Maigrir sans souffrir

« Votre santé n’est pas un jouet, dites stop au yoyo. » C’est le message choisi par l’Association belge de patients obèses (Bold) à l’occasion de la Journée nationale et européenne contre l’obésité qui aura lieu ce samedi 21 mai.

Table des matières:

Ceux qui n’ont que quelques kilos à perdre peuvent tenter de maigrir sans aide extérieure. Non pas en faisant une grève de la faim ou en suivant un régime miracle, mais en étudiant leurs habitudes alimentaires et en détectant les erreurs qu’il commettent : manque d’exercice, grignotage, apéros... En réduisant de 500kcal son apport calorique quotidien, on perd environ un demi-kilo par semaine. Si vous ne parvenez pas à vous débarrasser de ces quelques kilos superflus ou si votre excédent de poids est important, mieux vaut alors consulter un ou une diététicien(ne).

Perdre du poids pour de bon

Pourquoi les innombrables régimes qui font la une des magazines sont-ils tous voués à l’échec ?  » On ne peut pas perdre plus d’un kilo par semaine de façon durable, explique Annemie Van de Sompel, diététicienne à l’Hôpital universitaire d’Anvers. Si on perd plus, ce sera essentiellement de l’eau et, après un certain temps, du tissu musculaire. Il est impossible de suivre ce type de régime sur le long terme. Dès qu’on recommence à manger normalement, on reprend ses kilos et même davantage. En effet, l’organisme refait des réserves alors que les besoins énergétiques basaux, eux, ont diminué à cause de la fonte musculaire. C’est le fameux effet yo-yo.

Retour à la table des matières

Un régime personnalisé

En quoi un diététicien peut-il faire la différence ?  » En premier lieu, nous donnons des informations nutritionnelles scientifiques en langage accessible, précise Annemie Van de Sompel. Nous évitons ainsi que les candidats au régime suivent des conseils qui n’ont pas de sens au niveau alimentaire.

En outre, un régime tiré d’un livre ou d’un magazine ne correspond jamais parfaitement à vos besoins, alors que ceux prescrits par un diététicien sont taillés sur mesure. C’est important parce que chaque personne est différente et que le métabolisme basal (les besoins énergétiques de base au repos qui sont nécessaires au fonctionnement de tous les organes) varie sensiblement d’une personne à l’autre, mais aussi parce qu’une modification des habitudes alimentaires n’a des chances d’aboutir que si le candidat à la minceur a son mot à dire. Chez nous, un schéma alimentaire fait l’objet d’une discussion. Nous élaborons un programme nutritionnel en tenant compte des éléments qui ne peuvent pas être modifiés.

Si quelqu’un va deux fois par semaine au restaurant pour des raisons professionnelles, nous en tenons compte. Idem si quelqu’un ne peut pas envisager de terminer sa semaine de travail sans boire un verre de porto.

Pour se faire l’idée la plus précise possible du mode de vie et des habitudes alimentaires du patient, on lui demande de tenir un journal alimentaire pendant quelques jours. Il faut le faire de façon très précise et détaillée, mais pas pendant trop longtemps. En effet, cela amène parfois le patient à s’imposer des restrictions. Si on a envie d’un morceau de chocolat, par exemple, l’idée qu’il faut le noter peut dissuader de le manger... « 

Retour à la table des matières

L’encadrement et la motivation

Perdre du poids est un combat de tous les jours. C’est pourquoi il est très important de continuer à encadrer et à coacher les patients. Au début, ils respectent strictement leur schéma nutritionnel. Après un certain temps, ils se permettent des écarts. Il est donc primordial de leur apprendre à lire l’information contenue sur un emballage et à alléger une recette, de les informer sur les produits à tartiner gras et maigres, sur les en-cas bons pour la santé...

 » Le coaching est également très important pour maintenir la motivation des gens, explique Annemie Van de Sompel. Car c’est toujours un travail de longue haleine, au cours duquel nous tentons progressivement d’arriver à un mode alimentaire sain où apport énergétique et besoin énergétique sont en équilibre. Au début, nous rencontrons les patients tous les 15 jours. Nous fixons ensemble l’objectif à atteindre en expliquant qu’une réduction de poids de 5 à 10 % est un but réaliste qui sera déjà très bénéfique pour la santé. Dès que l’objectif est atteint, une visite par mois suffit. Lorsque le poids est stabilisé, nous revoyons les patients tous les 2 à 3 mois. Il faut, en effet, pouvoir intervenir sans délai lorsque nous constatons une reprise de poids.  »

Outre l’alimentation, d’autres facteurs jouent également un rôle : l’exercice physique, par exemple, ou l’image de soi peu flatteuse que génère souvent la surcharge pondérale.  » C’est pourquoi on privilégie toujours une approche multidisciplinaire dans les grands centres, où le candidat à l’amaigrissement est encadré par un médecin et un diététicien mais aussi par un kinésithérapeute ou un coach pour l’exercice physique (car la façon de faire de l’exercice physique est également importante pour la perte de poids : on brûle proportionnellement plus de graisse lors d’un effort modéré) et par un psychologue.

