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Les maladies mentales nécessitent une approche holistique

Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) propose une série de pistes visant une meilleure prise en compte de la santé physique des personnes souffrant d’une maladie mentale grave. Le KCE plaide notamment pour une approche globale, ou « holistique », dans laquelle la dichotomie entre soins psychiatriques et somatiques (ou physiques) est abandonnée.

En Belgique, les personnes atteintes de maladies mentales telles que la schizophrénie, les troubles psychotiques, les troubles bipolaires ou la dépression grave décèdent beaucoup plus précocement et ont un moins bon accès aux soins de santé que la population générale. Si les chiffres à ce sujet varient, la différence est toujours supérieure à 10 années de vie. « Une grande partie de cette surmortalité est due à des problèmes cardiovasculaires, qui sont liés aux effets secondaires des médicaments psychiatriques et au mode de vie (par exemple sédentarité, tabagisme...). C’est d’ailleurs pour cette raison que plusieurs pays ont considéré qu’il s’agit de personnes à risque, à vacciner en priorité contre le Covid-19 », souligne le KCE dans un communiqué. En outre, ces personnes ont généralement un accès plus difficile aux soins de santé que la population générale.

« Différents guidelines internationaux ont été développés sur la question. En Belgique, la question retient l’attention depuis une quinzaine d’années mais, malgré un intérêt certain des professionnels du secteur psychiatrique, la situation n’évolue guère », poursuit le KCE, qui a tenté d’en comprendre les raisons.

Soins somatiques insuffisants

Le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé constate que les patients et les professionnels des soins psychiatriques ressentent des préjugés de la part des autres soignants. Mais les soignants psychiatriques reconnaissent aussi l’insuffisance de leurs compétences en matière de soins somatiques. L’organisation des soins somatiques souffre en plus de limitations administratives et financières. Enfin, le personnel infirmier est en nombre insuffisant pour pouvoir gérer les soins somatiques des patients psychiatriques.

Face à ces constats, le KCE rappelle que les bonnes pratiques internationales considèrent que tous que les soins aux personnes atteintes de maladie mentale doivent se faire selon une approche holistique et que la dichotomie entre soins psychiatriques et somatiques est une conception ancienne qui doit être abandonnée. « On sait en effet que la santé psychique de ces personnes s’améliore lorsque leur santé somatique est également prise en charge, et vice-versa. L’hospitalisation psychiatrique doit donc être vue comme un moment et un lieu où l’objectif principal est la santé globale du patient, dans un esprit de rétablissement et d’autonomisation. »

Mettre en oeuvre ces guidelines requiert que les services psychiatriques soient organisés, structurés et outillés à cet effet. Pour le KCE, « les réformes actuellement en cours de la nomenclature et du financement des hôpitaux sont des opportunités à saisir pour faire évoluer la situation. »

Un plan de traitement et de suivi

Concrètement, le KCE souligne que, selon les guidelines internationaux, tout patient entrant dans une institution psychiatrique devrait recevoir aussitôt un « plan de traitement et de suivi » individuel, couvrant à la fois ses soins psychiatriques et somatiques. Ce plan devrait au minimum prévoir une visite médicale à l’admission, un suivi attentif des effets secondaires des médicaments prescrits et des activités visant à réduire les facteurs de risque (suivi diététique, kinésithérapie ou coaching sportif, accompagnement individuel de l’arrêt du tabagisme si souhaité...). Ce plan devrait aussi prévoir des interventions de santé similaires à celles qui peuvent être offertes à la population générale (vaccinations, soins dentaires, dépistage du cancer, consultations de santé sexuelle...). Enfin, une consultation de préparation de la sortie devrait également être systématiquement organisée pour assurer la continuité des soins.

« Il reste donc encore beaucoup à faire pour pouvoir offrir aux personnes atteintes de maladie mentale un même accès aux soins de santé qu’au reste de la population. Mais les professionnels et les patients sont demandeurs et tout le monde est convaincu que les choses doivent changer », conclut le KCE.

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