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Hanches à problèmes: les techniques pour gambader à nouveau

Passé 50 ans, des douleurs persistantes à la hanche sont en général dues à de l’arthrose ou à une inflammation des tendons. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut forcément renoncer à bouger !

Le fonctionnement des hanches relève d’un petit miracle de biomécanique. Un prodige auquel, en temps normal, on ne prête guère attention. Le moindre mouvement impose pourtant à cette articulation une charge qui peut représenter jusqu’à trois fois le poids du corps. Ce qui explique les effets néfastes du surpoids, qui surcharge encore les hanches. Car plus on s’alourdit, plus on court le risque d’user prématurément cette articulation très sollicitée.  » Ceci dit, les personnes de corpulence mince peuvent, elles aussi avoir des problèmes de hanches. Là, ce n’est pas le surpoids qui sera en cause mais d’autres facteurs, nuance le Pr Christophe Pattyn, chirurgien orthopédiste, spécialiste de la hanche (UZ Gent).

20.000 C’est le nombre de prothèses de la hanche posées chaque année en Belgique.

Les problèmes les plus fréquents concernent, d’une part, les douleurs articulaires et, d’autre part, les tendinopathies (tendinites de la hanche). Ces deux pathologies peuvent être liées ou non, ce qui explique qu’on les confonde facilement, alors qu’elles ne se traitent pas de la même façon « , insiste le Pr Christophe Pattyn. Si vous ressentez une douleur située dans la région de l’aine – qui peut éventuellement irradier vers la fesse, le haut de la cuisse ou le genou – il s’agit probablement d’une arthrose (usure) de l’articulation. Vous pouvez aussi ressentir une douleur pulsatile le long de la face externe de la hanche, à hauteur du grand ou du petit trochanter, à savoir l’une des deux protubérances où s’attachent les muscles des ligaments, dans la partie supérieure du fémur, site de l’articulation véritable de la hanche. Ces ligaments permettent la marche debout, ainsi que certains mouvements bien précis.

Un complément alimentaire à base de curcuma peut soulager l'inflammation des tendons.
Un complément alimentaire à base de curcuma peut soulager l’inflammation des tendons.© ISTOCK

 » Lorsqu’un ou plusieurs tendons sont surchargés ou enflammés, cela fait souffrir les muscles autour de la hanche mais pas l’articulation elle-même. Au début, on ressent une douleur musculaire qui peut s’intensifier. Il n’est pas rare que la douleur rayonne vers l’intérieur de la hanche ou dans le dos – et qu’on prenne la trochantérite pour des maux de dos. A l’inverse, une lésion dorsale peut provoquer des douleurs à la hanche. Mais une analyse médicale (radio- ou échographie, IRM) permet de déterminer s’il s’agit d’un problème de dos, de tendon ou d’articulation. « 

La tendinite

On ignore souvent pourquoi telle personne développe une tendinite de la hanche et telle autre pas.  » Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, explique l’orthopédiste. L’anatomie et la corpulence jouent un rôle non négligeable. Il n’existe pas deux hanches identiques : chacun d’entre nous présente des hanches uniques en leur genre. La pratique d’un sport intensif, avec des mouvements brusques – comme le tennis ou le football -, peut à la longue mettre à mal les tendons. Gare aux chutes également. « 

Quels traitements ?

On prescrit en première instance des anti-inflammatoires et des séances de kinésithérapie.  » Si le médecin constate aussi des petites calcifications, une thérapie par ondes de choc (Shockwave) peut s’avérer utile. Cette technique envoie des ondes acoustiques d’un niveau énergétique très élevé à l’endroit douloureux. Cela assure localement une meilleure circulation sanguine, qui favorise à son tour la production de fibres tendineuses plus résistantes. Cela permet aussi d’éliminer les petits dépôts calcaires. Contrairement à l’arthrose, nous ne disposons pas encore de solutions efficaces pour tout le monde contre les problèmes de tendinites de la hanche, souligne le prof. Pattyn. Parmi les traitements anti-tendinites récents. le plus prom,etteur consiste à, réinjecter les propres plaquettes sanguines du patient. Celles-ci sont riches en facteurs de croissance et favorisent la régénération du tendon atteint. «  Malheureusement, cette technique ne convient pas à tout le monde. La chirurgie reste exceptionnelle et n’est envisagée qu’en dernier recours, lorsque les autres traitements ont échoué et que la douleur persiste. On incise alors l’enveloppe du tendon responsable du frottement, ce qui permet de réduire la pression, mais le risque de rechute reste élevé (dans environ 50 % des cas) . « 

4 heures C’est le temps que prenait la pose d’une prothèse de la hanche il y a vingt ans. Aujourd’hui, une telle intervention ne prend plus que 40 minutes !