Il n’existe malheureusement pas encore de convention pour l’obésité, comme c’est par exemple le cas pour le diabète. Résultat ? Le patient doit payer une consultation pour chaque spécialiste qui l’encadre...Certaines mutuelles font dès à présent des efforts pour rembourser partiellement certaines consultations mais le seuil financier reste élevé.  »

Retour à la table des matières

Quand cela ne suffit pas

Des statistiques de 2006 montrent que 30,3 % des adultes présentent un surpoids (IMC de 25 à 29,9) et qu’environ 1 sur 10 est obèse (IMC > 30). En outre, ce problème s’aggrave sensiblement avec l’âge. Dans la classe d’âge de 65 à 74 ans, près de 63 % avaient un IMC de 25 ou plus. L’approche progressive préconisée par Annemie Van de Sompel suffit-elle dans ces cas ?

 » La diminution classique des apports énergétiques de 500 à maximum 1.000 calories par jour est le point de départ pour tous les patients, précise-t-elle. Dans les cas extrêmes ou lorsqu’un patient doit perdre beaucoup de poids en peu de temps pour des raisons de santé ou avant une opération, nous prescrivons parfois un régime protéiné très pauvre en calories (500 à 800 kcal), riche en protéines à haute valeur biologique et pauvre en glucides. Ce régime se caractérise par l’apparition, après quelques jours, de cétones qui coupent l’appétit. Un tel régime n’est jamais le premier choix et doit s’accompagner d’un contrôle médical.  »

Il arrive que le médecin prescrive dans un deuxième temps des médicaments en plus des mesures nutritionnelles à ceux qui ont déjà suivi un régime pendant un certain temps et qui perdent de moins en moins de poids. Ils ont prouvé leur utilité mais ce ne sont pas des remèdes miracles. Seuls deux médicaments sont agréés pour la perte de poids et ils ne peuvent être délivrés que sur prescription médicale : l’un limite l’appétit (il a l’inconvénient de provoquer parfois une légère baisse de la tension artérielle) et l’autre diminue l’absorption de graisses alimentaires (il entraîne parfois des diarrhées). Les médicaments peuvent aider mais ils n’ont de sens que si l’on adapte également son mode de vie.

La chirurgie est l’ultime étape et n’est envisagée que chez ceux qui présentent un IMC supérieur à 40 ou un IMC supérieur à 35 en combinaison avec d’autres facteurs de risque (par exemple, diabète, hypertension...). Il existe deux types d’intervention. Le premier (dont l’anneau gastrique) réduit le volume gastrique de manière à provoquer plus rapidement le sentiment de satiété, et le second limite le volume d’aliments absorbés. Le gastric bypass, par exemple, est une combinaison des deux types d’intervention. Bien entendu, ces opérations doivent aussi se faire avec l’accompagnement d’un coach. Elles ne changent en effet rien au mode de vie.  »

Retour à la table des matières

Manger en réaction à des émotions

Nous avons tous déjà pu remarquer le lien qui existe entre l’acte de manger et les émotions. Certains mangent par ennui, d’autres se jettent sur des sucreries chaque fois qu’ils traversent ont un coup de stress.

 » Manger est une activité basique centrale, explique Wout Van der Borght, psychologue clinique et spécialiste en thérapie du comportement cognitif à l’hôpital universitaire du Gasthuisberg de Louvain. C’est pourquoi de nombreuses émotions y sont liées. Mais de nombreux processus d’apprentissage interviennent également. Manger peut procurer un sentiment de satisfaction, de satiété, de calme, ce qui peut inciter certains à se tourner vers la nourriture dans l’espoir de ressentir à nouveau ces sentiments.

Des études montrent que 5 à 30 % des obèses souffrent de boulimie. Ce sont des gens qui, en peu de temps, avalent de grandes quantités de nourriture en perdant tout contrôle. Leur comportement nutritionnel n’a rien à voir avec un manque de volonté, leurs émotions l’emportent tout simplement sur le bon sens. Ces binge-eaters (personnes ayant un comportement boulimique) constituent un premier groupe de patients qui ont besoin d’un encadrement psychologique pour aborder leur problème. Ceux qui, sous le coup d’une émotion intense, mangent systématiquement de grandes quantités de sucreries ou d’aliments riches en calories constituent un deuxième groupe. Enfin, ceux que nous aidons à maîtriser leur comportement alimentaire en général forment un troisième groupe.

