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La gueule de bois, ce mal de lendemain de fête

Mal de tête, palpitations, nausée... Les réveillons trop arrosés débouchent parfois sur des lendemains difficiles!

La veisalgie, plus communément appelée « gueule de bois », est un moment difficile à endurer, rythmé de céphalées pulsatiles, de palpitations, de nausées, d’une sensation de bouche sèche et/ou de difficultés à se concentrer... Si la cause première et les symptômes de cette affection sont faciles à déterminer, son mécanisme reste assez obscur.

« Peut-être l’explication qui prévaut aujourd’hui n’est-elle pas encore tout à fait correcte, confirme le Dr Bernard Dor, médecin alcoologue et généraliste. En tout cas, pour les céphalées, l’explication physiologique la plus solide consisterait en une déshydratation due à l’alcool, qui est diurétique. » Si l’effet déshydratant de l’alcool a un impact certain, il faut y ajouter d’autres facteurs qui restent à identifier, à en croire l’équipe interuniversitaire du Alcohol Hangover Researchgroup, qui planche sur le sujet depuis une dizaine d’années. Ces chercheurs ont découvert d’étranges particularités à la gueule de bois: elle atteint ainsi son apogée précisément au moment où l’alcool et ses métabolites ont été éliminés de l’organisme. Elle est aussi plus sévère chez les noceurs et buveurs chroniques que chez ceux qui se laissent rarement aller à un petit écart. Les grands consommateurs ne seraient donc pas « immunisés », que du contraire!

La sévérité et la prévalence de la gueule de bois varient suivant la quantité d’éthanol ingérée, bien sûr, mais aussi suivant les boissons consommées. À dose équivalente d’alcool, le vin et les spiritueux (surtout) causeraient davantage de fortes veisalgies que la bière, par exemple. En cause? La présence ou non dans le breuvage de sous-produits de la distillation, comme le méthanol, ou de certaines substances présentes dans les végétaux fermentés. L’ordre de consommation des boissons alcoolisée ne semble par contre voir aucun impact, démentant le proverbe flamand « Bier na wijn geeft venijn ».

L’EAU DE FEU

Nonobstant la céphalée, certains symptômes des « lendemains de veille » s’avèrent faciles à expliquer. C’est le cas des nausées. « Les gens qui souffrent de nausées après une bonne cuite parlent parfois de « crise de foie « , mais le foie ne se manifeste pas de la sorte, détaille Bernard Dor. L’alcool, comme on le dit familièrement, ça pique: au moment de l’ingestion, comme la perception est émoussée, on ne s’en rend plus toujours compte, mais cela peut provoquer des gastrites et une sensation de brûlure le lendemain. Or, la gastrite peut aussi provoquer des réflexes nauséeux, pouvant aller jusqu’au vomissement. »

On n’a pas encore identifié tous les facteurs à l’origine de la gueule de bois.

L’alcool est aussi connu pour provoquer des variations tensionnelles et de la tachycardie. « Le fait d’avoir été alcoolisé peut laisser une sensation que le coeur bat plus vite. Ce peut être bénin, mais une alcoolisation importante peut provoquer une fibrillation auriculaire intermittente ou chronicisée. Il faut faire attention si cela se prolonge, et ne pas hésiter à consulter, car ce peut être le moteur d’une embolie cérébrale. »

ATTEINDRE LA SATIÉTÉ

Les mécanismes de la gueule de bois étant encore en partie méconnus, il n’existe aucun traitement valable à celle-ci. Pour ne pas en souffrir, c’est donc en amont qu’il faut agir. « La meilleure façon d’éviter la gueule de bois, c’est d’essayer de se fixer une limite raisonnable, en fonction de la durée des festivités, confirme Bernard Dor. Par raisonnable, j’entends pas plus de quatre verres: buvez un grand verre d’eau ou de soft entre chaque verre d’alcool. De cette façon, vous atteindrez un certain sentiment de satiété en termes de volume. C’est la meilleure façon de ne pas trop boire, sans pour autant se sentir frustré. »

Et si, malgré tout, la veisalgie frappe à votre crâne le lendemain matin, buvez beaucoup d’eau et prenez votre mal en patience. En jurant qu’on ne vous y reprendra plus?

Les (dés)avantages de l’âge

À en croire un article du journal britannique Alcohol & Alcoholism, la gueule de bois deviendrait plus facilement supportable avec l’âge, notamment du fait que les occasions de s’alcooliser fortement se raréfient. Mais a contrario, en vieillissant, le corps devient plus vulnérable à l’ivresse. « Notre corps est composé d’une masse maigre, essentiellement musculaire, et d’une masse grasse, explique Bernard Dor. Avec les années, à poids égal, notre masse musculaire diminue tandis que la masse grasse augmente. Or, les boissons alcoolisées ne se diluent pas dans le gras: l’alcool va donc se répandre dans un espace restreint, ce qui va faire monter davantage l’alcoolémie. » En terme d’impact sur les neurones, la consommation d’alcool sera donc plus délétère, d’autant plus que les facultés cognitives peuvent se fragiliser avec l’âge.

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