Certains sports - comme la danse - fonctionnent plutôt bien chez les patients atteints de la maladie de Parkinson. © iStock

Maladie de Parkinson: l’importance de bouger en rythme

La maladie de Parkinson est actuellement la maladie du cerveau qui connaît la croissance la plus rapide et qui touche déjà quelque 35.000 personnes dans notre pays. De nouvelles études montrent qu’un exercice physique suffisant (et continu) a un impact positif sur l’ensemble des symptômes et la qualité de vie.

« Aujourd’hui, les patients attendent souvent que les problèmes surviennent [pour se mettre à faire de l’exercice] alors que ce genre d’activités est recommandé tôt », sait Ilse Vandenbroucke, physiothérapeute spécialisée du NeuroCentreWest.

Il n’est pas encore possible de guérir la maladie de Parkinson. C’est pourquoi le traitement se concentre aujourd’hui principalement sur le contrôle des symptômes. Après le diagnostic, on commence généralement par un traitement médicamenteux, mais dans de nombreux cas, les patients ne sont orientés vers un prestataire de soins spécialisé, tel qu’un physiothérapeute ou un orthophoniste, qu’à un stade ultérieur, lorsqu’ils ressentent des symptômes (graves) qui les handicapent au quotidien. Grâce à de nouvelles études réalisées sur l’importance de l’exercice dans la lutte contre la maladie de Parkinson, cette approche est en train d’évoluer.

‘Dans la pratique et d’après les études, on sait désormais que plus tôt les personnes atteintes de la maladie de Parkinson se mettent ou se maintiennent en mouvement, meilleurs sont les résultats’, déclare le professeur Patrick Santens (UZ Gent), neurologue et spécialiste de la maladie de Parkinson. « Après tout, si on commence tôt, on dispose encore de beaucoup de mécanismes compensatoires pour s’adapter et ainsi retarder l’apparition des symptômes. »

Cerveau

L’exercice physique a de nombreux effets bénéfiques sur le corps et le cerveau. Par exemple, il améliore le flux sanguin et l’absorption d’oxygène. En outre, il a été démontré que faire du sport libère dans le cerveau des substances appelées facteurs de croissance qui favorisent le fonctionnement des cellules nerveuses, ce qui freine la progression de la maladie. Chez les animaux, il a même été démontré que l’exercice affecte les processus inflammatoires. La maladie de Parkinson – comme d’autres maladies du cerveau – s’accompagne souvent de tels processus inflammatoires qui nuisent à la survie des cellules nerveuses.

« Chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui suivent un programme d’exercices adapté, on constate des effets clairement positifs sur leur qualité de vie ainsi que sur l’apparition des symptômes », poursuit le Pr Santens. « Non seulement cela améliore les problèmes moteurs (difficulté à démarrer, absence de mouvements automatiques, raideur...) et la constipation, mais aussi les troubles cognitifs et psychologiques telles que le ralentissement du cours de la pensée, les sautes d’humeur, la dépression. »

Boxe

Le type d’exercice à pratiquer et la fréquence à laquelle il convient de le faire font encore l’objet de recherches. Il est d’ores et déjà évident que certains sports – comme la danse – fonctionnent plutôt bien chez des patients atteints de la maladie de Parkinson. Plusieurs groupes de danse ont été créés à cet effet dans notre pays. Un succès qui s’explique par le rythme. « Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson éprouvent des difficultés à se mouvoir automatiquement. En s’accordant au rythme de la musique et des pas de danse, elles peuvent y faire face. La danse leur fournit une sorte de ‘format’ pour bouger. C’est vraiment surprenant de voir à quel point des personnes qui se déplacent souvent de manière rigide dans la vie quotidienne sont capables de valser en douceur. »

Nous devons nous débarrasser de l’image erronée qui associe la maladie de Parkinson à des hommes ou des femmes âgés et courbés.

La boxe s’avère également efficace. On parle ici d’une boxe sans contact qui consiste simplement à frapper dans des sacs de sable. Ilse Vandenbroucke : « La boxe est avant tout une discipline qui implique une double tâche: garder l’équilibre et surveiller le sac de frappe en même temps. Cela permet d’améliorer l’équilibre, de bouger plus puissamment car c’est assez explosif et aussi de faire des mouvements plus amples, car avec la maladie de Parkinson, les gens ont tendance à réduire l’amplitude de leurs mouvements. La vitesse et les réflexes entrent également en jeu, tout comme la coordination des bras et des jambes.

Pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, nous avons mis en place un programme d’exercices où, chaque mois, nous nous concentrons sur un thème différent, comme l’équilibre, l’entraînement fractionné de haute intensité (HIIT), la motricité fine, etc. Cette variété leur permet de tester de nombreux mouvements et leur apprend différentes stratégies pour faire face à leurs problèmes. »

Motivation

Pour garantir les effets bénéfiques du sport, la persévérance est cruciale. Il faut donc avoir de la motivation. « Choisissez avant tout le sport que vous aimez faire et que vous êtes capable de faire. Sinon, vous risquez d’abandonner assez vite et, à long terme, c’est même contre-productif », souligne le professeur Santens. Toutes les formes d’exercice physique que vous pouvez pratiquer sont bonnes: marche, jogging, vélo, natation... Cette dernière a d’ailleurs le grand avantage de ne pas rencontrer de résistance, ce qui la rend également très adaptée aux problèmes d’articulation. »

Outre le type d’exercice, la fréquence et l’intensité jouent également un rôle. « Certaines personnes sont tellement « motivées » qu’elles en font parfois trop alors qu’il s’agit d’évoluer dans ses limites et de les accepter. En allant trop loin, on s’épuise au lieu de progresser. »

La fréquence à laquelle vous faites de l’exercice est différente pour tout le monde et dépend des capacités de chacun. Des recherches récentes ont révélé une augmentation des connexions dans les régions du cerveau liées à la maladie de Parkinson chez les patients qui font du sport pendant environ 30 à 45 minutes, trois fois par semaine. « Mais cela nécessite également une approche réaliste. Par exemple, suivre une thérapie en faisant de l’exercice trois fois par semaine peut être trop éprouvant pour ceux qui travaillent encore à plein temps. Il faut donc adapter l’approche au patient. »

Erreurs

Par ailleurs, certaines idées fausses circulent sur la pratique du sport dans la lutte contre la maladie de Parkinson, notent les spécialistes. « Lorsque vous souffrez de cette maladie, toutes les articulations – des doigts aux hanches – ont tendance à fléchir. J’entends souvent des patients dire qu’ils veulent assouplir leurs doigts raides en serrant une balle. Mais c’est justement ce mouvement de flexion qui est trop accentué chez eux et en le pratiquant, ils le renforcent. Au contraire, il est préférable de travailler le mouvement d’étirement inverse, par exemple en mettant un élastique autour de ses doigts puis en les étirant. Idem pour les genoux et les hanches. Dans ce cas-ci, vous ne devez pas faire des abdominaux mais simplement étirer vos articulations. Les conseils d’un physiothérapeute spécialisé peuvent certainement vous aider à bien faire les choses », explique le professeur Santens.

Exercices combinés

Ilse Vandenbroucke et ses collègues appliquent une telle approche personnalisée aux patients atteints de la maladie de Parkinson. « Même pour les personnes qui ne présentent pas encore de symptômes moteurs, il est judicieux de leur enseigner les bonnes techniques dès le départ. Cela les aidera à se maintenir en forme et à se déplacer de manière autonome. Car nous devons nous débarrasser de l’image erronée qui associe la maladie de Parkinson à des hommes ou des femmes âgés et courbés. En réalité, la maladie comporte différentes phases et touche également des personnes actives plus jeunes.

En s’accordant au rythme de la musique et des pas de danse, les malades peuvent lutter contre leurs difficultés à se mouvoir automatiquement.

Ce coaching personnalisé se fait à la fois par des séances individuelles et dans de petits groupes soigneusement composés. Nous y pratiquons, entre autres, des exercices combinés. Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson doivent souvent réfléchir avant d’effectuer un mouvement même le plus simple, comme marcher. Grâce à des exercices impliquant des tâches doubles, nous stimulons à nouveau ce mouvement automatique. Tout en marchant, nous leur donnons des tâches telles que réciter l’alphabet, faire de l’arithmétique ou relier des noms. Ainsi, leur cerveau doit se concentrer sur la tâche plutôt que sur le mouvement qu’ils effectuent. »

Aides supplémentaires

Bouger et faire de l’exercice correctement fonctionne souvent très bien en présence d’un physiothérapeute, mais une fois à la maison, de nombreuses personnes retombent dans leurs vieux travers, avec toutes les frustrations que cela implique. Prof. Santens : « De nombreuses recherches sont actuellement menées sur la meilleure façon de perpétuer ces bonnes habitudes. Une solution possible est de se servir de rappels externes, comme les métronomes qui indiquent un rythme à suivre. Pour certains, c’est un outil parfait pour poursuivre le sport sans coach. Une autre option intéressante est celle des rappels visuels: certains déambulateurs et cannes projettent une ligne horizontale sur le sol chaque fois que vous la traversez. Cela aussi peut favoriser la marche automatique. »

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