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Fuites urinaires, les solutions!

Julie Luong

L’incontinence urinaire est très fréquente, surtout après la ménopause. Il existe pourtant des solutions, en dehors du marché florissant des protections.

« Toute femme qui a accouché par voie naturelle a ou aura des fuites urinaires, mais toutes ne seront pas gênées et ne l’exprimeront pas comme un problème », estime Jean-Luc Squifflet, gynécologue aux Cliniques Saint-Luc. Question de ressenti... mais aussi de tabou. Le marché florissant des protections urinaires et son cortège de publicités pourraient en effet laisser penser que l’incontinence est un problème que les femmes doivent cacher et régler seules. Pourtant, bien des choses sont à faire en termes de prévention (voir encadré), en priorité la rééducation du périnée après l’accouchement. Grâce à elle, il est en effet possible de prévenir ou de limiter l’apparition à long terme d’une incontinence d’effort, qui survient lorsqu’on court, qu’on rit, qu’on tousse ou qu’on porte une charge lourde.

Ménopause et incontinence d’urgence

À la ménopause, une autre forme d’incontinence, dite d’urgence (ou d’impériosité), peut apparaître et parfois se combiner avec la première. En cause: une hyperactivité vésicale, c’est-à-dire des contractions instables de la vessie, en raison d’une mauvaise transmission du signal depuis le cerveau vers les muscles vésicaux. Des envies pressantes (impériosités) et fréquentes (plus de 8 fois en 24 heures) irrépressibles apparaissent alors, engendrant parfois des pertes d’urine avant qu’on puisse atteindre les toilettes... Si la première chose que vous faites en arrivant dans un nouvel endroit est de repérer où est le petit coin, vous êtes peut-être concernée! L’avancée en âge, l’anxiété, certains traitements, mais aussi des infections peuvent favoriser cette forme d’incontinence.

« Il faut savoir qu’il existe des infections urinaires non douloureuses, dont le seul symptôme est cette incontinence d’urgence, explique Jean-Luc Squifflet. Or, ces infections sont favorisées à la ménopause par le manque d’hormones. On peut commencer par voir si un traitement hormonal ne peut pas diminuer le nombre d’infections chez la patiente et donc les fuites. Consommer du jus de cranberries peut aussi aider à prévenir les infections urinaires. » Les antioxydants présents dans le cranberry (ou canneberge) permettent en effet de diminuer l’adhésion des bactéries E. Coli aux parois des voies urinaires, limitant ainsi le risque de cystites.

Une solution pour chacune

L’incontinence, même légère, peut avoir de nombreuses conséquences sur la confiance en soi, la vie sociale et affective, mais aussi la santé globale, puisque certaines personnes vont avoir tendance à limiter leurs déplacements ou leur pratique sportive pour ne pas « risquer une fuite ». Or, quelle que soit la forme d’incontinence dont on souffre (d’effort, d’urgence ou mixte), de nombreux outils existent aujourd’hui pour diminuer ou éliminer les symptômes. La rééducation périnéale classique (exercices de Kegel) est aujourd’hui complétée par des techniques comme le biofeedback, qui permet de visualiser l’effet des contractions du périnée grâce à un enregistrement électrique réalisé au moyen d’une sonde vaginale. L’électrostimulation permet, elle, de tonifier les muscles qui entourent l’urètre grâce à une électrode placée dans le vagin. En cas d’incontinence d’urgence, des médicaments peuvent également être utilisés. « Les antispasmodiques qui agissent sur l’hypernervosité de la vessie existent depuis longtemps mais peuvent avoir des effets secondaires comme de donner des cauchemars, détaille Jean-Luc Squifflet. Aujourd’hui, certains médicaments sont tout aussi efficaces mais sans les effets secondaires. Ils sont souvent administrés sous forme de patchs. »

Enfin, dans l’incontinence d’effort, un recours à la chirurgie est parfois possible. La technique la plus courante consiste à soutenir l’urètre par une bandelette. Cette intervention est désormais réalisée par voie vaginale, généralement en hospitalisation de jour. « Il n’y a pas de solution miracle mais à partir du moment où l’incontinence impacte les déplacements, la mobilité, l’activité physique, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste et si ça ne va pas, un autre spécialiste...

Je vois des patientes qui se démoralisent et s’enferment dans un cercle vicieux mais quand elles finissent pas trouver une solution, elles regrettent de ne pas l’avoir fait il y a dix ans, raconte Jean-Luc Squifflet. Sans compter que le mérite de la kiné ou d’un traitement médicamenteux, c’est que si ça marche, tant mieux et si ça ne marche pas... tant pis! Il n’y a pas de risques ou de complications comme cela peut être le cas avec la chirurgie. C’est pour cela qu’il faut d’abord essayer des choses simples. »

Prévenir l’incontinence

  • Boire ni trop... ni trop peu! Si l’urine est très concentrée, elle peut irriter la vessie et déclencher une incontinence par impériosité.
  • Arrêter le tabac pour limiter les risques de toux chronique.
  • Limiter l’alcool et le café, irritants pour la vessie.
  • Garder un poids de forme: l’excès de poids exerce une pression supplémentaire sur la vessie et les muscles qui l’entourent.
  • Prévenir la constipation: le rectum étant situé derrière la vessie, des selles bloquées peuvent exercer une pression sur la vessie et donc provoquer des pertes d’urine. De plus, l’effort demandé pour « pousser » peut abîmer le périnée.
  • Prendre son temps et bien s’installer pour uriner: il faut s’asseoir correctement (genoux bien écartés et pieds posés à plat au sol) afin de faciliter une vidange complète de la vessie. Quand la vidange est mauvaise, l’envie d’uriner revient vite et des fuites peuvent se manifester. Les germes présents dans la région peuvent aussi proliférer et favoriser les infections urinaires.

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