Que peut-on faire soi-même ?

En phase aiguë, on recommande de mettre la hanche au repos. Après, il faut se remettre progressivement en mouvement, avec ou sans l’aide d’un kinésithérapeute.  » L’idéal, c’est de pratiquer un sport doux, comme le vélo ou la natation. De sortir faire de courtes balades, afin de ne pas fatiguer les tendons. Vous remarquerez quand les tendons de la hanche sont fatigués, car vous aurez tendance à boiter. Aidez-vous alors d’une canne, à tenir du bon côté, histoire de suppléer au tendon affaibli. Les bâtons de nordic walking offrent une très bonne alternative.  » A noter, la chaleur calme la douleur, tandis que le froid aura l’effet inverse.  » La chaleur apaise l’irritation du tendon. C’est pourquoi beaucoup de patients passent les mois d’hiver au soleil. « 

La bursite

La tendinite peut, à son tour, provoquer une bursite ou inflammation de la bourse séreuse. Celle-ci ressemble à un coussinet qui sert d’amortisseur aux articulations. Située entre l’attache et l’enveloppe du tendon, elle absorbe les effets du frottement. A la longue, une mauvaise posture assise, debout ou couchée, ou encore un effort soudain au moment de soulever ou de pousser un objet lourd, peuvent provoquer une bursite. Cela se remarque à un oedème ou gonflement de la bourse séreuse.

Quels traitements ?

Si vous souffrez d’un problème de bourse séreuse sans inflammation véritable, une infiltration locale à base de corticostéroïdes peut suffire à traiter l’oedème. Mais si le tendon et la bourse séreuse sont atteints, les corticostéroïdes ne seront pas recommandés. En effet, ils risquent, à terme, d’affaiblir encore davantage le tendon. Le médecin vous prescrira des anti-inflammatoires, une mise au repos de la hanche et des séances de kinésithérapie pour renforcer les muscles et les tendons autour de l’endroit douloureux.

La natation est le sport idéal pour ne pas fatiguer les tendons.
La natation est le sport idéal pour ne pas fatiguer les tendons.© ISTOCK

L’arthrose

L’usure totale ou partielle de la surface du cartilage provoque des douleurs à l’aine. L’articulation frotte directement contre l’os. Parmi les facteurs aggravants, citons le surpoids, l’hérédité et les efforts excessifs imposés à l’articulation.  » C’est un problème qu’on reconnaît typiquement lorsque la hanche fait mal lorsqu’on enfile des bas ou des chaussures, quand on monte un escalier ou quand on entre ou sort d’une voiture. De la même manière qu’on est droitier ou gaucher, on utilise plus volontiers une jambe plutôt que l’autre, ce qui accentue le risque d’usure latérale. « 

Quels traitements ?

 » Les compléments alimentaires de type glucosamine sont utiles préventivement, pour prolonger la bonne santé du cartilage. Mais dès que le cartilage est atteint, ils ne servent plus à grand chose, d’autant que ce sont des produits coûteux qui offrent des résultats très variables « , met en garde le Pr Pattyn. S’il ne s’agit que d’un début d’arthrose de la hanche, une infiltration d’acide hyaluronique dans l’articulation peut suffire. Le produit se présente sous la forme d’un gel qui enrobe l’articulation et fait disparaître les douleurs pendant six à douze mois. Si l’arthrose est déjà plus avancée, on peut envisager une prothèse de la hanche. La technique a énormément évolué ces dernières années et on commercialise désormais des prothèses en céramique qui durent jusqu’à trente ans.  » Le placement se fait en douceur, pour ménager le muscle, et de façon peu invasive, via une petite incision. Le lendemain, le patient marche à nouveau et, en cinq semaines, il peut reprendre toutes ses activités. « 

