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Ménopause : comment identifier les symptômes moins connus

Il y a les bouffées de chaleur, etc. Mais il y aussi d’autres plaintes qui peuvent survenir et qui ne sont pas immédiatement identifiées comme liées à cette période la vie.

Une récente enquête de la Société belge de la Ménopause (BMS) dévoile des résultats plutôt déconcertants. Si les médecins lient avant tout la ménopause aux bouffées de chaleur, à la sécheresse vaginale et à une baisse de la libido, les femmes, elles, évoquent davantage insomnies et douleurs articulaires.  » Il y a en effet encore des symptômes sous-estimés, voire mal traités « , confirme le Pr Herman Depypere, gynécologue et spécialiste de la ménopause.

 » Il y a à peine cent ans, l’espérance de vie était plus faible qu’aujourd’hui et les femmes n’avaient pas l’occasion de vivre une longue ménopause. Ce système, qui voit la production d’hormones féminines se tarir lorsque le stock d’ovules est épuisé, n’avait tout bonnement jamais prévu que les femmes vivraient jusqu’à 80 ans et plus. La ménopause discrimine les femmes par rapport aux hommes, puisque la production d’hormones mâles, elle, se poursuit bien plus tard. « 

Les oestrogènes influencent de nombreuses zones du corps : du cerveau à la peau, en passant par les os. Une femme sur quatre, en moyenne, traverse cette période sans aucun symptôme.  » Mais 40 % des femmes affectées par une ou plusieurs manifestations de la ménopause ne sont pas ou mal traitées. Par exemple, elles se voient prescrire des bêtabloquants contre les palpitations, alors que celles-ci s’expliquent par les bouffées de chaleur. On leur fait prendre des antidépresseurs, alors qu’elles souffrent juste de sautes d’humeur. « 

Hormonothérapie et cancer

Une idée fausse selon laquelle le traitement hormonal de substitution (THS) provoquerait le cancer du sein a la vie dure. La faute à une étude mal interprétée. On a eu beau rectifier, les mises au point n’ont jamais eu le même écho que le message d’origine, mal compris.  » Le cancer du sein est un processus très lent, – souligne le Pr Depypere. Ce n’est pas en prenant des hormones à la ménopause qu’on déclenche un cancer du sein. Tout au plus constate-t-on une accélération de la division cellulaire. Mais on obtient le même effet en prenant cinq kilos ou en buvant deux verres d’alcool par jour. Une vaste étude démontre que dans 96 % des cas, la tumeur existait avant la prise d’hormones. Après dix-huit ans de suivi, il apparaît que le taux de survie après un cancer du sein est le même pour toutes les femmes, THS ou pas. Et cette étude portait sur la prise d’hormones synthétiques, fortement dosées. Les études sur les hormones naturelles et bio-identiques ne montrent aucune différence.

Aujourd’hui, une femme passe en moyenne plus d’un tiers de sa vie ménopausée.

Aujourd’hui, avec des hormones naturelles bien dosées, on peut contrer sans risque les problèmes liés à la ménopause. Plusieurs études indiquent que la prise d’hormones offrirait aussi une certaine protection contre les maladies cardiovasculaires et l’ostéoporose. A l’avenir, je pense qu’on en prescrira de manière préventive aux femmes présentant un risque accru pour ces maladies. Le traitement de substitution doit se prendre de préférence dans les dix ans suivant le début de la ménopause. « 

Il en va tout autrement pour les femmes qui ont déjà souffert d’un cancer du sein ! Pour elles, pas de THS.  » Dans le cas de cancers hormonodépendants, les premières années suivant le diagnostic, on recommande même un traitement anti-hormonal. On pourrait comparer cela aux précautions prises après un incendie pour éviter la reprise du feu – soit ici, le risque de voir flamber de nouvelles cellules cancéreuses. »

4 changements discrets mais très fréquents

  1. Votre taux de cholestérol LDL peut augmenter suite à la chute du taux d’oestrogènes protecteurs.
  2. Vos os peuvent s’affaiblir, surtout si vous êtes de constitution fine et mince.
  3. Les parois vaginales s’affinent progressivement, parce que les tissus croissent et cicatrisent plus lentement.
  4. Votre tension artérielle peut augmenter.

