La douleur n’est pas une fatalité !

Mieux comprise, la douleur postopératoire est aujourd’hui aussi mieux acceptée et mieux prise en compte par le corps médical.

Après l’opération, il y a le retour à la vie quotidienne. La douleur postopératoire, à ce titre, intéresse de plus en plus les soignants.

Un côté  » psy « 

Les médecins doivent-ils annoncer au patient qu’il aura mal ? Oui ! Car la douleur physique n’est pas seule à entrer en ligne de compte : la part psychologique joue un rôle. Inutile de dire  » tout ira bien, ça ne fait pas mal...  » : le patient gagne à savoir ce qui l’attend.  » Des études ont été faites sur ce point, explique Martine Lecocq, infirmière algologue au Centre hospitalier de Wallonie picarde (CHwapi), à Tournai. Un patient bien informé aura moins mal. » L’information permet de diminuer l’anxiété et le stress.

Après l’opération, prendre le temps d’écouter le patient a également une influence positive.  » S’il est écouté, la douleur diminue, même avant qu’il reçoive ses médicaments. Ce qu’il faut éviter, c’est de banaliser la douleur, dire  » Vous avez mal ? C’est normal !  » C’est important aussi d’écouter la personne parler de son vécu. « 

Les effets secondaires liés à la douleur

Faire diminuer la douleur n’est pas une simple question de confort, puisque celle-ci génère de nombreux effets secondaires.  » Plus vite vous la traitez, moins ces effets seront nombreux « , souligne Martine Lecocq.

Ainsi, la douleur postopératoire, qui est une douleur  » aiguë  » (elle survient juste après l’opération), peut se transformer en douleur chronique si elle n’est pas correctement prise en charge. Cette douleur chronique s’installe pour des mois, des années, sans que les traitements classiques ne parviennent à l’atténuer. Elle devient une véritable maladie, pèse sur le quotidien du patient, l’empêchant de mener une vie normale.

Un signal d’alarme

Utile, la douleur ? Oui, elle est là pour faire passer un message, comme un signal d’alarme.  » Une douleur postopératoire qui dure nous indique que quelque chose ne va pas, explique Martine Lecocq. Il y a sans doute saignement, infection, etc. Nous allons investiguer pour poser un diagnostic. Mais une fois qu’on a trouvé ce qu’on cherche, la douleur n’a plus de raison d’être et il est indispensable de la traiter au plus vite. « 

Ne pas attendre

 » Ça ne sert à rien d’attendre que la douleur devienne insupportable, rassure Martine Lecocq. Dans certains cas, on commence dès avant l’intervention, en donnant des anxiolytiques. Ce qui permet au patient d’arriver plus décontracté. Pendant l’intervention, on peut donner des anti-inflammatoires qui limitent l’étendue de la zone douloureuse, ce qui crée moins de problèmes par la suite. Enfin, si on sait que l’intervention sera douloureuse, on prévoit tout de suite des médicaments. « 

La prise en charge postopératoire couvre d’une part les douleurs nociceptives (lésions tissulaires) et les douleurs neuropathiques (lésions du système nerveux).  » La prise en charge médicamenteuse n’est pas la même, mais après une intervention, ces deux types de douleurs sont en général présents, donc on combine les deux types de médicaments. « 

Des techniques de plus en plus performantes

Les protocoles varient d’une intervention à l’autre et les solutions sont nombreuses. Parmi les médicaments les plus connus, la morphine est, selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un antalgique de palier 3, le plus élevé.

L’effet secondaire le plus courant est la nausée, elle retarde parfois le transit, et surtout, chez les personnes âgées, elle est susceptible d’avoir un effet dysphorisant (hallucinogène). »

La pompe PCA : un des moyens d’administration de la morphine est la pompe PCA, contrôlée par le patient. Grâce à ce système, la morphine est distribuée en continu. Si la douleur devient trop importante, le patient appuie sur une poire qui augmente la dose de produit.  » Le patient gère ainsi lui-même sa douleur.  » Pour réduire la dose nécessaire de morphine, et donc ses effets secondaires, les anesthésistes utilisent parfois le concept d’analgésie balancée, soit la combinaison de plusieurs analgésiques.  » Si le terrain est ainsi préparé, avec une douleur attaquée par différents moyens, la morphine sera efficace à une dose plus faible « , souligne le Dr Brouillard.

L’anesthésie locorégionale : autre technique pour la douleur de mouvement, l’anesthésie locorégionale, qui reste en place après l’opération et insensibilise une partie du corps, grâce à un anesthétique local. Elle peut se faire en péridurale, pour les interventions du ventre, du thorax, par ex., ou grâce à des cathéters nerveux périphériques, en orthopédie.

 » On arrive à bloquer les fibres sensitives qui transmettent la douleur, sans avoir de blocage moteur. Le malade peut bouger son pied opéré sans avoir mal. Il est important qu’il bouge rapidement : une prothèse de genou, par exemple, qu’on fait bouger 12 heures après l’intervention a beaucoup moins de risques d’adhérences que si elle bouge après 4 ou 5 jours.

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