© PHOTOS ISTOCK

Homéopathie et phytothérapie : des médecines sur mesure

L’homéopathie et la phytothérapie rencontrent, en Belgique comme ailleurs, un succès croissant. Mais comment fonctionnent ces thérapies alternatives et que peut-on en attendre ?

On les décrit volontiers comme des traitements doux et naturels. Raison pour laquelle demande pour ce type de thérapies ne cesse e croître, comme en attestent les plus réentes enquêtes de santé. Pourtant, le monde scientifique reste sceptique quant à l’efficacité éelle de l’homéopathie et de la phytothérapie.

 » L’homéopathie considère la personne ans sa globalité. Tous les aspects de la vie ont pris en compte, explique le Dr Léon cheepers, médecin généraliste et secrétaire io Homeopathica Belgica. Nous soile malade plutôt que la maladie. prescription homéopathique est exent personnalisée. Il est donc tout à ssible de prescrire le même remède athique à des patients différents pour des affections très variées. A l’inun même problème – par exemple la nation – peut être traité chez divers s avec des remèdes homéopathiques différents. « 

La personnalisation des prescriptions passe par un questionnaire approfondi.  » Le traitement débute par un long entretien. Il peut aussi être utile de s’entretenir avec le conjoint. Nous ne nous limitons pas aux symptômes locaux, comme une verrue, ni aux symptômes généraux, comme la fatigue, mais nous tenons compte dans notre analyse de la personne dans sa globalité. Nous l’interrogeons sur son histoire, sa situation familiale, son caractère, d’éventuels traumatismes, etc. Chaque détail compte.

Il existe des milliers de médicaments homéopathiques mais, en affinant la recherche sur base des réactions et des symptômes du patient, on parvient à cibler le traitement efficace. Un remède unique, d’où le terme d’homéopathie. Cela demande parfois du temps et des tâtonnements mais, une fois le bon traitement trouvé, on assiste parfois à de petits miracles. Nous partons du principe que pour chaque personne il existe un remède spécifique. « 

Que rembourse la mutuelle ?

Les mutuelles remboursent les médicaments homéopathiques reconnus à condition d’avoir souscrit une assurance complémentaire et à condition que les remèdes soient prescrits par un médecin agréé Inami. Les traitements concernés figurent sur une liste dressée par les mutuelles en accord avec les médecins et les pharmaciens. Le taux de remboursement varie d’un organisme à l’autre. A titre d’exemple, les Mutualités chrétiennes prennent en charge 30% du prix, Partena Mut 20%, les Mutualités neutres 50%. La prise en charge des traitements à base de plantes varie, elle aussi, fortement d’une mutuelle à l’autre : de zéro à 50%

En combinaison avec la médecine traditionnelle

 » Lorsque c’est possible, nous essayons de traiter la personne par homéopathie, précise le Dr Scheepers. Si le traitement ne donne pas les résultats escomptés, nous faisons bien sûr appel à la médecine allopathique. Concrètement, les médecins homéopathes prescrivent nettement moins d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, d’antiacides ou de psychotropes. Nos patients sont généralement en meilleure santé, car ils n’ont pas traité ou masqué toutes sortes d’affections à coup de médicaments classiques. « 

Quand un problème de santé le réclame, il est tout à fait possible d’associer homéopathie et allopathie.  » Je traite un grand nombre de patients souffrant d’affections cardiovasculaires, soignés de manière classique, mais qui se tournent vers l’homéopathie pour d’autres problèmes de santé tels que la bronchite, l’angine, etc.  » On peut soigner par homéopathie à tout âge.  » Cela fonctionne mieux chez les jeunes enfants, parce qu’ils n’ont pas de freins, ils sont ouverts et se livrent plus aisément, ce qui facilite le diagnostic homéopathique. Quand le patient a franchi le cap des 50 ans, il faut parfois un peu plus de temps pour trouver le bon remède. A cet âge-là, il est plus difficile d’arriver à cerner la personne « , reconnaît le Dr Scheepers.

Qu’y a-t-il dans un remède homéopathique ?

