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Le contrôle pour le remboursement de médicaments cause problèmes

En avril dernier, il a été décidé de renforcer les contrôles sur les demandes d’attestations qui donnent droit au remboursement. A cause de ces contrôles plus stricts, les demandes sont approuvées avec de plus en plus de retard (voire rejetées). Des dizaines de milliers de patients chroniques sont aujourd’hui confrontés à ce problème.

Certains médicaments chers (pour le traitement du diabète, des troubles cardiaques, du cancer, de l’épilepsie, de la maladie d’Alzheimer, etc.) ne sont, pour des raisons médicales ou budgétaires, remboursés que sous certaines conditions bien spécifiques. En avril dernier, il a été décidé de renforcer les contrôles sur les demandes d’attestations qui donnent droit au remboursement. Les autorités veulent ainsi économiser 20 millions d’euros. Les mutualités ont donc été priées de passer les demandes d’attestation à la loupe. A cause de ces contrôles plus stricts, les demandes sont approuvées avec de plus en plus de retard (voire rejetées), ce qui entraîne beaucoup de problèmes.

Problème aigu

Les patients chroniques ont besoin de leurs médicaments parce que leur traitement ne peut pas être interrompu. Mais que doivent-ils faire si leur attestation de remboursement se fait attendre ? Des dizaines de milliers de patients sont aujourd’hui confrontés à ce problème. Dans un récent courrier des lecteurs adressé à la Dernière Heure, une patiente d’un certain âge témoignait :  » Avant, je recevais l’attestation au bout d’une dizaine de jours. Actuellement, je dois attendre 2 à 3 mois, avec le risque que je dois payer l’entièreté du prix du médicament en pharmacie. Les responsables se rendent-ils bien compte à quel point ils nous rendent la vie difficile ? « 

Ce problème est surtout aigu dans les quartiers défavorisés. Les personnes qui n’ont qu’une petite pension pour vivre, par exemple, ne peuvent pas payer elles-mêmes le prix plein de ces médicaments (très) chers. « Que faites-vous alors en tant que pharmacien ? Renvoyez-vous le patient chez lui les mains vides avec pour conséquence une interruption de son traitement ? », se demande l’Association Pharmaceutique Belge (APB).


« 90% des pharmaciens s’y refusent et délivrent quand même le médicament en ne faisant payer que le ticket modérateur. C’est alors à eux d’avancer la quasi totalité du prix dans l’attente de l’attestation. Ils le font dans l’intérêt du patient, même si cela peut leur coûter très cher. En effet, si l’attestation est refusée, l’argent avancé est perdu. Ces derniers mois, les délais d’attente ne cessent de s’allonger et les pharmaciens avancent de plus en plus d’argent. Comme il s’agit la plupart du temps de médicaments très chers, les montants dus sont importants.

L’enquête nationale menée auprès de 414 pharmacies, montre que les montants concernés sont considérables : 1.625 euros en moyenne par pharmacie (avec un ‘record’ de 15.000 euros !). Si vous extrapolez ces chiffres aux 5.062 pharmacies belges, vous obtenez un crédit gratuit de plus de 8 millions d’euros !

Cette situation est devenue intenable pour les pharmaciens. Car le dilemme est insupportable. De plus en plus, des pharmaciens se voient contraints de couvrir leurs risques (comme l’exige d’ailleurs la législation) en réclamant la totalité du prix. Mais la continuité des soins est alors menacée, de nombreux patients n’ayant pas les moyens de payer leurs médicaments au prix plein », conclut l’APB.

Onkelinx réagit

« En effet, on part du principe que si un patient ne rentre pas dans les conditions de remboursement, c’est soit que le médicament concerné ne sert à rien pour lui, soit qu’il en existe un autre moins cher qui peut lui convenir parfaitement », selon la ministre Laurette Onkelinx. Face aux critiques de l’APB, elle répond qu' »effrayer les patients en prétendant qu’ils sont ‘abandonnés à leur sort’ est excessif et inexact ».
« Les mutuelles, qui elles aussi sont soumises à des restrictions budgétaires, assument ces nouveaux contrôles le mieux possible », a assuré la ministre, invitant les médecins qui expriment leurs difficultés face à des demandes qui leur semblent excessives de la part des mutuelles d’en informer le Collège Intermutualiste National.

La ministre a rappelé que les pharmaciens reçoivent une marge économique de 6% du prix d’achat du médicament pour couvrir les frais de stockage et le préfinancement. Selon elle, « en cette période où des choix budgétaires très difficiles doivent être faits, on ne peut remettre en cause des mesures d’économie indispensables à la maîtrise des coûts des soins de santé, particulièrement dans les médicaments ».

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