La polyarthrite rhumatoïde : nouveaux remèdes

l n’y a pas si longtemps, la polyarthrite rhumatoïde se traduisait par des déformations articulaires invalidantes. Aujourd’hui, de nouveaux moyens ont radicalement changé sa prise en charge.

Pas facile de faire ses lacets ou de signer un document avec une main aux articulations déformées... Etre atteint de polyarthrite rhumatoïde était, il y a peu encore, synonyme d’une perte considérable de qualité de vie, voire de handicap, lorsque la maladie avait déformé mains, pieds, épaules, coudes ou chevilles du patient. Un malade sur deux était incapable de garder une activité professionnelle. Mais la prise en charge de la polyarthrite a considérablement évolué. L’objectif premier est, aujourd’hui, de freiner la progression de la maladie, mais aussi de viser la rémission.

Une maladie inflammatoire

 » Beaucoup pensent que la polyarthrite est liée à l’âge, ce n’est pas le cas, souligne le Pr Patrick Durez, rhumatologue aux Cliniques Saint-Luc, à Bruxelles. Ce n’est pas une maladie dégénérative mais inflammatoire ! La polyarthrite est une maladie auto-immune : le système immunitaire, au lieu de défendre l’organisme contre les agressions extérieures, s’attaque aux articulations. Cela se traduit par une inflammation de la synoviale, la paroi de l’articulation. Cette inflammation conduit à la destruction progressive de l’articulation. La maladie est chronique et progressive, avec des poussées parfois très agressives.  » Principales articulations concernées : mains et pieds, souvent symétriquement (les deux côtés atteints).

Pas de cause, mais des facteurs

Trois facteurs pourraient favoriser son émergence.  » Il y aurait un facteur d’environnement (virus, antigène... à ce jour inconnu), des facteurs génétiques et le fait d’avoir un système immunitaire particulièrement réactif. »

Près d’1 % de la population souffre de polyarthrite, les femmes sont trois fois plus touchées.  » On constate chez elles deux pics d’incidence : après la première grossesse, et après la ménopause. Y a-t-il un facteur hormonal favorisant ? Possible, mais nous savons toutefois qu’il n’y a pas  » une  » hormone responsable de la polyarthrite. « 

Douleur et raideur

La maladie se traduit d’abord par des douleurs articulaires matinales, accompagnées de raideurs.  » On a du mal à se mettre en route explique le Pr Durez. Le patient développe des gonflements articulaires, voire des déformations. Il est important de consulter pour évaluer la maladie. Car l’approche thérapeutique précoce est essentielle : plus tôt on identifie la maladie, plus tôt on peut adapter un traitement protégera les articulations et donnera un soulagement rapide. La destruction articulaire survient au cours des deux premières années de maladie. « 

 » La raideur inflammatoire est très invalidante : certains gestes courantes deviennent de plus en plus difficiles. Le malade peut développer une impotence fonctionnelle selon le degré d’inflammation et de destruction articulaire. Grâce à des questionnaires, nous pouvons l’évaluer. « 

Parmi les autres symptômes de la polyarthrite, il y a la fatigue :  » Un découragement, voire une dépression. Autre difficulté, la maladie est invisible : avoir mal, ça ne se voit pas, pour les proches. « 

Diagnostic en plusieurs points

 » Il y a d’abord l’anamnèse (interrogatoire du patient), puis l’examen clinique, dans lequel on compte le nombre d’articulations douloureuses et d’articulations gonflées, et on en inspecte les structures. On réalise aussi un examen systémique, car la polyarthrite peut s’accompagner de manifestations extra-articulaires : atteintes pulmonaires, oculaires, cardiovasculaires, etc. Une prise de sang permet de rechercher les composants biologiques inflammatoires et les auto-anticorps. Enfin, la radiographie est essentielle pour rechercher les signes inflammatoires et les destructions articulaires. » Le patient gagne à exprimer clairement ce qu’il ressent.  » Je dis toujours que la polyarthrite, c’est une prise en charge à deux, entre le malade et le médecin « .

A chacun son traitement

La polyarthrite ne se présente pas de la même manière chez tout le monde : « Elle est hétérogène : il faut évaluer son intensité et son évolution, ne pas donner un traitement intensif directement, si ce n’est pas nécessaire. Les traitements intensifs sont réservés aux formes rapidement évolutives, où l’inflammation est permanente et la destruction articulaire précoce. « 

Un traitement en plusieurs volets :

  • traitement symptomatique : soulager la douleur avec antalgiques, anti-inflammatoires, ou cortisone à faibles doses.
  • traitement de fond : le Méthotrexate dont le but est de freiner la maladie. D’autres médicaments sont parfois associés. Si le patient ne répond pas bien au traitement, on modifie celui-ci.
  • les infiltrations : ces injections de corticoïdes dans l’articulation agissent rapidement sur l’inflammation et sur la douleur. On ne peut en avoir que 3 ou 4 fois par an.
  • larééducation : quand la maladie est équilibrée, le malade peut bénéficier de rééducation fonctionnelle pour limiter la survenue des déformations, entretenir les articulations et d’empêcher la raideur.

Médicaments biologiques

Ces médicaments récents agissent directement sur le système immunitaire pour contrer de manière spécifique la protéine ou la cellule impliquée dans la réaction immunitaire excessive.  » Mais, à l’instar des médicaments pour le traitement de fond, ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. De plus, ayant une cible précise au sein du système immunitaire, reste à voir quel médicament est efficace pour le patient. »

Pour le moment, ces médicaments sont réservés aux malades sévères.  » Ce sont des traitements de deuxième intention, utilisés seuls ou en association avec le Méthotrexate. Ils sont efficaces, car 70 % à 80 % des malades y répondent, mais coûtent très cher : entre 15.000 et 20.000 euro par an, et ne sont remboursés que sous certaines conditions. « 

D’hier à aujourd’hui

« Voici 20 ans, on voyait la maladie évoluer. Aujourd’hui, on peut contrer l’évolution. L’approche est aussi plus intensive : dès le début un traitement est plus dosé. » Peut-on espérer une guérison totale ?  » Non, pour le moment, on parle de rémission. « 

Défis futurs à relever : diminuer les effets secondaires des traitements, trouver quel médicament a le plus d’effet pour un malade donné, espérer une rémission prolongée sans médicaments.

Où s’informer ?

  • Asbl Clair (Confédération de lutte contre les affections inflammatoires rhumatismales)
    tel. 0800 90 356 www.clair.be
  • Association Polyarthrite, Av. Hippocrate, 10, 1200 Bruxelles, tel. 02 764 35 08,www.arthrites.be
  • Facebook : l’association Polyarthrite a créé un groupe sur Facebook : tapez  » association polyarthrite « .
  • Société royale belge de rhumatologie www.srbr.be et tel. tel. 02 372 36 43

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