Bouger ! Cette nouvelle approche dans le traitement des lombalgies est née d'une constatation : trop de patients recourent à une opération du dos sans résultats satisfaisants. Or, en Belgique, les opérations de ce type sont nettement plus fréquentes que dans les pays voisins. " Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) a édicté l'an passé de nouvelles règles à suivre. L'accent est mis désormais sur une approche multidisciplinaire, avec le recours éventuel à des disciplines ciblées : médecine physique et réadaptation (MPR), neurochirurgie, médecine orthopédique, prise en charge de la douleur, kinésithérapie et ergothérapie. C'est un peu comparable à ce qui se fait depuis des années en oncologie, avec les cliniques du sein où chaque patiente est suivie par une équipe ", expliquent le Pr Gaëtane Stassijns, le Dr Guido Vyncke (médecine physique), le Dr Jef Michielsen (chirurgien orthopédique) et le Dr Niels Kamerling (neurochirugien) attachés au Spine Unit de l'UZ Antwerpen.
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Mal au dos sans raison ?
Face aux maux de dos sans cause particulière, les recommandations ont changé du tout au tout. Fini de se reposer, désormais on bouge ! Une approche inédite qui nécessite un changement de mentalités !

Bouger ! Cette nouvelle approche dans le traitement des lombalgies est née d'une constatation : trop de patients recourent à une opération du dos sans résultats satisfaisants. Or, en Belgique, les opérations de ce type sont nettement plus fréquentes que dans les pays voisins. " Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) a édicté l'an passé de nouvelles règles à suivre. L'accent est mis désormais sur une approche multidisciplinaire, avec le recours éventuel à des disciplines ciblées : médecine physique et réadaptation (MPR), neurochirurgie, médecine orthopédique, prise en charge de la douleur, kinésithérapie et ergothérapie. C'est un peu comparable à ce qui se fait depuis des années en oncologie, avec les cliniques du sein où chaque patiente est suivie par une équipe ", expliquent le Pr Gaëtane Stassijns, le Dr Guido Vyncke (médecine physique), le Dr Jef Michielsen (chirurgien orthopédique) et le Dr Niels Kamerling (neurochirugien) attachés au Spine Unit de l'UZ Antwerpen.Au cours de leur vie, 4 personnes sur 5 souffriront de douleurs aspécifiques aiguës dans le bas du dos. En langage courant, c'est ce qu'on appelle le lumbago. Le terme renvoie à une douleur localisée entre le pli fessier et les basses côtes, avec parfois des tiraillements jusque dans les jambes. C'est une douleur qui peut s'installer lentement ou survenir brusquement. Elle peut être violente ou lancinante. Quand on a mal au point de marcher plié en deux, on a naturellement envie de savoir pourquoi." Ce qui caractérise ce type de douleur, c'est qu'il n'y a aucune cause spécifique, souligne le Dr Jef Michielsen. En médecine, on apprend à démasquer les coupables anatomiques, un peu comme un détective, avant de proposer un traitement. Nous apprenons cela pendant nos études. Mais cette approche, restée longtemps la seule, ne fonctionne pas en cas de lombalgies non spécifiques. Elle peut même se révéler négative, par exemple du fait d'examens inutiles. On sait désormais que les radios et autres imageries médicales ne révèlent rien de pertinent.Nous avons donc changé notre fusil d'épaule. On prescrit une IRM uniquement en cas de soupçon de fracture ou de tumeur qui nécessitent évidemment une approche spécifique. Si l'une comme l'autre sont exclues, peu importe les causes. Elles sont en général multiples : dysfonctionnement articulaire, déséquilibre musculaire et/ou problème de ligament. Cela ne fait aucune différence en matière de traitement. "" Il faut cesser de croire que les lombalgies seraient dues à un blocage ou à un déplacement qu'il faut débloquer ou remettre en place, insiste le Pr Gaëtane Stassijns. Les patients se sentent incompris quand on leur dit cela, pourtant c'est