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Évitez la fracture

Avec l’âge, les os deviennent plus fragiles. Vous n’êtes heureusement pas totalement démuni car il existe des moyens de les renforcer.

Que vous vous cassiez le bras en tombant de vélo, rien de plus normal : la rencontre avec le bitume a tout simplement été trop brutale. En revanche, il y a lieu de vous inquiéter si, glissant sur la carpette du salon, vous vous brisez le poignet. Vous souff rez probablement d’une fragilité anormale des os, autrement dit d’ostéoporose. Des os sains ne se cassent pas suite à une chute anodine, car ils sont solides et résistants. Ils se renouvellent en permanence et il s’établit un équilibre entre les cellules qui détruisent l’os et celles qui fabriquent du nouvel os. L’ostéoporose, c’est la rupture de cet équilibre : les cellules destructrices sont plus nombreuses que les cellules régénératrices avec pour conséquence la fragilisation des os et l’augmentation des risques de fracture. On observe parfois un tassement spontané des vertèbres qui peut faire perdre jusqu’à plusieurs centimètres.

Un nouveau regard sur l’ostéoporose

Que se passe-t-il quand les os se fragilisent ? En premier lieu, on observe une moindre densité du tissu osseux, chose que l’on mesure au moyen d’une technique d’imagerie médicale appelée densitométrie osseuse. Jusqu’à récemment, on considérait que toute personne présentant une densité osseuse trop faible était atteinte d’ostéoporose. Elle se voyait donc prescrire un traitement destiné à la renforcer. Mais ce diagnostic a été remis en cause quand on a constaté que des personnes ayant une faible densité osseuse n’avaient jamais rencontré de problèmes de fractures au contraire d’autres dont la densité osseuse était normale. On sait aujourd’hui qu’il faut aussi prendre en compte la microarchitecture osseuse, c’est-à-dire la partie centrale de l’os constituée de tissus spongieux et qui est entourée par la partie périphérique, plus dure et plus résistante. Le professeur Van Offel est spécialiste de l’ostéoporose au CHU d’Anvers : « Imaginez un tabouret de bar en bois à quatre pieds, renforcés par des traverses. Ce tabouret supporte sans mal le poids d’un adulte. Si vous sciez les traverses, le tabouret sera toujours aussi lourd mais sa structure sera aff aiblie : les pieds vont s’écarter. Cette comparaison permet de comprendre comment une petite perte de densité osseuse peut aff ecter sérieusement la solidité de l’os. C’est pourquoi nous défi nissons aujourd’hui l’ostéoporose comme un risque accru de fracture et pas uniquement comme un aff aiblissement de la densité osseuse. »

Les facteurs de risque

Le risque de fracture dépend de plusieurs facteurs, dont certains sont inéluctables.

  • L’âge : avec l’âge, la capacité des os à se régénérer euxmêmes diminue.
  • Le sexe : l’ostéoporose touche souvent les femmes au moment de la ménopause. En cause, la diminution de la production d’hormones féminines qui assurent l’équilibre entre les cellules destructrices et régénératrices.
  • L’hérédité : c’est vers 20 ans que nous atteignons la masse osseuse maximale, la plus haute densité osseuse. Elle est à 90 % génétiquement déterminée. Si l’un de vos parents souff re d’ostéoporose ou a subi une fracture de la hanche, il y a des risques que votre masse osseuse maximale soit inférieure à la moyenne.
  • Certains médicaments, la cortisone à hautes doses notamment, peuvent s’avérer néfastes pour les os. Notons qu’à petites doses, comme dans les sprays contre l’asthme, la cortisone ne présente aucun danger.
  • La dénutrition et un poids insuffisant, conséquences de troubles alimentaires remontant à l’enfance. Pour conserver leur solidité, les os doivent avoir un poids suffisant. Même à un âge avancé, on peut souff rir de dénutrition quand, par exemple, on éprouve des difficultés à s’alimenter correctement.
  • Les maladies chroniques, maladies de la thyroïde ou diabète, ont un impact négatif sur les os. Un traitement adéquat permet de prévenir la perte de densité osseuse.

Beaucoup de patients ne découvrent qu’ils souffrent d’ostéoporose qu’après s’être fracturé un membre. Si vous vous reconnaissez dans un certain nombre de facteurs de risque, parlez-en à votre médecin qui, le cas échéant, procédera à des examens.

L’aide médicamenteuse

Il existe des médicaments qui réduisent les risques de fracture. Avec votre médecin, prenez le temps d’en peser les avantages et inconvénients. Aucun médicament n’est exempt d’eff ets secondaires, voire de risques. Mais après une fracture, on perd en mobilité, ce qui peut avoir des conséquences très sérieuses. Ainsi, une fracture de la hanche augmente les risques de décès. Seul un médecin est habilité à prescrire ce type de médicaments.

  • Les hormones féminines protègent de l’ostéoporose et contribuent à soulager les symptômes de la ménopause, comme les bouff ées de chaleur. Étant donné qu’elles pourraient légèrement augmenter les risques de cancer du sein et de l’utérus, il est conseillé de consulter systématiquement un spécialiste.
  • Les modulateurs sélectifs des récepteurs aux oestrogènes ou SERM, sont ce que l’on pourrait appeler des « demi- hormones ». Elles n’ont d’eff et que sur les os et ont prouvé leur effi cacité contre l’eff ondrement des vertèbres. Une option très intéressante au début de la ménopause.
  • Les bisphosphonates inhibent la destruction osseuse sans nuire à la production osseuse. Ils protègent la microarchitecture de l’os et réduisent de moitié les risques de fracture. On observe des eff ets secondaires plus ou moins gênants : douleurs abdominales, nausées, diarrhées, crampes intestinales ou selles diffi ciles. Ils peuvent également causer une irritation de l’oesophage. Ils ont l’avantage d’avoir une action prolongée dans l’os, de sorte qu’il ne faut pas les prendre à vie.
  • Le denosumab inhibe le développement des cellules destructrices des os et réduit de moitié les risques de fracture. Son action étant limitée à six mois, il faut répéter régulièrement le traitement.

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