La thérapie comportementale est surtout axée sur le développement de stratégies visant à acquérir et à conserver un contrôle accru sur le choix des aliments et sur le comportement alimentaire. Il est important que le patient prenne conscience de son comportement alimentaire, qu’il sache quand et pourquoi il mange. Nous tentons en outre de favoriser la motivation. L’obésité est effectivement un problème chronique que le patient doit apprendre à gérer en permanence. On apprend en outre aux patients à prévenir un mauvais comportement alimentaire en contrôlant les nombreux stimuli qui déterminent le comportement alimentaire. Il est, par exemple, possible de restructurer son environnement de manière à réduire les contacts avec des aliments tentants ou à être davantage incité à faire de l’exercice. On peut également apprendre à se maîtriser davantage de manière à mieux résister aux situations émotionnelles et donc à moins facilement perdre le contrôle de son comportement alimentaire.  »

En outre, ceux qui souffrent d’embonpoint ont souvent une image très négative d’eux-mêmes et ont peu confiance en eux. Je ne me mets pas au régime, je ne tiendrai de toute façon pas le coup ! La thérapie comportementale enseigne des techniques destinées à positiver ces idées négatives. Beaucoup de gens doivent également se réconcilier avec leur corps.

Nombre de gens se rabattent sur la nourriture quand ils sont stressés ou qu’ils veulent évacuer leurs frustrations. C’est la raison pour laquelle la thérapie comportementale accorde également beaucoup d’importance à l’apprentissage de techniques de relaxation et d’autres techniques de gestion du stress. Enfin, on s’attache également à enseigner des méthodes permettant d’éviter de retomber dans le mode de vie antérieur. « 

Retour à la table des matières

L’hypnose

Il n’y a pas de miracle. La seule façon de maigrir est de manger plus sainement et de faire davantage d’exercice. Certaines techniques, comme l’hypnose ou l’acupuncture, peuvent-elles nous aider à persévérer plus facilement, à mieux gérer les émotions qui nous font si souvent pécher ?

 » L’hypnose est en fait de l’autohypnose, précise le docteur en psychologie Johan Vanderlinden, de l’hôpital Saint-Joseph de Kortenberg qui utilise cette technique. Il est faux d’affirmer que l’hypnothérapeute est une personne dotée d’un don particulier qui met le patient en transe. Le rôle de l’hypnothérapeute est comparable à celui d’un moniteur d’auto-école. Il est assis à côté de vous et vous guide, mais vous décidez vous-même quand vous appuyez sur la pédale de frein. Pour le reste, l’hypnose dépend du patient, qui doit focaliser son attention.

L’hypnose peut être appliquée à toute personne qui n’y est pas réfractaire. On note toutefois des différences dans la capacité de se concentrer et des différences dans la sensibilité à la suggestion. 2 à 3 % de la population est très réceptive à la suggestion et par conséquent à l’hypnose, mais tout le monde peut l’apprendre. C’est une façon idéale d’apprendre à se détendre. L’hypnose peut en outre être utilisée pour des problèmes psychosomatiques, d’angoisse et des troubles du sommeil, pour accroître la confiance en soi, aider à prendre plus facilement des décisions et faire perdre de mauvaises habitudes.

Retour à la table des matières

Régime... interdit !

 » Les applications de l’hypnose en cas de surcharge pondérale sont multiples, poursuit John Vanderlinden. L’hypnose n’est pas la panacée pour traiter un problème de surpoids mais est un excellent outil pour le combattre. Des études ont montré que lorsque l’hypnose est associée à l’approche classique, le succès est plus souvent durable. Mais les régimes sont interdits chez nous. Nous apprenons exclusivement à adopter un mode alimentaire sain. Ici, à Kortenberg, nous avons développé un traitement des troubles boulimiques et de l’obésité entièrement basé sur une approche psychothérapeutique. Ce programme s’étale sur 24 semaines à raison d’un jour par semaine.

Pour en revenir à l’hypnose, les gens mangent souvent en réaction au stress et à la tension. Grâce à l’hypnose, ils peuvent apprendre à se détendre et à lutter contre le stress. Nous recourons également à l’hypnose dans le cadre du problème de l’obésité, plus particulièrement en vue de modifier le comportement alimentaire. Sous hypnose, nous apprenons aux patients à manger de façon plus réfléchie, plus lentement... Nous leur enseignons une autre façon de manger, nous leur apprenons à jouir des arômes et des saveurs.

Tout le monde connaît ces moments critiques où l’on grignote sans même s’en rendre compte. Sous hypnose, nous tentons de réfléchir à ces moments où l’on absorbe des calories superflues et nous recherchons des alternatives.

