© iStock

Être zen grâce à la poterie

Jamais la poterie n’a été aussi en vogue. Les listes d’attente des ateliers de céramistes ne cessent de s’allonger. Rien de tel que pétrir de l’argile pour se détendre.

Il suffit de pénétrer dans le grand atelier lumineux de la céramiste Sylvie Inghels pour se sentir serein avant même d’avoir mis les mains dans l’argile. Sur les longues étagères trônent les réalisations des apprentis potiers qui se relaient ici chaque semaine depuis bien avant la crise sanitaire. Des dizaines de tasses, d’assiettes, de vases et de bols en tous genres attendent la touche finale et même si les formes présentent quelques similitudes, chaque pièce porte la signature unique de son créateur.

SA PROPRE VAISSELLE

Difficile de passer à côté sur Instagram et YouTube. La toile est inondée de vidéos et de photos de potiers amateurs et expérimentés qui créent les objets les plus insolites avec des gestes sensuels. « Ne vous y trompez pas. C’est moins facile que cela en a l’air, prévient Sylvie Inghels qui exerce l’art de la poterie depuis une trentaine d’années. Ceux qui s’imaginent manger dans leur vaisselle au bout de quelques semaines risquent bien d’être déçus. Il faut pas mal de patience et de très nombreuses heures de tournage avant de maîtriser la technique. »

Sylvie Inghels a découvert le métier à 12 ans, fascinée par les potiers à l’oeuvre sur un marché artisanal. « J’étais sous le charme. Je me suis inscrite à l’académie peu de temps après. J’ai ensuite suivi des cours chez un céramiste avec qui je me suis liée d’amitié et qui m’a appris toutes les ficelles du métier. Le contact de l’argile et le tournage procurent une incroyable sérénité. »

LE TOURNAGE ET LA CUISSON

Le tournage a le don d’apaiser tout en exigeant énormément de concentration. L’apprentissage est progressif. On débute modestement par façonner un simple bol avec 500 grammes d’argile avant de passer à l’étape suivante, la création d’objets plus sophistiqués. Une tasse avec une anse, un cylindre, un petit vase rond ou un saladier.

« Il est primordial d’acquérir les gestes fondamentaux et d’apprendre à doser sa force. Tout le monde y arrive avec un minimum de motivation. J’ai remarqué que les personnes habituées à faire un travail précis avec leurs doigts, les dentistes, les musiciens et les personnes qui utilisent régulièrement un clavier par exemple, ont de réelles prédispositions. »

Il règne souvent un silence monacal pendant les premiers cours car l’argile demande un maximum de concentration. « Si vous pensez à autre chose, la concentration diminue, vous n’arrivez plus à centrer l’argile sur la girelle et votre pot sera de travers.

Au début, le façonnage ou la pose d’un bord est un véritable défi. Il faut parfois s’y reprendre à plusieurs fois. C’est précisément cet effort de concentration qui permet d’oublier momentanément tous ses petits et ses gros soucis. »

De l’argile au pot

Une fois tournés, les pots sont mis à sécher quelques jours. La cuisson s’effectue en deux fois: une première à 950°C, après laquelle les pièces sont émaillées et recuites 24 heures à 1.250°C. La céramique est prête à l’emploi. Ces étapes qui exigent de la patience ont aussi des vertus thérapeutiques.

APPRENDRE À ACCEPTER L’ÉCHEC

Au bout de dix semaines, certains réalisent déjà de beaux plats tandis que d’autres ont encore du mal à façonner les formes les plus élémentaires. L’argile ne se laisse pas dompter facilement. « Il est indispensable d’accepter son niveau et de ne pas se sentir frustré face aux progrès plus rapides des autres. L’apprentissage en soi est aussi édifiant que le résultat proprement dit. Les vertus thérapeutiques du tournage sont indéniables. Le cours aident les participants souffrant de burn-out à reprendre pied, ajoute Sylvie Inghels.

La céramique vous apprend à gérer vos échecs. Il n’est pas rare qu’après deux heures de tournage intensif, un débutant n’obtienne pas le résultat escompté. Il faut parfois retourner à un cours de niveau inférieur pour mieux progresser. Une leçon de modestie pas toujours facile à accepter. »

À LA MAISON?

Pour maîtriser l’art du tournage, il faut être très résistant à la frustration car tout peut arriver. « Tout le monde n’arrive pas à accepter l’échec et à remettre son ouvrage sur le métier avec la même motivation. Comme dans la vie de tous les jours. C’est une véritable école de vie. »

La poterie est un hobby difficile à pratiquer chez soi car il suppose un gros investissement. Comptez 1.300 ? pour un tour de qualité mais qui vous accompagnera toute la vie. Sans parler de l’argile, des plaques de plâtre pour le séchage et l’émaillage. La cuisson est impossible à réaliser dans un simple four de cuisine. Tout cela sans oublier les effets positifs de la dynamique de groupe lors d’un atelier!

Encore quelques suggestions

DE L’ART POUR LE MORAL

C’est prouvé scientifiquement, regarder une oeuvre d’art stimule nos émotions, active notre sensibilité et développe notre imaginaire. Pas envie d’aller dans un musée? Qu’à cela ne tienne, l’art est accessible partout, par exemple en ville, dans les galeries d’art, sur internet, dans les livres et en podcast aussi.

COURRIER SECRET

Tout le monde a ses secrets. L’Américain Frank Warren a entrepris de les rassembler de façon anonyme sur son site PostSecret. Vous avez libre accès à une myriade de confessions présentées avec beaucoup d’inventivité.

Attention, le risque d’addiction et d’identification est bien réel.

postsecret.com et Facebook PostSecret

MARCHER SUR LES TERRILS

La marche, ce n’est un secret pour personne, c’est excellent pour la santé et le moral. Une bonne raison de (re-)découvrir le Borinage parsemé de terrils qui témoignent de son important passé minier. Petit plus: des sentiers d’aventure ont été aménagés sur les pentes de plusieurs de ces mastodontes noirs. Chaussez vos bottines et escaladez le terril Héribus à Cuesmes, près de Mons. Au bout de dix minutes d’ascension, votre effort sera récompensé par un panorama spectaculaire. Redescendez ensuite à votre aise en admirant la végétation qui a repris possession des lieux.

visitmons.be

Contenu partenaire