâtres, peuvent également se former sous la peau.  » Là encore, il ne faut surtout pas y toucher soi-même : il s’agit d’un amas de vaisseaux, les manipuler peut entraîner un saignement important.  » Reste enfin à rassurer ceux qui s’inquiètent de ne pas voir leurs deux testicules à la même hauteur :  » C’est une banalité, qui n’a rien de problématique ! « .

Palpation : 3 à 4 fois par an

La meilleure façon de détecter un éventuel cancer des testicules est de les palper périodiquement, à la recherche d’éventuelles indurations ou d’une asymétrie.  » Il n’y a pas de guidelines à ce propos, détaille l’urologue. Il suffit de le faire spontanément, trois à quatre fois par an. Parfois, c’est la compagne qui remarque le problème, lors des préliminaires... « 

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