Il faut par ailleurs noter que ceux qui présentent un excédent de poids ont presque oublié les sensations de faim et de satiété. Par certains exercices, nous leur apprenons à communiquer, en transe hypnotique, avec leur estomac avant le repas et à rechercher une réponse à la question Ai-je vraiment faim ?, ainsi qu’à prendre une décision en fonction de cette réponse. Un exercice similaire après le repas porte sur la façon de sentir que l’on est rassasié.

Nous pouvons également travailler sur des envies spécifiques (chocolat, sucreries, etc.) avec ceux qui sont très réceptifs à la suggestion, mais cela concerne relativement peu de monde.

L’hypnose permet aussi de contribuer à augmenter l’activité physique. Le patient est mis en transe hypnotique lors d’un mouvement actif, par exemple en marchant ou en pédalant sur un hometrainer. Nous stimulons l’activité en l’aidant à se concentrer sur la sensation agréable donnée par le mouvement, sur l’énergie supplémentaire qu’il acquiert, sur la sensation d’être moins vite fatigué,...

Un troisième domaine d’application important concerne toute la problématique psychique sous-jacente : par le biais d’exercices spécifiques, nous influençons la confiance en soi, l’assertivité et l’expression des sentiments. Nous apprenons également aux gens à accepter leur corps, à prendre conscience que leur amour-propre ne peut pas seulement dépendre de leur poids sur la balance et que bien d’autres aspects donnent tout son sens à la vie. « 

Retour à la table des matières

Ne vous focalisez pas sur votre balance

Mince ? Pas mince ? Il n’y a pas que les kilos affichés par votre balance à prendre en compte. Comment savoir si vous avez un poids optimal pour votre santé ? En prenant en compte les trois critères suivants :

L’ Indice de masse corporelle (IMC) se calcule en divisant votre poids en kilos par le carré de votre taille en mètre.

  • Un IMC entre 18,5 et 24,9 est normal.
  • Un IMC de 25 à 29,9 indique un surpoids. En combinaison avec d’autres facteurs de risque (trop de graisse abdominale, trop de tension artérielle, trop de graisses dans le sang,...), il fait courir un risque à la santé.
  • Un IMC de 30 ou plus est synonyme d’obésité, ce qui implique d’importants risques pour la santé.

Mesurez votre tour de taille avec un mètre ruban à hauteur du nombril. Le tour de taille d’une femme ne peut excéder 80 cm et celui de l’homme 94 cm. Au-delà, les risques pour la santé s’accroissent, quel que soit l’IMC. Lorsque le tour de taille d’une femme excède 88 cm et celui d’un homme 102 cm, les risques sont nettement plus importants.

Autres risques pour la santé : tabagisme, tension trop élevée, taux de sucre ou taux de cholestérol dans le sang trop élevé, affection cardiovasculaire (ou chez un membre de la famille proche), ménopause ou plus de 45 ans pour un homme.

Si l’un de ces facteurs de risque s’ajoute à une surcharge pondérale et/ou à un tour de taille légèrement excédentaire, perdez quelques kilos.

Retour à la table des matières

Diététicien ou nutritionniste ?

Diététicien, spécialiste en alimentation, nutritionniste, conseiller en alimentation : ils s’occupent tous d’alimentation, mais qu’est-ce qui les distingue ?

Un spécialiste en alimentation est l’équivalent d’un diététicien. Il a suivi une formation de 3 ans en nutrition et diététique.

La profession de diététicien est reconnue mais entend prendre un peu de distance par rapport son appellation parce que le mot « diète » a une connotation plutôt négative. Trop de gens y associent encore une sorte de punition corporelle. En fait, le diététicien donne des avis sur l’alimentation.

Certaines personnes n’ayant pas suivi de formation spécifique en nutrition ou en diététique se déclarent, par exemple, conseillers en alimentation.

Un nutritionniste a suivi une maîtrise en nutrition. Il s’occupe plutôt de recherche et travaille surtout en entreprise. Sa formation n’est pas axée sur l’encadrement de patients.

Retour à la table des matières

Des kilos en plus après l’arrêt du tabac

Quand on arrête de fumer, on prend très facilement quelques kilos. Les premières semaines qui suivent l’arrêt du tabac, le corps réclame plus de nourriture et il n’est pas facile de déjouer ce piège. En outre, les odeurs et les saveurs titillent à nouveau les narines et les papilles, ce qui n’arrange rien. C’est pourquoi il est important de bénéficier d’un encadrement supplémentaire. Dans ce domaine, l’hypnose et l’acupuncture ont prouvé leur utilité. Et dans le courant de cette année arrivera très probablement sur le marché un médicament à base de rimonabant. Cette substance aurait une influence sur l’envie tant de nourriture que de nicotine.

Retour à la table des matières

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire