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Le pouvoir incroyable de l’immunothérapie contre le cancer

L’arrivée de l’immunothérapie contre les cancers dits incurables, comme les mélanomes et les tumeurs pulmonaires, est étonnante. Les chances de survie augmentent de manière spectaculaire et l’espoir ne cesse de grandir. Mais il faut également accorder une grande attention au bien-être psychologique du groupe croissant de survivants.

L’immunothérapie fait référence à un groupe de méthodes de traitement dans lesquelles nos cellules immunitaires sont activées pour attaquer et éliminer les cellules tumorales. Depuis deux ans, elles sont également utilisées aux Pays-Bas pour le traitement de certains cancers extrêmement agressifs tels que les mélanomes cutanés, le cancer du poumon et les lymphomes non hodgkiniens. Pour de nombreux patients aux pronostics pessimistes, la chance a tourné, grâce aux immunothérapies, ont expliqué des experts, le Pr. Bart Neyns (oncologie UZ Brussel) et le Pr. Thierry Pieters (onco-pneumologue UCL) lors d’une conférence parlementaire sur l’immunothérapie.

Condamnation à mort

« Il y a une dizaine d’années, un diagnostic de mélanome métastatique signifiait une condamnation à mort certaine. Mais grâce à la science, nous avons acquis de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de notre système immunitaire. Il est devenu possible d’intervenir et d’activer les bonnes cellules immunitaires sans nuire aux bonnes cellules du corps », ajoute le Pr. Bart Neyns. Les immunothérapies fonctionnent selon différents principes. Par exemple, il existe une forme dans laquelle des anticorps spécifiques sont administrés et sont capables d’éliminer le frein naturel des cellules immunitaires. En conséquence, ils peuvent mieux reconnaitre et attaquer les cellules cancéreuses. C’est ce type-là qui a donné des résultats très prometteurs dans le traitement des cancers ces dernières années.

« Les derniers résultats dépassent toutes nos attentes. Chez environ 40% des patients traités avec un mélanome, la tumeur a rétréci, et chez 10 à 15% d’entre eux, elle est même complètement guérie. Près de 30% voient la tumeur ne plus se développer, et cela plus de 5 ans après le traitement. Grâce à ces traitements, le taux de survie a augmenté de manière spectaculaire: environ 70% contre 10% avant l’arrivée de l’immunothérapie », explique Neyns.

Biomarqueurs et approche combinée

Les spécialistes du cancer du poumon partagent également ce vent d’optimisme. Les études les plus récentes indiquent une diminution de mortalité d’environ 50%. « Ce n’est que le début d’un tsunami, car il existe encore des centaines de nouveaux types d’immunothérapies en cours de développement », explique le Pr. Thierry Pieters. « Cependant, cette approche ne fonctionne pas avec tout le monde. A l’avenir, il s’agira d’identifier de meilleurs biomarqueurs afin de savoir qui est plus susceptible de répondre favorablement à cette thérapie. Un principe directeur ici est la mesure dans laquelle les cellules malignes mutent. »

L’avenir du traitement contre le cancer sera celui des thérapies combinées, dans lesquelles les immunothérapies et les traitements plus classiques comme la chimiothérapie et la chirurgie vont de pair ou se complètent. Divers tests et études à ce sujet sont en cours.

Stress post-traumatique

Davantage de personnes survivent, mais coment retrouve-t-on le fil de notre vie après avoir frôlé la mort ? « Un tel traumatisme est très ancré mentalement, et ce à plusieurs niveaux. Les survivants courent un risque accru de problèmes à la fois neuro-cognitifs et psychologiques », souligne la Dr. Anne Rogiers, psychiatre (CHU Brugmann), qui mène des recherches sur le bien-être psychologique des patients cancéreux suivant une immunothérapie. « C’est le résultat à la fois de la maladie elle-même (par exemple les métastases cérébrales) et du traitement. En immunothérapie, il existe également une interaction très complexe entre notre système immunitaire activé, le stress et les aspects psychologiques et émotionnels. Par exemple, il semble que l’immunothérapie influence le fonctionnement de la mémoire et de la concentration, qui sont plus régulièrement perturbées par la suite. L’angoisse leur est plus commune que les sentiments dépressifs. Chez un certain nombre de personnes – en particulier celles ayant reçu un diagnostic « sans espoir » – nous avons remarqué un syndrome de stress post-traumatique à cause de la peur de mourir. Heureusement, cela est réversible mais nécessite une approche spécifique, différente de la dépression. Pour certains, cela peut même conduire à des pensées suicidaires. » Rogiers appelle donc à une meilleure attention et à des soins multidisciplinaires adaptés.

Traduction et adaptation: Olivia Lepropre

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