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Les nouvelles solutions anti-ronflement

Un, voire deux Belges sur trois ronflent la nuit, ce qui peut causer pas mal de désagréments sous la couette. Heureusement, il existe aujourd’hui une multitude de solutions pour les ronfleurs bruyants... et leurs malheureux partenaires nocturnes.

Qu’ils soient occasionnels ou réguliers, les ronfleurs constituent aujourd’hui la majorité et leur nombre ne fait qu’augmenter. Le ronflement normal n’est pas grave en soi mais il est parfois révélateur d’apnées. Près de 25% des ronfleurs quotidiens souffrent d’apnées pendant lesquelles la respiration est plusieurs fois interrompue ce qui, à terme, peut occasionner des soucis de santé.

Mais il y a aussi l’inconfort pour le ou la conjoint(e). Dormir aux côtés de quelqu’un qui produit toutes les nuits autant de décibels qu’un aspirateur peut s’avérer éreintant. Le non-ronfleur voit ses nuits interrompues, se lève fatigué et devient irritable, ce qui à la longue peut engendrer des problèmes relationnels. « De multiples études ont montré qu’un manque constant de sommeil accroît le risque de maladies chroniques en tous genres. Les ronfleurs très bruyants sont un réel problème, non seulement pour la ou le partenaire, mais dans certains cas aussi pour les autres personnes vivant sous le même toit ou les voisins car la gêne sonore ne s’arrête pas aux murs de la chambre », constate le Pr Johan Verbraecken, spécialiste du sommeil et coordinateur médical du Centre du sommeil de l’UZ Anvers.

Pourquoi ronfle-t-on?

Les causes sont aussi nombreuses que surprenantes, mais pas toujours évidentes. « Le ronflement peut apparaître à n’importe quel âge mais en vieillissant, le tonus musculaire de la gorge, du palais mou et de la luette diminue. D’où un rétrécissement du pharynx et un risque accru de vibrations. L’alcool, lui, a pour effet de relâcher les muscles et de ce fait, la membrane située entre l’ouverture nasale et les cordes vocales vibre plus facilement. La consommation d’alcool provoque en outre le dilatement des vaisseaux sanguins et par conséquent le gonflement des cornets nasaux et des muqueuses. La plupart des fumeurs ronflent à cause du gonflement chronique des muqueuses du nez. De la même façon, les allergies favorisent elles aussi le ronflement. Pendant la saison des pollens, les allergiques ronflent plus fort. Les allergiques aux acariens connaissent des problèmes respiratoires toute l’année. Au début, le phénomène passe quasi inaperçu mais au fil des années, la muqueuse nasale est tellement gonflée qu’elle provoque des ronflements permanents. » Le surpoids est une autre cause de ronflement bien connue. Chez les personnes en surcharge pondérale, les tissus adipeux s’accumulent dans tout le corps et notamment au niveau de la gorge et du nez, d’où un rétrécissement des voies respiratoires.

Ronfler, c’est quoi?

« Le ronflement se produit au moment de l’inspiration et est généralement dû à un problème au niveau de la gorge. Le rétrécissement partiel des voies respiratoires entre le nez et les cordes vocales provoque une pression à l’arrière de la gorge au moment de l’inspire. La langue et les muqueuses sont aspirées l’une contre l’autre et se mettent à vibrer. De ce fait, l’air passe très vite par l’orifice trop étroit, ce qui produit le fameux ronflement, tantôt léger, tantôt assourdissant. »

Les différences homme/femme

Les hommes sont plus susceptibles de ronfler que les femmes pour une question de testostérone, la fameuse hormone masculine qui favorise l’accumulation de graisse au niveau de la gorge. Plus l’organisme produit de testostérone, plus les muqueuses gonflent. « C’est génétique: l’ouverture du larynx est plus ample chez les femmes que chez les hommes, ce qui les préserve du ronflement, du moins jusqu’à la ménopause. La respiration est orchestrée par la détection de toute variation des niveaux d’oxygène et de CO2 via des senseurs dans le sang. Leur sensibilité diminue avec l’âge et la baisse du niveau d’oestrogènes, ce qui est le cas après la ménopause. »

Les médicaments et la position

Les somnifères, les relaxants musculaires, la cortisone et certains antidépresseurs favorisent également le ronflement nocturne. En fait, tous les médicaments ayant une incidence sur le tonus musculaire peuvent stimuler le ronflement. La prédisposition héréditaire joue elle aussi un rôle. « Une ouverture du pharynx naturellement étroite, une cloison nasale qui n’est pas parfaitement droite, des mâchoires mal alignées rendent le ronflement plus que probable. »

Dans 7 cas sur 10, les problèmes de ronflement sont dus à la position pendant le sommeil. La position sur le dos favorise nettement le ronflement car le palais mou et la langue basculent vers l’arrière causant une obstruction au niveau de la gorge. Il vaut mieux dormir sur le côté. « Il est conseillé aux ronfleurs de dormir en position surélevée (angle de 35-40°). Notre corps est composé principalement de liquides répartis dans tout l’organisme. Si vous menez une vie sédentaire, les liquides risquent davantage de s’accumuler. Lorsque vous dormez en position dorsale, les liquides se répartissent et coulent vers le nez et les voies respiratoires, provoquant un gonflement. L’exercice physique en journée est une des façons d’y remédier » conseille le Pr Verbraecken.