la vérité. Leur douleur est bien réelle, mais elle résulte d'une association de facteurs, tels que l'arthrose, un mauvais maintien, une faiblesse musculaire ou des crampes, un problème de surpoids, etc. qui s'additionnent. "Les lombalgies s'accompagnent également d'autres phénomènes. Quand on est cloué par un lumbago - surtout s'il s'est manifesté brusquement - il arrive qu'on panique. Du coup, on n'ose plus bouger, on se fige. " C'est un réflexe compréhensible mais qui risque d'aggraver la douleur. En expliquant au patient que ses maux de dos ne cachent rien de grave et que dans 80 % les cas les lombalgies aiguës disparaissent d'elles-mêmes, on réussit à calmer ses angoisses ", assurent le Dr Jef Michielsen et le Dr Niels Kamerling.Il importe de ne pas sous-estimer l'angoisse, car elle peut considérablement augmenter la sensation de douleur. " Il a effectivement été démontré que l'angoisse, le stress négatif et la déprime augmentent la sensation de douleur, confirme le Dr. Guido Vyncke. Ces aspects mentaux et émotionnels sont pris en compte dans notre nouvelle approche. C'est ce qui explique que le généraliste demande souvent à ses patients s'ils souffrent du dos. Lorsqu'il y a des signes de pensées dépressives ou d'anxiété, une approche plus large est nécessaire. A la prise en charge physique s'ajoute alors une intervention psychologique. Car si on ne soigne pas la déprime ou les angoisses, elles risquent de provoquer des maux de dos chroniques sans qu'on s'en rende compte. "En cas de douleurs, mieux vaut consulter endéans les trois mois. " Sans quoi les lombalgies aiguës aspécifiques peuvent devenir chroniques. Pour soigner correctement ce type de maux de dos, le patient doit avant tout être informé, souligne le Dr Stassijns. Si la douleur est forte, des anti-inflammatoires ou des injections peuvent être utiles pendant la phase aiguë. Mais le seul traitement efficace à long terme, c'est de faire de l'exercice physique et d'améliorer sa posture. Rester longtemps assis est bien plus mauvais pour le dos que de bouger. "Choisissez une activité physique que vous pouvez faire sans (trop de) douleur : marche, natation, vélo... Faites-en au minimum 75 à 150 minutes par semaine. " Ce qui aide aussi beaucoup, c'est de faire du core stability. Au début, avec l'aide d'un kinésithérapeute, on apprend à rééquilibrer tout son corps, grâce à des exercices qui mobilisent les muscles du dos et du ventre, mais aussi le bassin et le diaphragme. Le faire trois fois par semaine offre déjà de bons résultats. "Si malgré tout les maux de dos persistent, une nouvelle évaluation doit être envisagée. " Il faut parfois procéder par élimination. Il arrive que, même en cas de lombalgies aspécifiques, le traitement de départ ne donne pas de bons résultats. Nous cherchons alors d'autres pistes, comme les infiltrations. La chirurgie n'offre que rarement une solution ", ajoute le Dr Michielsen.En général, les maux de dos augmentent avec l'âge, mais ce peut aussi être l'inverse. Certaines personnes remarquent que, passé 60 ans, elles ont nettement moins de maux de dos, alors qu'elles en souffraient régulièrement. " C'est typique des articulations hypermobiles, explique le Dr Guido Vyncke. Il y a trop de jeu entre les articulations. Avec l'âge, l'arthrose peut causer des raideurs articulaires, ce qui limite les douleurs ligamentaires. La disparition de certains facteurs (ex. le stress au travail, les angoisses, etc.) peut contribuer à réduire les maux de dos. "Les lombalgies aspécifiques ne sont pas des maladies héréditaires à strictement parler mais on constate que certaines familles sont plus concernées que d'autres. " C'est sans doute dû au fait que que certains facteurs déclenchant ou favorisant les maux de dos sont plus fréquents dans certaines familles. Je pense à l'arthrose, à un dos trop cambré ou un peu bossu, à une moindre résistance au stress, etc. ", précise le Dr Stassijns.
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