Un facteur qui contribue énormément au développement de la démence est la perte de l'audition. Il est donc recommandé de traiter la perte auditive par le biais d'un appareil auditif par exemple. © iStock

Grâce à ces interventions, vous pouvez réduire les risques de démence

Peut-on prévenir la démence ? Il y a dix ans, on vous aurait incontestablement répondu « non ». Aujourd’hui, les scientifiques sont beaucoup plus optimistes. Une étude récente publiée dans The Lancet a montré que le risque de développer cette maladie peut être réduit de 35 % si tous les facteurs importants sont pris en compte.

En chiffres absolus, la démence va doubler au cours des 20 prochaines années, et ce, en raison du vieillissement croissant de la population. Certaines études ont cependant indiqué une diminution relative des cas de démence. Selon Huub Huijssen, spécialiste de la démence et psycho-gérontologue, le risque de contracter une démence diminue en effet depuis 20 ans dans chaque groupe d’âge.

Il se réfère, entre autres, à une étude néerlandaise au cours de laquelle 15 000 Rotterdamois ont été suivis pendant 15 ans. Parmi les personnes âgées de 70 à 80 ans, près de 10 personnes sur 1000 ont développé une démence en 1990. Dix ans plus tard, ce nombre est tombé à 5 sur 1 000 chez les hommes et à 8 sur 1 000 chez les femmes. L’explication : un mode de vie différent.

Entraînement et perte d’audition

Il est judicieux d’adapter son mode de vie à chaque étape importante de la vie. Une étude à grande échelle publiée dans The Lancet, qui réunit plusieurs études antérieures, conclut que le risque de démence peut être réduit jusqu’à 35 % grâce à des interventions personnelles. Pour atteindre cette réduction de 35 %, il faut commencer par adopter un mode de vie sain dès le plus jeune âge, soulignent les chercheurs britanniques.

Ils distinguent trois étapes clés de la vie et énumèrent par période quels sont les principaux facteurs de risque et comment vous pouvez y faire face.

Dans la première phase (jusqu’à l’âge de 18 ans), il n’y a pas de doute : il faut suivre une formation, aller à l’école. Celui qui cesse d’étudier après l’école primaire perd déjà 7,5 sur 35 %. Dans la génération des baby-boomers, un nombre beaucoup plus élevé de personnes ont suivi des études secondaires ou supérieures que dans les générations précédentes. Cela explique en partie le déclin relatif de la démence par groupe d’âge.

Un facteur qui contribue énormément au développement de la démence dans la phase intermédiaire de la vie (45-64 ans) est la perte de l’audition. Cette perte d’audition représente pas moins de 9 % de 35 %. Si le mécanisme exact n’est pas encore clair, la relation entre les deux reste importante. Les chercheurs soulignent néanmoins que la perte d’audition en soi n’est pas nécessairement une cause directe de la démence. C’est plutôt l’isolement social qui y est associé qui a une influence sur la maladie. Une deuxième hypothèse possible est que la perte auditive entraîne des dommages au cerveau, ce qui se traduit par une diminution des stimuli. D’autres facteurs de risque importants à ces âges sont l’hypertension artérielle (2 %) et l’obésité (0,8 %).

Au troisième stade de la vie (65 ans et plus), les principaux facteurs qui augmentent le risque de démence sont le tabagisme (5,5 %), la dépression (4 %), l’inactivité physique (2,6 %), l’isolement social (2,3 %) et le diabète (1,2 %).

Réserve cognitive

Qu’en est-il des nutriments prometteurs comme le curcuma, l’huile de noix de coco, le gingko, connus pour soi-disant mieux protéger le cerveau ? « Les études réalisées à ce sujet ne justifient pas ces revendications. Pareil pour l’entraînement du cerveau ou la gymnastique du cerveau. Leur effet est encore spéculatif« , résume Huub Buijssen. Ce qui peut être un barrage contre la démence, c’est l’apprentissage et de préférence l’apprentissage continu. Cela signifie par exemple qu’il faudrait pratiquer un passe-temps ou une profession qui met le cerveau au défi tout au long de sa vie.

Une étude allemande portant sur quelque 1600 personnes de plus de 75 ans vivant de façon autonome depuis 15 ans a montré que chaque année de formation réduisait significativement le risque de démence. Les chercheurs ont ainsi confirmé la théorie de la « réserve cognitive ». Cela signifie que ceux qui mettent leur cerveau au défi dès leur plus jeune âge et continuent à le faire, encouragent davantage de connexions entre les cellules du cerveau, de sorte à lutter plus longtemps contre le déclin cognitif.

Que pouvez-vous faire pour réduire le risque ?

Il est recommandé de traiter la perte auditive par le biais d’une aide auditive ou d’autres ajustements. Il est également important de prendre soin de votre coeur et de vos vaisseaux sanguins pour fournir au cerveau suffisamment d’oxygène tout en assurant l’élimination des déchets. Pour y parvenir, commencez par cesser de fumer, par éviter (grâce à la prévention) ou soigner le diabète et l’hypertension, par contrôler votre poids, par faire suffisamment d’exercice et par mener une vie sociale active.

Il est également conseillé d’éviter les pesticides. La recherche sur la santé au travail a montré que les personnes qui entrent régulièrement en contact avec ce type de produits courent un risque accru de développer la maladie de Parkinson et la démence. Il y a aussi des indications qui prouvent que l’utilisation de benzodiazépines (sédatifs et somnifères) augmente ces risques.

« Pour prévenir la démence, nous pouvons faire beaucoup plus que ce que nous imaginions au départ« , conclut Huub Buijssen. « Mais nous ne devrions pas uniquement miser sur des interventions particulières comme l’exercice ou la nutrition. Seule une approche globale du mode de vie sera efficace afin de réduire le risque de démence. Un corps en meilleure santé n’est peut-être pas capable d’éradiquer complètement la démence, mais il peut s’en protéger plus longtemps. C’est un avantage non négligeable : des années supplémentaires avec une bonne qualité de vie« .

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