Faut-il avoir peur de Zika ?

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vient de décréter une urgence de santé publique de portée mondiale en raison de la prolifération du virus Zika sur le continent américain et au-delà. Cette déclaration devrait accélérer la recherche scientifique pour venir à bout du virus.

Le Zika est un arbovirus transmis par la piqûre de moustiques du genre Aedes : moustique-tigre ou moustique Aedes aegypti. S’ils sont infectés par la dengue, le chikungunya ou le virus Zika, les moustiques peuvent transmettre ces maladies à l’homme par leur piqûre. Le virus Zika a été identifié pour la première fois en 1947 sur un singe dans la forêt de Zika en Ouganda.Une première épidémie plus importante est survenue en Micronésie en 2007 et en 2013-2014 en Polynésie française. Depuis octobre 2015, le virus s’est propagé dans de nombreux pays d’Amérique centrale, en Guyane et en Martinique.

Microcéphalies

Même si la preuve n’est pas encore formellement établie, un groupe d’experts de l’OMS a mis en avant un lien de cause à effet entre le virus et la hausse des cas de microcéphalies (trop petite taille du cerveau et du périmètre crânien associée à des lésions cérébrales). Selon l’OMS, le Brésil est le pays le plus touché, avec près d’1,5 million de cas.En 2015, 3.174 cas de microcéphalie chez des nourrissons ont été recensés au Brésil et pourraient être liés au virus Zika contracté par la mère, selon le ministère de la santé du pays. Avant, il y avait en moyenne 160 cas par an. L’OMS s’attend par ailleurs à 3 à 4 millions de personnes infectées sur le continent américain dans les douze prochains mois.

Inquiétude

 » Les experts considèrent que l’étendue géographique des espèces de moustiques qui peuvent transmettre le virus, l’absence de vaccin et de tests fiables, ainsi que le manque d’immunité de la population dans les pays nouvellement touchés (...) constituent des causes supplémentaires d’inquiétude », a souligné Margaret Chan, directrice de l’organisation onusienne. Le diagnostic et la surveillance de l’épidémie sont des priorités, a-t-elle assuré. En raison de la déclaration de l’OMS, des pays touchés par le virus sont autorisés à prendre de nouvelles mesures productives et immédiates, notamment pour éradiquer les moustiques, explique pour sa part le Pr Christian Drosten de l’Institut de Virologie de Bonn.

Un vaccin ?

Une autre priorité de l’OMS est d’accroître la surveillance des cas de syndromes de Guillain-Barré dans les zones touchées. Ce syndrome, qui touche des racines nerveuses, associe des douleurs musculaires à des troubles sensitifs et des paralysies d’intensité variable. Des dizaines de cas de syndrome de Guillain-Barré possiblement liés à une infection par Zika sont déjà en cours d’investigation. La transmission du virus est presque exclusivement vectorielle, même si des cas de transmission par voie sexuelle ont été rapportés sans toutefois être prouvés. Actuellement, aucun traitement ne permet de traiter la maladie. Un vaccin pourrait être testé sur l’homme dès septembre prochain et mis à disposition avant la fin de l’année. Mais un vaccin sûr et efficace contre le virus Zika ne sera probablement pas disponible avant plusieurs années, avertit Anthony Fauci, directeurde l’Institut américain des allergies et maladies infectieuses.

Comme une grippe

Dans la majorité des cas, l’infection passe inaperçue et lorsqu’elle s’exprime, les symptômes sont de type grippal : fièvre, maux de tête, courbatures qui s’accompagnent d’éruptions cutanées. Le virus peut aussi se manifester sous forme de conjonctivite et d’oedème des pieds ou des mains. La durée d’incubation varie de trois à douze jours et les symptômes disparaissent généralement en deux à sept jours. Les gènes du virus peuvent être détectés par des analyses sanguines, d’urine ou de salive.

Reporter son voyage

En Belgique, l’Institut de médecine tropicale (ITM) d’Anvers conseille aux femmes enceintes et aux femmes qui envisagent de le devenir de reporter leur voyage non essentiel vers les zones touchées par une épidémie du virus Zika. Il est important que les personnes présentant des symptômes grippaux après un séjour dans une zone endémique du virus Zika ouchikungunyaconsultent un médecin qui, si nécessaire, peut en outre consulter un médecin de l’ITM. À ce jour, un seul cas du virus Zika a été confirmé chez un voyageur belge par le laboratoire de l’IMT.

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