Le traitement du diabète a évolué : on agit sur 3 fronts à la fois

Grâce aux évolutions du traitement, les diabétiques peuvent mener une vie normale.

Le diabète de type 1 et de type 2

Le diabète se caractérise par un excès de sucre (glucose) dans le sang. Normalement, le glucose est absorbé comme source énergétique par les cellules de notre organisme. Cette opération réclame la présence d’insuline, laquelle est fabriquée par les cellules bêta pancréatiques.
Dans le diabète de type 1, qui apparaît en bas âge, les cellules bêta sont détruites car l’organisme les considère comme des corps étrangers et déclenche une réaction immunitaire. Conséquence : arrêt de la production d’insuline qui doit dès lors être injectée. Le diabète de type 1 apparaît soudainement et représente environ 10 % de l’ensemble des cas de diabète.
Dans le diabète de type 2, soit l’insuline est encore produite en quantité insuffisante, soit l’organisme y est devenu moins sensible (les scientifiques l’appellent « résistance à l’insuline »). 80 à 85 % des diabétiques de type 2 présentent une surcharge pondérale. L’accumulation de graisse au niveau de l’abdomen favorise cette forme de diabète. Son développement progressif et n’est souvent pas décelé les premières années. Au moment du diagnostic, près de la moitié des patients présentent déjà des complications aux yeux, aux reins ou aux nerfs.

Les symptômes

  • Fatigue, somnolence, manque d’énergie
  • Troubles de la vue
  • Bouche sèche et soif
  • Mictions fréquentes
  • Infections fongiques régulières
  • Petites plaies se cicatrisant mal
  • Peau sèche et sensible
  • Démangeaisons
  • Perte de poids

Une explosion des diabètes de type 2

Le manque d’exercice et l’augmentation de la charge pondérale entraînent l’apparition d’une résistance à l’insuline. Les cellules ne sont plus sensibles à l’insuline, la clé ne permet plus d’ouvrir la porte. Le pancréas, qui fabrique l’insuline, réagit en redoublant d’activité, ce qui accélère son vieillissement. Et les cellules privées de cette énergie se tournent vers une autre source énergétique : elles brûlent graisses et protéines. À court terme, on maigrit et on ressent une intense fatigue. Le diabète de type 2 apparaît, lui, à plus long terme.
À l’heure actuelle, 5 % au moins de la population belge souffre du diabète de type 2, mais ce chiffre est très en dessous de la réalité. Dans 20 ans, un Belge sur dix sera atteint de cette forme de diabète. Dans certaines régions d’Europe, 10 à 15 % de la population est déjà diabétique, ce qui s’explique par le vieillissement démographique et l’augmentation du surpoids. « 

Plus qu’un problème de sucre

 » Cette affection dépasse le simple problème de la glycémie, dit le docteur Nobels, diabétologue à l’hôpital Onze-Lieve-Vrouw d’Alost. Il ne s’agit pas seulement du taux de glucose dans le sang, il faut tendre à une charge pondérale normale, à des valeurs de tension artérielle et de cholestérol normales. Tous ces éléments doivent être pris en considération. Celui qui en souffre court bien plus de risques de maladies cardiovasculaires.
La glycémie est normale entre 4 et 8 mmol/l à jeun. Chez les diabétiques, son niveau est jugé acceptable lorsqu’il est inférieur à 7,5 mmol/l et très bon en dessous de 7 mmol/l.
La glycémie fluctuant constamment, nous mesurons la concentration d’hémoglobine glycosylée (HbA1c). Cette protéine contenue dans le sang se glycolise au contact répété avec de fortes concentrations de sucre. La fraction de cette HbA1c donne la mesure de la glycémie des deux à trois derniers mois. Ce taux est inférieur à 6 % chez les gens sans diabète et on tente de la maintenir sous les 7 % chez les diabétiques.
Le tour de taille mesure l’accumulation de graisse abdominale. Le maximum est de 94 cm chez les hommes, 80 cm chez les femmes.
Concernant les lipides sanguins, le taux de triglycérides doit être inférieur à 150 mg/dl et celui de cholestérol HDL d’au moins 40 mg/dl chez les hommes et 50 mg/dl chez les femmes. La valeur maximale idéale du cholestérol LDL est de 100 mg/dl.
La tension artérielle ne peut excéder 135 mm Hg pour la tension plafond et 85 mm Hg pour la tension plancher.
Pour la charge pondérale, nous sommes plus réalistes. Il y a 20 ans, nous tentions encore d’amener les gens à leur poids idéal, ce qui s’est révélé impossible. Nous disons aujourd’hui : essayez de perdre 10 % de votre poids.