Selon l’état de l’articulation et du mode de vie de la personne, le chirurgien a le choix entre diverses techniques et matériaux. En général, une hanche artificielle se compose de deux éléments : une pièce fémorale + une pièce cotyloïdienne (le cotyle). A côté de cela, le resurfaçage de hanche consiste à conserver la tête fémorale mais à lui adjoindre un petit morceau de métal fixé dans l’os. On pose aussi un nouveau cotyle, afin que le patient retrouve la mobilité (sans douleur) de son articulation.  » C’est une excellente solution pour les hommes de moins de 60 ans qui sont supposés utiliser beaucoup leur hanche. La personne gagne très vite en stabilité et la revalidation est plus rapide. On déconseille en général ce type de hanche artificielle (dite du sportif) aux femmes, car elles risquent plus que les hommes de développer une allergie au métal utilisé. « 

Les matériaux eux-mêmes ont beaucoup évolué. Aujourd’hui, les prothèses sont taillées dans des matières dures, très résistantes et hypoallergéniques, comme la céramique. On pourra bientôt procéder à des resurfaçages entièrement réalisés en céramique, ce qui permettra aux femmes d’en bénéficier.

Que peut-on faire soi-même ?

En cas de début d’arthrose, préférez le vélo à la marche. Idem après la pose d’une prothèse. Quand on est assis sur une selle, l’articulation est soutenue, ce qui limite les tensions et les efforts imposés à la hanche. Quoi qu’il en soit, allez-y en douceur, histoire d’améliorer progressivement la mobilité de la hanche et de renforcer votre forme physique, votre équilibre, vos muscles et vos tendons.

Plus tard après une opération, dès que l’articulation est bien en place, n’hésitez pas à nager régulièrement. Dans l’eau, le corps pèse moins lourd, ce qui allège d’autant les articulations et facilite les mouvements. Cela dit, évitez de prendre du poids, car tout kilo superflu accélère l’usure de la prothèse.

L’Arthrose et la tendinite

 » Si vous avez de l’arthrose et de la tendinite de la hanche, une prothèse soulagera l’arthrose. Après la pose d’une hanche artificielle, on constate bien souvent une amélioration du côté des tendons, mais ce n’est pas systématique. Il se peut que les douleurs tendineuses persistent malgré tout « , prévient le Pr Pattyn.

La griffe du diable aide à prévenir l'arthrose de la hanche.
La griffe du diable aide à prévenir l’arthrose de la hanche.© GETTYIMAGES
Les solutions naturelles

L’arthrose de la hanche

 » Si vous courez un risque génétique accru, par exemple parce que vos parents ont souffert d’arthrose précoce, il peut être utile de vous supplémenter dès l’âge de 50 ans en glucosamine, chrondroïtine ou MSM (méthylsulfonylméthane), qui contribuent à préserver le cartilage. Ou de commencer dès la manifestation de raideurs matinales « , conseille le Dr Daan De Coninck, qui recommande d’associer médecine conventionnelle et approche holistique. La plante médicinale la plus utile est l’arpagophytumn, aussi appelée  » griffe du diable « . Il faut vérifier si l’arthrose n’est pas due à d’autres causes, comme une acidification de l’organisme qui accélère la fragilité des os et du cartilage. L’acidification résulte d’un excès de sucres rapides, d’un manque de sport et de sommeil et du mauvais fonctionnement des intestins. Si l’arthrose de la hanche n’a pas encore atteint un stade trop avancé, on peut tenter de régénérer le cartilage par la prolothérapie, soit l’injection de dextrose et de xylocaïne dans les ligaments de l’articulation concernée dans l’espoir de retrouver une partie du cartilage perdu. Cela permet de retarder l’opération chirurgicale. « 

Les tendinites

 » Les anti-inflammatoires peuvent être avantageusement remplacés par des gélules de curcuma, de MSM et de quercétine L’extrait de Boswellia peut aussi être utile, précise Daan De Coninck. Outre l’injection de ses propres plaquettes sanguines, la prolothérapie peut aussi contribuer au renforcement des tendons et des ligaments. « 

Un nerf enflammé

 » L’inflammation des terminaisons nerveuses situées dans la région de la hanche peuvent provoquer des douleurs. Si elle persistent après le placement d’une prothèse, c’est souvent à cause d’un problème de nerfs. La solution ? La neuroprolothérapie, un nouveau traitement, à la fois sûr et efficace, qui consiste à injecter localement une solution à base de sucre, aussi près que possible des nerfs enflammés. « 

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