Manger du poisson malgré la pollution : les espèces recommandées

Pour limiter l’exposition de l’organisme à la pollution croissante des mers, mieux vaut consommer des poissons de petite taille.

Dans ses dernières recommandations nutritionnelles pour la Belgique, datant de 2016, le Conseil supérieur de la santé (CSS) recommande de consommer une à deux fois par semaine du poisson, dont une fois des espèces grasses (saumon, thon, hareng, sardine...), tout en variant les espèces et la provenance des poissons. C’est que, sur le plan nutritionnel, ces aliments sont particulièrement intéressants, riches en vitamines (A, B12, D...) et en minéraux (iode, zinc...). Le poisson gras, lui, possède un atout supplémentaire de taille : il s’agit de la meilleure source naturelle d’acides gras à longue chaîne (Omega-3).

Reste que les poissons gras ont également tendance à accumuler dans leur graisse des polluants organiques persistants (POP) tels que le methylmercure, la dioxine et le PCB. Par ailleurs, la plupart des animaux marins sont aujourd’hui contaminés à des taux divers par les micro-plastiques, les résidus de pesticides ou de médicaments... On est dès lors en droit de se poser la question : est-il encore sain de manger du poisson ? Selon une étude française de 2006, en manger deux fois par semaine n’expose pas à des doses problématiques de polluants. « En réalité, et je donne ici mon avis personnel, la science n’en sait pas encore assez à ce niveau, estime Yvan Larondelle, professeur à la faculté des bioingénieurs AGRO Louvain. Les tests de toxicité ne prennent pas en compte les effets cocktails des polluants. « 

ON PEUT CONSOMMER SANS RISQUE DES PETITS POISSONS PLUSIEURS FOIS PAR SEMAINE

De là à boycotter le poisson, il reste une marge : il est tout à fait possible de trouver des poissons globalement épargnés par la pollution. « En ce qui concerne les POP, il y a bioaccumulation: les poissons les plus contaminés sont ceux qui se situent au sommet de la chaîne trophique (alimentaire), poursuit le bioingénieur. Le problème est pratiquement absent en ce qui concerne les plus petits poissons.  » Les sardines, harengs, anchois... peuvent donc se retrouver sur la table chaque semaine sans que cela ne pose problème. Il en va différemment du thon, du bar, de l’anguille, de l’espadon... qu’il vaudrait mieux consommer de manière occasionnelle. « Mais là, difficile d’énoncer des règles claires : la contamination peut grandement varier selon la zone de pêche, l’espèce précise ou le morceau consommé... »

PISCICULTURE OU POISSON SAUVAGE?

L’exposition aux polluants peut aussi concerner les poissons d’élevage, puisque nombre d’entre eux sont nourris... à la farine et aux huiles de poissons pêchés en pleine mer. « Il y a des producteurs qui veillent à ce que l’alimentation des poissons d’élevage contiennent le moins de polluants possibles, mais d’autres sont beaucoup moins regardants. » De grosses exploitations n’hésitent pas ailleurs pas à administrer des antibiotiques à titre préventif, dont on retrouve des résidus dans la chair des poissons.  » Ce serait une bonne chose que les gens commencent à s’intéresser à cette problématique, cela permettrait à la filière de développer un poisson durable et nutritionnellement intéressant, avec très peu de contaminants...  » En attendant, il ne faut pas hésiter à refaire une belle place sur la table aux maatjes et aux boîtes de sardines !

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