La cécité, un des handicaps les plus contraignants

Les Belges connaissent mal les déficiences visuelles et sont nombreux à s’inquiéter de la possibilité d’en souffrir eux-mêmes un jour, selon une enquête de l’ONA (Oeuvre nationale des aveugles).

Plus de six Belges sur dix imaginent selon ce sondage la cécité comme étant un handicap compliquant considérablement le quotidien des personnes qui en sont atteintes. Ils placent ainsi la cécité en première place des handicaps les plus contraignants au quotidien, largement devant la surdité et le mutisme mais aussi légèrement au-dessus du handicap moteur ou mental.

Ce regard des Belges sur la déficience visuelle explique sans doute leurs craintes. Sur les 602 personnes majeures interrogées, 72% se déclarent inquiètes du fait de pouvoir devenir un jour malvoyant. « De plus en plus de Belges souffrent d’une déficience visuelle », précise Jean-Marie Doumont, directeur général de l’Oeuvre Nationale des Aveugles. « C’est simplement dû à l’espérance de vie grandissante. Les jeunes (18-35 ans), qui ont aujourd’hui des grand-parents très âgés mais toujours en vie et potentiellement atteints de malvoyance, sont directement confrontés aux difficultés de la malvoyance au quotidien. Cela explique sans doute leur « taux d’inquiétude » (71%), similaire à celui des plus de 56 ans (74%) qui sont pourtant davantage concernés par la déficience visuelle. »

Les sondés estiment que les pouvoirs publics ne sont pas assez attentifs aux personnes déficientes visuelles (78%) et que celles-ci ne sont globalement pas très bien intégrées dans la société (64%). Ils semblent paradoxalement peu enclins à proposer eux-mêmes leur aide aux malvoyants qu’ils croisent en rue. Ils ne sont que 28% à déclarer aller spontanément vers les passants malvoyants ou aveugles pour les aider.

Il apparaît enfin que 32% de la population pense que la malvoyance équivaut à être aveugle, un pourcentage « inquiétant » selon M. Doumont. « Nous nous concentrons surtout sur nos actions d’intégration envers les personnes malvoyantes (accompagnement d’élèves, bibliothèque, aides administratives...), et avons peut-être trop laissé de côté le ‘faire savoir' », explique-t-il. « Nous allons renforcer nos démarches de sensibilisation. » Le directeur évoque des situations parfois cocasses qu’il observe en rue, de passants confrontés à des personnes aveugles qu’ils ne savent pas comment aider de manière adéquate.

Si le directeur général de l’ONA admet que tout est toujours question de budget, forcément limité, il ne se dit pas déçu des pouvoirs publics. « Nous sentons qu’il y a une conscientisation. Les autorités sont à notre écoute et savent ce qu’il reste à faire pour favoriser par exemple la mobilité des personnes malvoyantes et aveugles. Je pense à la gare de Namur, dans laquelle de gros investissements ont été consentis pour la rendre accessible à tous. La Belgique est toutefois à la traîne en ce qui concerne ses infrastructures. »

L’ONA, uniquement active en Communauté française, pointe également la limite des 65 ans fixée pour la participation des pouvoirs publics à l’achat d’outils d’aide quotidienne. « Une personne reconnue malvoyante avant ses 65 ans pourra bénéficier d’aides pour équiper sa maison d’appareils adaptés (TV-loupe, ...). Une personne reconnue malvoyante sur le tard n’aura rien. C’est du tout ou rien et ce n’est pas l’idéal, mais nous savons qu’étendre les aides est tout simplement impayable pour les autorités ».

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