Les principaux symptômes... et leurs solutions

1 – Les bouffées de chaleur

Au début de la ménopause, 7 femmes sur 10 ont des bouffées de chaleur. Le problème se prolonge seulement chez 10 à 15 % d’entre elles. Parfois, elles s’accompagnent de palpitations et d’un sommeil perturbé.  » Le cerveau contrôle notre thermostat interne. Des cellules nerveuses spécifiques libèrent des substances (notamment la neurokinine B), qui assurent notre chauffage corporel. Ces neurones contiennent des récepteurs d’oestrogènes. Tant qu’il y a suffisamment d’oestrogènes, les gènes responsables de la production de neurokinine B se tiennent tranquilles. Mais lorsque le taux d’oestrogènes chute, cette production augmente, si bien qu’on aura plus facilement une sensation de chaleur (ou de froid). La thermorégulation s’en trouve perturbée. Les vaisseaux sanguins se dilatent inutilement, la peau surchauffe, on rougit et on transpire davantage.

 » De nouveaux médicaments capables de mieux atténuer les bouffées de chaleur seront bientôt lancés sur le marché. Ces antagonistes de neurokinine feront en sorte que le corps cesse de détecter un excès de chaleur. Comme ce ne sont pas des médicaments hormonaux, ils pourront être prescrits à toutes les femmes, y compris celles qui ont (eu) un cancer du sein.

Les compléments à base de phyto-oestrogènes (soja, houblon, trèfle rouge) peuvent aussi aider.  » Contre les bouffées de chaleur, le traitement le plus étudié concerne les hormones de substitution. Une faible dose suffit. « 

2 – Les troubles du sommeil et de la mémoire, l’irritabilité...

La chute du taux d’oestrogènes sape aussi le sommeil, notamment à cause des bouffées de chaleur nocturnes. Pour mieux dormir, il suffit parfois de les traiter. Autre phénomène dont se plaignent aussi les femmes sous traitement antihormonal : les troubles de la mémoire.  » Les oestrogènes contribuent au bon fonctionnement des neurotransmetteurs. D’où le lien entre les hormones féminines et le bon fonctionnement du cerveau. « 

D’autres symptômes, comme l’irritabilité et les sautes d’humeur, se manifestent surtout au début et à la fin du passage à la ménopause.  » Pour permettre aux follicules des derniers ovules de mûrir, il faut que l’hypophyse soit stimulé. Cela peut provoquer des pics hormonaux dans le sang, alternant, de manière irrégulière, avec des chutes du taux d’oestrogènes. Lors des pics, la femme peut se sentir nerveuse, irritable, alors que les creux s’accompagnent de coups de fatigue et de bouffées de chaleur. Ce phénomène peut aller de pair avec des règles irrégulières. Si la femme se plaint principalement de sautes d’humeur, on peut prescrire un léger contraceptif à base d’oestrogènes naturels. « 

3 – Les problèmes de peau

La peau s’affine et s’assèche, et il n’est pas rare de voir refleurir un peu d’acné. Le renouvellement cellulaire ralentit, ce qui explique que la peau s’affine et soit moins bien irriguée. La production de collagène et d’élastine chute. Le retour de l’acné est dû à un épaississement du sébum, avec un risque accru de voir les pores se boucher et s’enflammer.

Citons encore le duvet sur les joues et les taches pigmentaires. La peau, moins riche en mélanocytes, devient plus vulnérable aux UV.  » Avec une bonne hygiène de soin, notamment des gommages réguliers et une hydratation biquotidienne, on peut limiter la plupart des problèmes de peau. On trouve dans le commerce de nombreuses gammes cosmétiques dédiées aux peaux matures. Car il va de soi que la peau d’une femme ménopausée n’a rien à voir avec celle d’une adolescente souffrant d’acné. Parmi les ingrédients nourrissants à privilégier, citons l’HEPES (acide sulfonique d’éthane) et la glycérine (pour l’hydratation), l’hédione (pour rétablir le taux de lipides dans l’épiderme), le Pro-XylaneTM (une molécule anti-relâchement) et un bon filtre UV. « 

