Le retour des maladies disparues

Choléra, tuberculose, coqueluche... Elles refont surface !

En matière de santé, rien n’est jamais acquis... Il y a vingt ans, sous nos latitudes, on pensait être débarrassé de la turbeculose. Pourtant, depuis 1993, elle regagne du terrain !

 » Le nombre de cas de tuberculose n’augmente pas spectaculairement, précise le Pr De Schrijver. Je parlerais plutôt d’un ralentissement du recul de la maladie. Certains changements sociétaux donnent un second souffle aux agents pathogènes de la tuberculose (TBC). Je pense, par exemple, à la plus grande fréquence des voyages. En outre, les infections par le VIH (le virus du sida) favorisent le développement des bacilles de la TBC dans la mesure où ceux qui en sont atteints ont des problèmes immunitaires. Enfin, la TBC touche surtout les plus démunis : mauvaises conditions de logement, mégalopoles surpeuplées,...

Nous ne pourrons jamais éradiquer complètement les maladies infectieuses. Les maladies disparues finissent toujours par refaire surface. C’est le cours normal de la pyramide écologique. Comme nous arrivons désormais à combattre plus efficacement les maladies infectieuses, la population mondiale s’accroît mais cela favorise le développement des organismes à propagation rapide. Certaines maladies infectieuses ont disparu grâce à la vaccination mais notre mode de vie offre également des conditions propices au développement d’autres maladies. « 

La coqueluche

 » La coqueluche était très courante avant les années 60, précise le Pr De Schrijver. La vaccination généralisée l’avait presque rayée de la carte, mais elle a refait surface aux Pays-Bas, au début des années 90. On a d’abord attribué cela au fait que, pour des raisons religieuses, on se vaccine moins aux Pays-Bas que chez nous. Mais le nombre de cas augmente également en Belgique. « 

Comme la plupart des cas de coqueluche se sont déclarés dans la province d’Anvers, une région fort prisée par nos voisins d’outre-Moerdijk, on suppose que ce sont eux qui ont importé la maladie sur notre territoire. Mais cela n’explique pas tout. De toute évidence, le vaccin ne suffit pas à assurer l’immunité à vie. Comme la coqueluche avait pratiquement disparu, nos anticorps n’ont plus été sollicités, rendant, par exemple, les personnes âgées plus sensibles à cette maladie. La coqueluche a également refait son apparition dans les crèches, où les enfants les plus jeunes ne sont pas encore complètement protégés parce qu’ils ne sont pas encore en ordre de vaccination. Les experts préconisent donc des vaccinations de rappel pour les adultes.

La syphilis et la gonorrhée

Jusqu’à la découverte de la pénicilline, la syphilis provoquait des malformations et tuait de nombreuses personnes. En Belgique, dans les années 90, la maladie ne représentait plus qu’une trentaine de cas par an. Désormais, on en dénombre environ 300.  » Après un certain temps, on finit par oublier les comportements préventifs et c’est probablement une des causes du retour de la syphilis et de la gonorrhée, explique le Pr De Schrijver. En outre, ces affections sont encore assez courantes dans l’ancien Bloc de l’Est. « 

Le typhus

Le typhus figure dans le groupe 1 des maladies infectieuses qu’il faut déclarer. Au même titre que la peste, la polio et la rage, les cas doivent être notifiés aux autorités dans les 24 h.

 » Cette maladie ne se rencontre qu’en situation de misère extrême, indique le Pr De Schrijver. Lorsque des gens sous-alimentés vivent dans des conditions d’hygiène exécrables. La jeune Anne Frank, par exemple, est décédée du typhus dans le camp de Bergen-Belsen. « 

La fièvre typhoïde (classée dans le groupe 2 et donc à déclarer dans les 48 h) est très rare, même si l’on en observe encore des cas sporadiques dans notre pays.  » Ceux qui sont touchés sont souvent des voyageurs ayant séjourné dans un pays exotique, dans des conditions d’hygiène laissant à désirer. « 

La rage

Dès l’apparition des symptômes de la maladie, la victime (humaine ou animale) ne peut plus être secourue et la mort est inéluctable. En 2007, lorsqu’un vétérinaire a diagnostiqué un chien enragé à Beersel, un plan d’urgence a été appliqué. Heureusement, ceux qui avaient été en contact avec l’animal n’ont pas été contaminés et on n’a détecté aucun cas de rage chez les animaux sauvages. Ce chien avait été importé d’un pays où la vaccination n’est pas obligatoire. Depuis 2001, la rage a en principe disparu du territoire belge mais de tels incidents prouvent que la sécurité est très relative.

La polio

La polio a pratiquement disparu de la surface du globe, raison pour laquelle sa réapparition au Nigeria, il y a quelques années, a provoqué un certain émoi. Surtout aux Pays-Bas qui recensent des habitants d’origine nigériane et des villages où, pour des raisons religieuses, presque personne ne se fait vacciner. Ces craintes ne se sont heureusement pas concrétisées. En Belgique, le dernier cas de polio a été recensé en 1958 et cette maladie est quasi éradiquée, comme la variole contre laquelle on vaccine depuis 1760 !

La diphtérie et le tétanos

Avant les vaccinations généralisées des nouveaux-nés contre la diphtérie et le tétanos, on dénombrait encore des milliers de cas. Ces maladies ont aujourd’hui pratiquement disparu.

La gale

 » Au Moyen-Âge, presque tout le monde souffrait de la gale, mais aujourd’hui on ne la rencontre plus que dans les hôpitaux et les maisons de retraite. En dehors du milieu familial, la gale se propage par les gants de toilette ou les draps de lit, ou parfois encore par le personnel soignant.

Il faut en général attendre longtemps avant l’apparition des symptômes, notamment en maison de retraite où les pensionnaires prennent souvent des médicaments contre les démangeaisons. C’est bien entendu une bombe à retardement, qui n’éclate que lorsque tout le monde est contaminé. « 

Le choléra

 » Le choléra apparaît généralement dans des zones touchées par une catastrophe naturelle ou par la guerre, précise le Pr De Schrijver. Il y a un an et demi, on a soigné un groupe de six touristes anversois qui avaient fait un périple en Turquie, mais la maladie aurait disparu de ce pays également. « 

Dans le reste du monde

Au Canada
On s’efforce d’endiguer une épidémie d’oreillons chez les jeunes, qui n’ont apparemment pas été suffisamment vaccinés.

Aux U.S.A.
La fièvre rouge fait irruption le long de la frontière avec le Mexique. Les moustiques vecteurs de germes pathogènes supportent de mieux en mieux des températures plus fraîches.

Au Brésil
On a lancé une campagne de vaccination contre la fièvre jaune, après le retour de la maladie.

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