Incontinence : il existe des solutions

Le problème des fuites urinaires reste tabou. Des soins existent et sont efficaces : pourquoi souffrir inutilement ?

Les fuites urinaires, problème largement répandu, ne sont pas encore abordées de la bonne manière, explique le professeur Jean-Jacques Wyndaele, urologue à l’hôpital universitaire d’Anvers. Une femme sur six de plus de 30 ans y est confrontée. Ce pourcentage grimpe à une sur cinq après la ménopause. La majorité de ceux qui en souffrent n’osent pas en parler. Or, si ce souci n’est pas jugé important car on n’en meurt pas, il ne doit jamais être considéré comme normal. »

Myriam Rigole, infirmière en chef à la Croix jaune et blanche pense que les infirmiers à domicile sont idéalement placées pour contribuer à lever le tabou. « Beaucoup de patients se privent des soins nécessaires par honte ou manque d’information. »

Ni sale ni repoussant

« Dans notre société, aller aux toilettes est considéré comme un acte sale et repoussant. Il n’est pas évident de trouver des informations correctes et complètes.C’est pourquoi, j’ai créé l’association Pirus, dit Conny, patiente concernée. Outre les infos sur les traitements, nous informons sur les interventions financières possibles. Car l’incontinence a un impact financier lourd. »

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En parler... absolument

« Ne subissez pas en silence, martèle Jos Desmedt, généraliste. Parlez-en à votre médecin. C’est une erreur de la considérer comme un phénomène de vieillissement normal et de recourir à des protections d’incontinence ou, pis, à des protège-slips ou à des serviettes hygiéniques pas du tout prévus pour absorber de l’urine. C’est au médecin d’y prêter attention. Sinon, le patient est conforté dans l’idée, fausse, qu’il s’agit d’un problème mineur. »

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Peur de rire, d’éternuer, de tousser,...

« Chez les femmes, il s’agit quatre fois sur cinq d’incontinence d’effort, déclare le professeur Wyndaele. Le plancher pelvien soutient les organes de l’abdomen, entre autres la vessie. S’il est affaibli, il réagit souplement et lors d’une augmentation soudaine de la pression sur la vessie, si vous soulevez un poids, riez ou toussez, les muscles pelviens ne compriment plus l’urètre.

Les causes classiques : grossesses et accouchements non suivis d’exercices pour restaurer la solidité du plancher pelvien, intervention chirurgicale, constipation entraînant une forte compression du plancher pelvien, surcharge pondérale, mauvaises habitudes urinaires, affaissement de la vessie, de l’utérus, du vagin ou de l’intestin.

Pour cette forme d’incontinence, il faut intervenir le plus rapidement possible. Le traitement fait appel à la kinésithérapie afin de consolider le plancher pelvien. Celle-ci apportera la guérison dans 25 % des cas, et une sensible amélioration dans 50 % des cas. Lorsque la kiné ne suffit pas, on peut envisager une intervention chirurgicale. Et un nouveau médicament permet de traiter l’incontinence d’effort chez les femmes. Grâce à toutes ces méthodes nous remédions à 60 à 70 % des cas d’incontinence d’effort. »

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Besoin pressant

L’incontinence par impériosité touche les hommes comme les femmes et sa fréquence augmente avec l’âge. Mais les toilettes publiques sont rares. 95 % de ces personnes vivent dans un état d’insécurité continuel.

« La cause de l’incontinence par impériosité reste souvent inconnue, précise le professeur Wyndaele. Il s’agit probablement d’une anomalie de l’innervation. L’incontinence par impériosité réagit souvent bien aux médicaments qui suppriment le besoin irrépressible d’uriner. Une thérapie physiologique et comportementale est parfois un complément. »

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Causes diverses, formes multiples

Incontinence d’effort (53 %) : la rétention dans l’urètre, trop faible pour faire face à la pression croissante dans la vessie, entraîne une fuite urinaire lors d’un effort (tousser, courir, soulever une charge,...).

Incontinence par impériosité (10 à 20 %) : contractions involontaires de la vessie entraînant un besoin soudain et irrépressible d’uriner.

Des formes mixtes (10 %).

Des formes moins fréquentes : incontinence par regorgement si la vessie ne se vide pas bien (en raison d’une obstruction ou d’une hypertrophie de la prostate), incontinence totale par absence de rétention dans le col vésical et l’urètre, incontinence due à une anomalie neurologique (cas de paralysies), incontinence psychiatrique, énurésie (pipi au lit).

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Prévenir plutôt que guérir

Prévenir l’incontinence urinaire commence dès le plus jeune âge. À l’école, les sanitaires doivent être adaptés et en nombre suffisant pour que les enfants puissent les utiliser chaque fois que nécessaire.

Dans le cadre de la grossesse, après l’accouchement, il est important de redonner, par des exercices appropriés, du tonus aux muscles pelviens.

D’une manière générale, il est recommandé de : prévenir la surcharge pondérale, celle-ci favorisant l’incontinence à l’effort, boire assez (1,5 à 2,5 litres par jour répartis sur la journée), uriner régulièrement (4 à 6 fois par jour), prendre en charge les problèmes de constipation (ne pas trop pousser), uriner correctement (ne pas pousser, ne pas interrompre la miction avant que la vessie ne soit vide, s’asseoir bien droit, etc.)

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Infos : www.incontinence-urinaire.be, Association de patients Pirus, Tél : 0477 67 24 77, www.pirus.be

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