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L’homéoptahie, du champ au flacon

Pratique datant de la nuit des temps et toujours populaire aujourd’hui, l’homéopathie semble bien mystérieuse. Comment les gouttes, les teintures et les onguents sont-ils préparés ? Pourquoi secouer, macérer, dynamiser ? Du calendula au flacon, voici comment cela se passe.

L’histoire commence dans les champs bucoliques de la campagne drômoise, dans le midi de la France, où David Vieux cultive du calendula bio. Il est un des fournisseurs d’une société de médicaments homéopathiques qui transforme sa production en onguents, baumes et gouttes de toutes sortes.

1. Cueillette à la main

La fleur de souci ou calendula est une plante polyvalente et peu exigeante, qui se cultive facilement et se récolte sur une longue durée. Pourvu qu’il fasse assez chaud et pas trop humide, les fleurs se récoltent dès le printemps et tant qu’il ne gèle pas. La cueillette se fait entièrement à la main afin de froisser le moins possible les pétales fragiles.

Son abondante floraison est une bénédiction car le calendula compte de nombreuses propriétés médicinales. Riche en antioxydants (carotène, polyphénols, flavonoïdes), il s’utilise pour soigner les petits comme les gros problèmes de santé grâce à ses propriétés désinfectantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires. Ses qualités exceptionnelles avaient déjà été remarquées par Hildegarde von Bingen, une moniale naturaliste du Moyen-Âge, qui les a décrites dans un ouvrage réputé.

Rien d’étonnant donc à ce que la plante s’utilise en homéopathie. Pour entrer en considération, les fleurs doivent répondre à des critères bien précis. Elles doivent être issue de culture biodynamique, suffisamment éloignée des grands axes routiers et des industries polluantes pour éviter que leurs propriétés ne soient altérées par la pollution de l’air.

L'homéoptahie, du champ au flacon
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2. Contrôle botanique

Les pétales colorés fraîchement cueillis sont chargés le jour même dans des camions réfrigérés et acheminés vers le site de production de haute technologie de la société homéopathique à une centaine de km de Lyon pour être transformés dans les plus brefs délais. Autant la culture est artisanale, autant la préparation du remède homéopathique est industrielle. Les normes d’hygiène applicables à l’usine sont aussi strictes que celles imposées aux autres sociétés de production pharmaceutique et alimentaire.

Dès leur arrivée, les pétales sont soumis à un contrôle botanique approfondi quant à leur fraîcheur, leur taux d’humidité et leur radioactivité. C’est plutôt rare mais il arrive que les plantes et les fleurs aient subi une contamination radioactive. Dans ce cas, ils sont donc directement écartés.

3. Mélange

La suite des opérations tient à la fois du processus industriel automatisé et du savoir-faire artisanal. Une fois approuvées, les fleurs sont, comme toutes les autres matières premières, pesées et triées afin d’éliminer toutes les impuretés. Un échantillon est introduit dans la machine qui mesure la teneur en humidité et qui, en fonction du résultat, évalue la quantité d’alcool et d’eau purifiée à ajouter pour produire la teinture mère, une solution très concentrée qui conserve toutes les propriétés de la plante. Les pétales sont ensuite déchiquetés et le mélange plantes – solution hydroalcoolique est acheminé dans la zone macération.

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4. Remuer et secouer

Le mélange est mis à macérer dans des grandes cuves en inox fermées pendant plusieurs semaines. Les préparations homéopathiques ont ceci de particulier que le brassin dans les cuves doit être agité à intervalles réguliers pour une meilleure imprégnation. Cette manipulation peut sembler bizarre mais selon les directives de la pharmacopée homéopathique, le fait de secouer et de remuer stimule les plantes à libérer un maximum de leurs propriétés bienfaisantes dans la solution hydroalcoolique.

5. Presser, filtrer et dynamiser

Au bout de 10 à 30 semaines ponctuées de nombreuses agitations, le mélange est transféré dans une presse qui filtre plusieurs fois la solution trouble jusqu’à obtenir un liquide clair appelé teinture mère. Celle-ci est plusieurs fois contrôlée pour s’assurer de la concentration suffisante de substances actives, une étape importante car l’homéopathie repose sur le principe des dilutions successives.

6. Compléments alimentaires et cosmétiques

Une fois la teinture mère de calendula à forte concentration est approuvée, la préparation de base peut servir à la préparation de compléments alimentaires et de cosmétiques. La crème, la mousse et le baume labial apaisent les peaux irritées et sèches. Les gouttes d’extraits de calendula facilitent la digestion, améliorent la circulation sanguine et stimulent le foie.

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Combien de substances actives?

La quantité précise de substances actives présentes dans le produit final varie en fonction du nombre de dilutions. La dynamisation, à savoir la dilution progressive des substances concentrées (teinture mère) dans l’eau et l’alcool, est une technique propre à l’homéopathie et chaque dilution est soumise à des mouvements de va-et-vient. Comme leur efficacité finale n’est pas scientifiquement prouvée, les médicaments homéopathiques sont sujets à controverse. La médecine traditionnelle dénonce le manque de preuves scientifiques.

Nous avons visité les laboratoires Boiron en France.

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