La qualité de vie des patients cancéreux

Le cancer se mue de plus en plus en maladie chronique. D’où la nécessité de prêter attention à la qualité de vie de ces patients, en tentant notamment de mieux contrôler les effets secondaires des traitements.

Après les traitements, certains patients cancéreux éprouvent des problèmes de concentration. Même chose durant les chimiothérapies, qui provoquent elles aussi des soucis de mémoire.

 » Les symptômes cognitifs se manifestent durant la cure de chimiothérapie « , précise Jan B. Vermorken (UZA).  » Les principaux symptômes rapportés par les patients sont la difficulté de trouver ses mots, celle de faire plusieurs choses en même temps, les pertes de mémoire et les problèmes d’apprentissage. En général, ces symptômes touchent environ 20 à 30% des patients sous chimio, mais leur fréquence et leur gravité peuvent s’avérer plus élevées en présence d’autres facteurs comme une anémie, du stress ou encore la prise d’antidouleurs qui entraine somnolence et fatigue. Une dépression peut également se développer, ce qui ne fait que peser davantage sur la qualité de vie. « 

Les thérapies pour traiter ces défaillances cognitives n’existent pas encore.  » Les dépressions peuvent bien sûr être traitées au moyen de médicaments et par un soutien psychologique. « 

Plaintes spécifiques homme/femme

Les problèmes sexuels se manifestent souvent chez les (anciens) patients cancéreux et leur impact sur la qualité de vie n’est certainement pas à sous-estimer.  » Les chimiothérapies peuvent non seulement altérer les fonctions sexuelles des hommes et des femmes, mais aussi causer une perte d’envie ou de libido. En marge d’une série de tests de laboratoire menés pour détecter les modifications hormonales, l’encadrement et la délivrance de conseils d’ordre sexuel sont souvent recommandés, tant pour soutenir le patient que son partenaire.  » Dans le cas du dysfonctionnement érectile, certains médicaments favorisant l’érection peuvent offrir une solution.  » Mais mieux vaut en discuter au préalable avec son médecin traitant ou son généraliste « , conseille l’oncologue.
 » Les femmes peuvent souffrir de sécheresse vaginale, ce qui rend les rapports douloureux. Ce problème peut être résolu facilement avec des lubrifiants. En cas de bouffées de chaleur, la venlafaxine permet de soulager la patiente. Le recours aux hormones – toutes formes confondues – ne doit être envisagé qu’en étroite concertation avec le spécialiste. Dans certaines formes de cancers, ces produits ne sont absolument pas recommandés. « 

Tant les hommes que les femmes doivent être vigilants et utiliser un moyen de contraception adéquat. Les femmes toujours fertiles doivent continuer à prendre leur contraceptif trois à six mois après leur traitement. Même quand c’est le partenaire qui suit une chimio, un moyen de contraceptif temporaire doit lui aussi être prévu.

Médicaments en vente libre (OTC), vitamines et compléments

Des études indiquent qu’environ la moitié des patients cancéreux consomment des vitamines et des minéraux pour augmenter leur résistance. Les compléments alimentaires ont aussi la cote. Disponibles en vente libre, ces produits peuvent-ils vraiment être combinés à un traitement anticancéreux ?  » Lorsque nous demandons aux patients la liste des produits qu’ils consomment, ils pensent automatiquement aux médicaments prescrits. Pourtant il est important que les patients précisent également les autres produits (OTC non prescrits). Beaucoup de ces substances peuvent en effet avoir des interactions avec les traitements anticancéreux « , insiste le Professeur Vermorken.

Les oncologues doivent de plus en plus composer avec des produits à index thérapeutique étroit.  » Les doses actives et toxiques sont très proches l’une de l’autre. Nous combinons généralement ce type de médicaments pour obtenir le plus grand effet possible. Si l’on choisit un médicament dont on connait moins les interactions, on prend évidemment aussi des risques.  » Il peut s’agir d’une réaction pharmacologique directe, mais certaines préparations à base de plante peuvent par exemple aussi avoir un impact sur les systèmes enzymatiques du corps qui sont impliqués dans la transformation ou la dégradation des médicaments ou du système de transport. Cela peut entrainer une trop faible concentration du médicament anticancéreux, qui peut passer inaperçue parce que les agents anticancéreux classiques ne fonctionnent pas toujours. On peut aussi aboutir à une concentration trop élevée. « 

Interactions

Plusieurs OTC entrainent une série d’interactions.  » Les AINS donnés en combinaison avec du méthotrexate peuvent entrainer une plus grande toxicité du méthotrexate. La consommation de multivitamines en parallèle de certains schémas de chimiothérapie contenant du platine peuvent engendrer une toxicité au niveau des reins. Ils est aussi déconseillé de combiner des antioxydants comme les vitamines C et E avec des cytostatiques. Ces antioxydants peuvent également annuler l’action de certains agents chimiothérapeutiques courants. Les patients sous traitement anti-oestrogènes doivent éviter de prendre des phyto-oestrogènes, car ces derniers peuvent diminuer l’effet des anti-oestrogènes. Il y a encore bien d’autres exemples. « 

Ces interactions de nombreuses vitamines et préparations à base de plantes (Complementary/Alternative Medicine ou CAM) avec les médicaments anticancéreux sont actuellement insuffisamment étudiées.  » Une plateforme pour les oncologues – oncotherapie.nl – a publié récemment un article sur le nombre de nouvelles interactions connues avec un tableau en résumant les principales. « 

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