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Les bactéries intestinales peuvent-elles prédire notre futur état de santé ?

Notre microbiote, le nom donné à l’ensemble de nos bactéries intestinales, est depuis longtemps lié à divers troubles : notamment la dépression ou les rhumatismes. Deux nouvelles études démontrent que les gènes de ces bactéries contiennent également une multitude d’informations sur notre future santé. Les scientifiques parlent de diagnostics basés sur les bactéries intestinales.

Dans la première étude, les scientifiques ont passé en revue 47 études qui examinaient les liens possibles entre les gènes des bactéries intestinales et 13 maladies courantes. L’accent a été mis sur les maladies dites complexes, telles que la schizophrénie, l’hypertension ou l’asthme, qui sont influencées et causées à la fois par des facteurs environnementaux et par une prédisposition génétique. Ils ont ensuite comparé les résultats de ces liens avec d’autres liens précédemment démontrés entre les variantes génétiques humaines et ces maladies. Cela a donné des résultats remarquables.

Qualité de vie

La signature génétique du microbiote s’est ainsi révélée être un meilleur prédicteur de nombreuses maladies que les propres gènes humains. Les gènes des bactéries intestinales ont en effet obtenu un score d’environ 20 % supérieur que le génome humain pour leur capacité à reconnaître les personnes malades ou en bonne santé. Pour certaines maladies, la différence était encore plus grande. Par exemple, le microbiote était deux fois plus efficace pour indiquer si une personne était atteinte ou non d’un cancer intestinal. Ce n’est que pour prédire le diabète de type 1 que le génome humain était plus efficace.

Les chercheurs de la Harvard Medical School précisent qu’il s’agit de résultats préliminaires. « Mais cela indique déjà que nous pouvons utiliser tant les gènes des bactéries intestinales que ceux des humains pour améliorer la qualité de vie des patients », déclare le biologiste Braden Tierney dans Science.

Le spécialiste Jeroen Raes (VIB- KU Leuven ) a quelques réserves. Il souligne, dans la revue Science, que nous n’en sommes qu’au début de la compréhension du fonctionnement du microbiote, alors que le fonctionnement du génome humain a déjà été cartographié de manière beaucoup plus précise. Il est donc encore difficile aujourd’hui de comparer les deux. Selon M. Raes, le grand avantage du microbiote est qu’il est fortement influencé par notre environnement. Ce que nous mangeons ou la manière dont nous bougeons, par exemple, déterminent les types de bactéries intestinales dont nous disposons. C’est pourquoi les bactéries intestinales pourraient devenir de bons prédicteurs des maladies fortement liées au mode de vie et à l’environnement, comme le diabète de type 2.

Durée de vie

La deuxième étude s’est concentrée sur le lien entre la composition du microbiote et la longévité. Les chercheurs ont utilisé les données d’une étude finlandaise qui a conservé les dossiers médicaux de milliers de participants depuis 1972. En outre, ces participants avaient également fait don d’un échantillon de selles en 2002. Ces échantillons ont été suivis et réexaminés 15 ans plus tard. L’analyse a révélé un lien intéressant entre certains types de bactéries intestinales et le risque de mortalité. Il s’est avéré que les personnes qui possédaient une abondance de bactéries « Entérobactéries » (dont la salmonelle et E Coli) couraient un risque plus élevé de mourir dans les 15 ans.

Ce à quoi cette recherche ne répond pas, c’est à la question de savoir pourquoi le microbiote est précisément lié à des maladies potentielles. Est-ce que ce sont les bactéries intestinales qui provoquent ou favorisent certaines maladies et réduisent en quelques sortes la longévité, ou bien les bactéries intestinales sont-elles principalement le reflet de maladies ou de problèmes qui se produisent ailleurs dans le corps ?

« Ce qui est certain, c’est que les médecins et les scientifiques qui veulent contribuer à la prévention et à des traitements plus efficaces devront accorder beaucoup plus d’attention aux millions d’habitants de nos intestins« , conclut Samuel Minot, chercheur en microbiotechnologie. (Fred Huthchinson Cancer Research Institute Seattle).

Source: Science

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