Agir sur 3 fronts

« Pour traiter efficacement un diabète de type 2, il faut agir sur 3 fronts : maîtriser la glycémie, limiter les facteurs de risques de maladies cardiovasculaires et vérifier au moins une fois par an qu’aucune complication ne se manifeste. Le traitement du diabète repose sur l’adaptation du mode de vie : manger sainement, faire davantage d’exercices. Si ça ne suffit pas, des médicaments sont prescrits. Il est désormais plus facile de maîtriser le taux de glucose grâce à de meilleurs médicaments.
Des progrès importants sont aussi enregistrés au niveau des insulines. Nous avons désormais des systèmes bien plus simples grâce auxquels les patients doivent s’injecter moins souvent de l’insuline. Pendant un certain temps, la plupart d’entre eux peuvent se contenter d’une injection quotidienne, le soir et prennent des comprimés, le jour.
Face au risque de maladies cardiovasculaires, il faut arrêter de fumer. Des médicaments doivent, le cas échéant, diminuer le taux de mauvais cholestérol et maintenir la tension artérielle dans des limites normales.
Nous avons donc clairement élargi le champ de traitement. Nous prescrivons désormais une statine à presque tous les diabétiques de type 2 afin de faire baisser leur taux de mauvais cholestérol, ce qui peut faire une énorme différence. En contrôlant plus strictement la tension artérielle et le taux de cholestérol et en ajoutant une mini-aspirine au traitement, nous avons enregistré des progrès énormes.
Le traitement est plus complexe, mais si on le suit convenablement, l’espérance de vie et l’état général sont pratiquement équivalents à ceux d’une personne en bonne santé. »

Une alimentation saine plutôt qu’un régime strict

Les mesures alimentaires sont un des piliers du traitement du diabète de type 2. Linda Claeys, diététicienne, nous informe.
« L’époque des régimes stricts et des aliments interdits aux diabétiques est tout à fait révolue. Le principe est désormais celui d’une alimentation saine, basée sur le respect de la pyramide alimentaire active. Le diététicien établit des conseils nutritionnels individualisés qui tiennent compte de la situation personnelle du patient, de son mode de vie et de ses préférences.
Ces conseils nutritionnels accordent une attention particulière à la quantité totale de glucides et à leur répartition en fonction des médicaments prescrits. L’idée selon laquelle les patients diabétiques doivent adopter une alimentation pauvre en glucides est dépassée.
Produits à base de céréales complètes, fruits, légumes,... ont leur place dans une alimentation pour diabétiques. La tendance actuelle est d’adapter le traitement de sorte que cette quantité puisse être assimilée.
Nous avons constaté que lorsque les glucides sont limités, on les compense par davantage de graisses et protéines, ce qui provoque d’autres complications. Le sucre n’est donc pas interdit, mais doit être pris en compte dans la quantité totale de glucides.
Les lipides sont le deuxième élément à prendre en compte. Les diabétiques courent trois fois plus de risques de maladies cardiovasculaires. Nous limitons donc les lipides et réorientons les gens dans leur choix de graisses, en limitant les graisses saturées.
Enfin, 80 % des diabétiques de type 2 présentant une surcharge pondérale, il faut limiter les apports énergétiques. Des études ont montré qu’une perte de poids de 5 à 10 % donne déjà des résultats nettement positifs en matière de résistance à l’insuline et de glycémie. »

Et que faut-il penser des ‘aliments pour diabétiques’ ?

« Ils contiennent des édulcorants. Mais si ces édulcorants sont, par exemple, utilisés dans du chocolat ou dans des biscuits, ils font baisser la quantité de glucides mais cette diminution est souvent compensée par une augmentation des lipides.
Les produits avec édulcorants qui fournissent de l’énergie (maltitol, xylitol...) n’ont pas d’incidence sur la glycémie, mais il faut tenir compte des calories qu’ils contiennent. En majorité, ils se situent au sommet de la pyramide alimentaire et doivent donc être consommés avec modération « .

Prévenir les complications

 » La majorité des complications liées au diabète sont dépistables à un stade précoce. Par exemple, en décelant la présence d’albumine dans un échantillon d’urine prélevé à jeun. Cette fuite se produit longtemps avant l’apparition des véritables complications rénales. Mais elle indique que le patient est sujet à des. Il existe en outre des médicaments pour le traitement de l’hypertension artérielle, les inhibiteurs ACE ou les sartans qui réduisent la pression dans le filtre rénal, et permet de prévenir les complications rénales.
Il en va de même pour la prévention des complications au niveau des capillaires dans les yeux ou des problèmes aux pieds. Généralement, on peut les dépister à un stade précoce. Le risque d’infarctus ou d’obturation d’une artère est le plus difficile à prévoir car ces accidents sont soudains. D’où l’importance de prévenir les affections cardiovasculaires.
Actuellement, les diabétiques de type 2 prennent de nombreux médicaments, alors qu’ils ne s’en voyaient prescrire qu’un seul il y a 20 ans. Mais les statistiques prouvent que cette approche est la bonne. »

Les complications éventuelles

Il est important de maîtriser la glycémie afin de prévenir les complications liées au diabète sur le long terme.
Beaucoup de complications portent sur l’altération des vaisseaux sanguins. En cas de diabète de type 1, les petits vaisseaux sanguins sont touchés, entraînant des anomalies au niveau des yeux et des reins. Le diabète de type 2 touche les gros vaisseaux sanguins, provoquant des problèmes au niveau du coeur(infarctus), du cerveau (attaque), des jambes et des pieds.
Tous les diabètes peuvent s’accompagner d’anomalies nerveuses. Les nerfs sensoriels sont généralement touchés, ce qui provoque des douleurs spontanées et autres picotements.

Un dépistage précoce

Afin de prévenir toute complication, il faut dépister et traiter le plus précocement possible les diabètes et les autres facteurs de risque liés aux maladies cardiovasculaires.
Le médecin traitant peut facilement s’en charger. A partir de 40 ans, il faut mesurer régulièrement le tour de taille, prendre la tension artérielle, analyser le taux de graisses et de glucose dans le sang.
Association belge du diabète, Place Homère Goossens, 1 1180 Bruxelles, http://www.diabete-abd.be/

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