4 – La sécheresse vaginale et les problèmes urinaires

Quand les parois du vagin s’affinent sous l’effet de la chute du taux d’hormones, les risques d’irritations augmentent parce les couches cellulaires superficielles contiennent moins de glycogène. Les bonnes bactéries vaginales captent moins ces sucres qu’elles sont chargées de transformer en acide lactique. Résultat : le pH du vagin est moins acide, ce qui fait le lit des mauvaises bactéries, avec leur lot d’irritations.  » Il arrive qu’on pense, à tort, souffrir d’une infection fongique : les femmes prennent un médicament anti-mycose, qui les soulage un peu en améliorant temporairement la muqueuse, mais ce n’est pas le traitement adéquat. La solution consiste à appliquer localement un gel hormonal ou à suivre une THS. « 

Autre symptôme souvent mal interprété : le fait de devoir plus souvent uriner. On croit qu’il s’agit d’une inflammation urinaire qui nécessite la prise d’antibiotiques.  » Une simple analyse en laboratoire permet de faire le bon diagnostic. La paroi de la vessie est sensible au taux d’hormones. Sans oestrogènes, elle s’affine et devient plus sensible, parfois jusqu’à donner l’impression de devoir se ruer aux toilettes. Pour régler le problème, on peut prendre pendant six semaines des comprimés vaginaux (ex. Vagifem) et s’astreindre chaque jour à une petite gymnastique du périnée.

5 – La prise de poids

Prend-on toujours du poids à la ménopause ? Toutes les femmes vous le diront : grossir insidieusement, au fil des années, est leur pire crainte.  » Cette prise de poids s’explique par deux phénomènes parallèles. D’une part, le fait que la masse musculaire se transforme en masse grasse avec le temps. Or, moins de muscle signifie un métabolisme qui fonctionne au ralenti, puisque la graisse nécessite moins d’énergie que les muscles. Si vous continuez à manger autant qu’avant, cet excès calorique finit par s’accumuler et vous prenez du poids.

D’autre part, la ménopause elle-même est responsable : un moins bon sommeil fatigue l’organisme. Difficile, dès lors, de mener une vie saine et active. La ménopause joue aussi sur la répartition des graisses : il s’agit d’un phénomène, très progressif, de passage d’une silhouette féminine vers une silhouette plus masculine avec une accumulation de graisse autour de la ceinture. Et un excès de graisse à cet endroit peut provoquer des réactions in- flammatoires, avec pour conséquence une augmentation des adipocytes (cellules graisseuses) et un bedon qui s’installe. Pourtant, la prise de poids à la ménopause n’est pas une fatalité. Pour éviter les kilos superflus, il faut adapter son alimentation et faire du sport. Un peu de musculation, pour limiter la fonte de la masse musculaire, et du cardiotraining pour l’endurance. « 

Et que peut-on faire pour éviter les poignées d’amour et autres rondeurs peu esthétiques ?  » Des recherches sont actuellement menées sur cette modification typique de la silhouette. La solution réside sans doute dans un mix d’hormonothérapie, d’alimentation et de sport. Cela vaut la peine de se pencher sur cette question, car ce n’est pas anodin : la graisse localisée sur le ventre fait courir, entre autre, un risque accru de diabète et de syndrome métabolique.

6 – Les douleurs musculaires et articulaires

Selon une enquête, plus de 60 % des femmes se plaignent de douleurs musculaires et articulaires, alors que la majorité des médecins ne font absolument pas le lien avec la ménopause chez leurs patientes concernées qui ont 50 ans et plus.

 » Il faudrait approfondir le sujet mais on sait déjà que les hormones influencent les cellules cartilagineuses et celles responsables de la souplesse et de la lubrification articulaires. A la ménopause, les articulations sont progressivement moins bien lubrifiées, précise le Pr Depypere. Or, les femmes reçoivent souvent un traitement inadéquat, avec prescription de compléments alimentaires (très coûteux !) pour reconstituer le cartilage, alors que cela ne sert à rien. Un gel hormonal sera bien plus efficace et moins cher. « 

Hormones féminines et démence

Les femmes courent deux à trois fois plus de risque de démence que les hommes. On attribue souvent ce fait à la chute brutale du taux d’hormones féminines après la ménopause. De la même façon que les os se fragilisent lorsque les oestrogènes baissent en flèche, il se produirait un processus semblable pour les fonctions cérébrales. Des chercheurs mènent actuellement des recherches auprès d’une cohorte de femmes ménopausées en bonne santé, afin de savoir avec certitude si le traitement hormonal de substitution a une influence sur le cerveau.

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