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Et si vous vous mettiez au Chi Walking ?

Basé sur les principes du Tai Chi, le Chi Walking est une manière de marcher tout à la fois douce et performante. Une fois la technique assimilée, vous pourrez marcher plus longtemps.

Peu de mouvements sont aussi inconscients que la marche. « Pourtant, si elle nous est tout à fait naturelle, nous n’effectuons pas nécessairement les meilleurs mouvements pour le corps, affirme Thierry Lerinckx, instructeur de Chi Walking. Lorsque vous marchez, votre cerveau ne donne généralement pas d’indications aux jambes qui prennent en quelque sorte l’initiative. Il en résulte une sollicitation constante des muscles des jambes. Avec le Chi Walking, ce mouvement vers l’avant part du centre du corps et, dans le Tai Chi dont il est issu, le centre du corps est situé juste sous le nombril. C’est aussi là que tout se joue dans le Chi Walking. » Si elle est déjà très répandue aux États-Unis et aux Pays-Bas, cette façon de marcher est encore mal connue chez nous.

Il y a une vingtaine d’années, pour obtenir de meilleures performances, le marathonien américain Danny Dreyer a imaginé une méthode de course inspirée du Tai Chi.  » Baptisée Chi Running, cette variante plus sportive est donc née avant le Chi Walking, qui en découle. