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Le syndrome du gros bras, ça se soigne !

Le traitement du cancer du sein s’accompagne pour beaucoup de femmes d’un gonflement du bras provoqué par une accumulation de lymphe. Appelé lymphoedème, ce syndrome peut être évité ou se soigner.

On a tendance à sous-estimer les plaintes concernant le lymphoedème. Il est souvent considéré comme un dégât collatéral de la grande guerre menée contre le cancer du sein avec lequel les femmes doivent apprendre à vivre.  » S’il n’existe pas de médicaments spécifiques, on peut agir au niveau de la prévention, précise Philippe De Paepe, kinésithérapeute spécialisé dans le traitement du lymphoedème. Il est possible de prévenir l’accumulation de lymphe grâce au drainage manuel. L’idéal est d’y recourir après l’opération lorsqu’il y a eu ablation des ganglions axillaires (sous l’aisselle). Plusieurs études ont démontré le succès de cette méthode. Pour obtenir les effets escomptés, le drainage manuel doit être pratiqué pendant une demi-heure, au moins trois fois par semaine. Malheureusement, le message ne passe pas toujours, à cause d’une étude mal comprise qui a semé le doute. Le lymphoedème n’apparaît pas tout de suite après l’opération. Il peut se déclarer de trois mois à un an plus tard. Pendant ce temps, un drainage lymphatique préventif peut être utile. Il est d’ailleurs remboursé pour les femmes touchées par un cancer du sein. « 

Drainage

Le drainage lymphatique est une technique manuelle douce qui consiste à pratiquer des mouvements circulaires avec les doigts sur le bras gonflé.  » Ce massage permet d’évacuer la lymphe en circulation et de la repousser vers l’aisselle, souligne Philippe De Paepe. Si le chirurgien a retiré tous les ganglions de l’aisselle, nous devons repousser le liquide vers les ganglions de l’autre aisselle en passant au-dessus du cou. L’auto-drainage peut être pratiqué en complément.  » Tout le monde peut le pratiquer au quotidien, par exemple en regardant la télévision. Cette technique est surtout utile lorsqu’il faut amener la lymphe vers l’autre aisselle. « 

Les lymphoedèmes déclarés exigent un traitement plus intensif mais, ici aussi, les perspectives sont encourageantes.  » Il faut démarrer le traitement le plus rapidement possible, insiste Philippe De Paepe. Tant que la lymphe ne s’est pas encore nichée dans la graisse sous-cutanée, on peut la déloger par drainage manuel. Plus le gonflement est marqué, plus il est difficile de déplacer les amas de liquide. Dans le cas d’oedèmes complexes, il est souvent nécessaire d’associer un bandage et un manchon de soutien. Cette thérapie fonctionne sur environ trois quarts des lymphoedèmes installés. Si tel n’est pas le cas, il reste d’autres solutions. On dispose aujourd’hui de trois techniques opératoires pour ramener le bras à des proportions normales. « 

Une surveillance à vie

Lorsqu’on est atteinte de lymphoedème, il faut se surveiller à vie.  » Après le dégonflement vient une phase d’entretien : il faut prévoir des séances de drainage toutes les deux ou trois semaines, associées au port d’un manchon en journée. Il exerce une pression qui limite les récidives. « 

En cas de blessure ouverte, prudence aussi, car le lymphoedème augmente le risque d’infection et d’érésipèle.  » Le système lymphatique régule l’immunité. Quand celle-ci s’affaiblit, le risque d’infection augmente. Il faut savoir que l’érésipèle détruit les vaisseaux lymphatiques encore présents, précise Philippe De Paepe. Mais rester inactif pour éviter de se blesser n’est pas une bonne idée. L’activité physique stimule le drainage lymphatique. Un sport comme l’aviron, par exemple, où on alterne gestes amples et instants de repos est idéal pour activer la lymphe. « 

Les bons gestes

Levez régulièrement la main du bras gonflé pour aider la lymphe à s’écouler vers l’aisselle.

Portez des gants pour tout travail lourd ou pour faire du jardinage, afin de prévenir les risques de blessures.

Si vous vous couchez un moment ou faites une sieste, allongez-vous sur le côté du bras non gonflé. Cela aidera la lymphe à s’écouler dans la bonne direction.

Ne faites faire ni vaccin ni prise de sang dans le bras gonflé.

Pratiquez une activité physique, mais rien de trop intensif pour ne pas aggraver l’oedème.

Ne portez pas de vêtements trop serrés qui freinent l’écoulement de la lymphe.

Protégez votre bras de l’ensoleillement direct et de la chaleur. Si vous voulez faire un sauna, parlez-en à votre médecin et posez une serviette glacée sur votre bras.

Pour trouver des kinésithérapeutes formés au drainage, surfez sur www.mldv.be (Bruxelles et Flandre)

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