Les médicaments homéopathiques sont issus de plantes, de minéraux ou de produits d’origine animale. A côté de cela, on trouve aussi des remèdes à base de pathogènes, comme les pellicules de gale. Le produit de base est extrêmement dilué et potentialisé ou fortement agité à chaque étape de dilution : 100 fois entre deux dilutions. Les remèdes homéopathiques fonctionnent selon le principe dit de similarité : les homéopathes considèrent qu’on peut renforcer les mécanismes naturels de défense de l’organisme en lui faisant ingérer une substance qui provoque les mêmes symptômes que ceux de l’affection. « Pour cerner les symptômes d’un remède homéopathique, nous l’administrons à des personnes saines lors d’essais cliniques. Quand une personne se voit administrer le bon remède homéopathique, on assiste à un conflit entre les symptômes de la maladie et ceux du remède. Il peut s’ensuivre une augmentation temporaire des symptômes, suivie par la guérison« , précise le Dr Scheepers.

La phytothérapie ou la médecine par les plantes

Dans le cas des traitements à base de plantes, d’herbes ou de portions de végétaux, il n’est pas question de quantités infimes comme en homéopathie.  » Un grand nombre de plantes contiennent des substances qui ont fait la preuve de leur efficacité en termes de santé. Contrairement à la médecine traditionnelle, la phytothérapie est 100% naturelle (zéro composant synthétique), explique le Dr Rini Verpraet, un médecin qui associe traitements médicaux classiques et thérapies complémentaires. Dans le cas de la phytothérapie, nous utilisons la totalité de la plante sous forme d’infusion, d’extraits secs (gélules), de teintures-mères (plante moulue dissoute dans un véhicule alcoolique), d’huiles essentielles (pressées ou distillées), etc. Certaines parties de la plante peuvent aussi jouer un rôle : la fleur, l’écorce, le bouton ou la racine. « 

La phytothérapie se rapproche de la médecine classique en ce qu’elle se base également sur des actifs présents dans les plantes. En allopathie, on isole un composant bien précis de la plante et on le concentre, tandis qu’en phytothérapie on en utilise plusieurs, voire la plante entière.  » L’interaction des différentes molécules permet souvent une meilleure efficacité, tout en limitant les effets secondaires « , soutient le Dr Verpraet.

Nombre de médicaments classiques sont issus des plantes.  » L’un des exemples les plus connus est l’aspirine ou acide acétylsalicylique qui est issu de la salicine, elle-même extraite de la reine-des-prés ou du saule blanc (Salix alba). Autre point commun avec la médecine classique : la phytothérapie n’est pas sans danger « , met en garde le Dr Verpraet.

Certaines plantes peuvent être nocives, provoquer des effets secondaires, voire être totalement déconseillées dans certains cas.  » L’herbe de la Saint-Jean, ou millepertuis, souvent utilisée en cas de dépression, peut réagir avec d’autres médicaments. Chez une femme, cela peut déboucher, par exemple, sur une grossesse non désirée ou provoquer des saignements en dehors des règles si elle prend ce traitement en même temps la pilule. Le millepertuis peut également diminuer l’efficacité de certains médicaments pour le coeur. Il faut donc impérativement consulter son médecin avant de se soigner par phytothérapie. « 

Les homéopathes soumis à des règles plus strictes

Au terme d’une longue procédure, le Conseil d’Etat a récemment donné son feu vert à la mise en oeuvre de l’Arrêté Royal Homéopathiedestiné à réglementer la pratique de l’homéopathie en Belgique. Dès que cet AR sera d’application, on ouvrira un registre des médecins, dentistes et sages-femmes répondant aux critères permettant d’exercer l’homéopathie de manière sûre. En plus de leur diplôme de médecine classique, ils devront avoir également suivi une formation reconnue en homéopathie et continuer de se former dans les deux disciplines. Les patients seront autorisés à consulter ce registre par le biais de leur mutuelle et de l’Inami. Ces mesures sont censées aider les patients à faire le bon choix au moment de consulter un homéopathe. Mais les autorités ne se prononcent pas quant à l’efficacité de cette thérapie alternative.

En association

 » On peut très bien associer la phytothérapie à la médecine classique, à condition de tenir compte d’éventuels effets secondaires ou interactions. Si la plante est bien choisie, son effet sera plus doux mais pas moins efficace que celui d’un médicament allopathique. Un médicament classique ne contient qu’un seul actif, alors qu’en phytothérapie on utilise diverses parties d’un végétal (actifs, excipients et épaississants) qui fonctionnent en harmonie et offrent une efficacité thérapeutique globale. « 

La migraine

Alice, 55 ans, souffre de crises de migraine

Par homéopathie

Dr. Scheepers : « En plus de traiter les symptômes habituels de la migraine, on va plus loin en interrogeant le patient pour savoir s’il se plaint de soucis connexes, comme les diarrhées. Une fois fixé, on consulte la banque de données symptomatiques. Les migraines avec diarrhées réclament deux remèdes homéopathiques, un par symptôme. Pour déterminer les remèdes les plus appropriés, on prend également en compte le profil psychologique. Alice, par exemple, est une personne qui se plaint facilement. En outre, elle souffre du symptôme des jambes sans repos qui l’empêche de bien dormir et elle est sensible au vin rouge qui lui donne des migraines. Cette association de symptômes nous guide vers un traitement homéopathique, le Zincum, un minéral. Une prise le soir, avant le coucher, ou le matin à jeun. Selon l’importance des symptômes, on prévoit une première visite de contrôle après quatre à six semaines. »

Par phytothérapie

Dr. Verpraet : « Ici, la phytothérapie peut marcher en complément, entre autres grâce à la grande camomille, à la racine de jatamansi et à l’écorce et aux feuilles de saule blanc (e.a. Primahed). Avantage de cette combinaison d’actifs : ils sont souvent standardisés. C’est important, car la composition des plantes peut varier fortement d’une récolte à l’autre ou en fonction de l’année, de la variété, du lieu d’origine, etc. On s’assure ainsi que la préparation contient suffisamment d’actifs efficaces. »

La rhino-pharyngite

Par homéopathie

Dr. Scheepers : « Il s’agit d’abord de contrôler les symptômes individuels. Car une rhinite ou rhino-pharyngite n’est pas l’autre. »

Traitements :

– Si les narines sont bouchées en alternance, on recommande fortement Las caninum.

– Si la rhinite s’accompagne d’yeux larmoyants, on peut se diriger vers allium cepa.

– Si le malade doit souvent se moucher, euphrasia officinalis (euphraise) l’aidera.

– Si la rhinite est infectée (on se mouche jaune), place à kalium bichromicum.

Par phytothérapie

Dr. Verpraet : « La phytothérapie peut offrir une aide précieuse en cas de nez bouché, de maux de gorge, de toux... Comment ? Via des tisanes à base de thym, de sauge et d’autres plantes. Ou par un traitement aux huiles essentielles d’eucalyptus, de sapin baumier, de niaouli par diffusion, par inhalations ou en massage. Ou encore par teinture-mère (ex. teinture d’échinacée qui booste les défenses immunitaires) ou en capsules d’actifs ciblés, comme le thym. »

Les verrues plantaires

Didier, 69 ans, souffre de verrues résistantes

Par homéopathie

Dr Scheepers : « Didier est une personne sentimentale, romantique et très sensible à la pleine lune. Pendant ses années de mariage, il est tombé amoureux d’une autre femme. Il a lutté contre ses sentiments, est tombé en dépression. »

Traitement : antimonium crudum (un minéral) active le système immunitaire et lui permet de mieux lutter contre les verrues. Une prise unique, à répéter au besoin.

Par phytothérapie

Dr. Verpraet : « En complément de l’homéopathie, on peut traiter localement les verrues avec du jus de grande chélidoine (chelidonium maius) ou de l’huile essentielle de thuya. »

Les difficultés d’endormissement

Isabelle, 64 ans, a du mal à s’endormir

Par homéopathie

Dr. Scheepers : « Isabelle est également allergique au pollen des graminées, il y a beaucoup de cas de cancers dans sa famille et elle a une grande tache de naissance dans le dos. Quant à son caractère: très consciencieuse, Isabelle est exigeante envers elle-même et assez susceptible. Elle adore le chocolat et les sucreries. Sa grande passion est la danse. »

Traitement : carcinosinum.

Par phytothérapie

Dr. Verpraet : « Pour traiter les troubles transitoires de l’endormissement, on peut se tourner vers la valériane, la passiflore, le houblon et la ballote fétide. La gemmothérapie peut également se révéler efficace, avec des plantes telles que le tilleul argenté(tilla tomentosa)et le ficus. »

Contenu partenaire