C’est génétique: jusqu’à la ménopause, les femmes ronflent moins que les hommes.

Plus on ronfle, plus on a tendance à ronfler davantage. « De mini-blessures apparaissent dans la muqueuse nasale pendant le ronflement, ce qui provoque une accumulation de liquide et par conséquent encore plus de ronflements et donc encore plus de microtraumatismes. »

Les solutions de première ligne

Il n’existe pas de solution universelle. Toute la difficulté consiste à trouver le traitement adapté à chaque cas. « Opter pour un mode de vie actif permet de résoudre partiellement le problème. Éviter de prendre du poids, de boire de l’alcool en soirée, bouger en journée, arrêter de fumer et (si possible) de prendre des somnifères ou des calmants contribuent également à solutionner le problème. Certains ronfleurs réagissent bien aux sprays nasaux à base de corticostéroïdes conçus pour une utilisation de longue durée. »

Si le problème perdure, vous avez le choix entre différentes méthodes. Comme les écarteurs de narine, de petites bandelettes qui se placent sur le nez pour écarter les narines et faciliter le passage de l’air. Ils donnent d’excellents résultats chez les personnes souffrant d’un accès narinaire étroit. La mentonnière autour de la tête soutient les joues et maintient la bouche fermée, ce qui force à respirer par le nez, limitant ainsi le risque de ronflement. « L’effet bénéfique d’autres alternatives comme les huiles essentielles, etc. n’est pas ou peu scientifiquement prouvé. »

Il existe des astuces très simples pour éviter de dormir sur le dos comme coudre une balle de tennis dans le dos de son pyjama ou dormir dans un sac de couchage rempli de coussins. « Cela marche mais la fiabilité thérapeutique est très faible et cela ne convient pas à tout le monde. La thérapie de position non contraignante est une autre alternative. Elle consiste à porter une ceinture anti-ronflement autour de la poitrine, équipée d’un senseur qui contrôle la position. Chaque fois que vous vous remettez sur le dos, une légère vibration vous incite à changer de position. Mais ce remède n’a aucun sens si vous ronflez dans toutes les positions. »

Champions!

Les sportifs de haut niveau sont souvent des ronfleurs invétérés . Chez les athlètes qui surentraînent leurs muscles, le relâchement musculaire est plus marqué pendant le sommeil. Or c’est cette détente, qui est à l’origine des concerts nocturnes!

L’orthèse buccale

L’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) est un remède plus radical pour traiter les problèmes de ronflement et d’apnée. Elle avance légèrement la mâchoire inférieure de manière à augmenter le diamètre du pharynx et à dégager les voies respiratoires supérieures pour limiter le risque de ronflement. L’OAM permet d’éviter le ronflement dans 40% des cas. « Fabriquées sur mesure, les orthèses sont constituées de deux gouttières à placer sur les dents. Le façonnage sur mesure fait en sorte que les orthèses sont généralement bien supportées mais ce n’est pas une solution bon marché (1.100€). Seules les personnes à la dentition solide et aux gencives saines entrent en considération. » La thérapie CPAP (600€) prescrite en cas d’apnées empêche de ronfler mais n’est pas remboursée pour les ronfleurs purs et durs. La thermothérapie, autrefois très tendance, ne donne pas de résultats constants ni pérennes. La méthode consiste à introduire, sous anesthésie locale, une aiguille dans les muqueuses nasales, le palais et/ou la base de la langue. L’aiguille est chauffée par des vibrations et des effets ionisants pour provoquer de petites cicatrices (fibrose) dans la gorge. Les tissus réagissent en se rétractant et en s’épaississant. Ils deviennent ainsi moins sujets aux vibrations.

La chirurgie, une solution?

L’intervention chirurgicale est la solution la plus radicale « L’opération dont le succès dépend de la cause précise du problème ne permet pas de résoudre tous les problèmes de ronflement. Si la cause est une cloison nasale asymétrique, la correction chirurgicale peut apporter un certain répit. L’opération classique était l’exérèse des amygdales et de la luette, et le raccourcissement du palais mou. Tous les muscles autour sont resserrés pour empêcher les vibrations. Une nouvelle technique (BRP), plus efficace, a été mise au point. Il s’agit d’une reconstruction visant à renforcer le palais en ne retirant qu’un minimum de muqueuse. Les résultats sont nettement meilleurs, tant en termes de ronflements que d’apnées. »

Le ronflement normal est-il dangereux?

On a longtemps cru que le ronflement sans apnée ne présentait aucun danger pour la santé. « Mais de récentes études montrent que les vibrations du ronflement augmentent le risque d’artériosclérose et par conséquent de rétrécissement de la carotide. Des recherches plus approfondies s’avèrent indispensables mais une chose est sûre: le ronflement permanent n’est pas aussi innocent qu’il n’y paraît. »

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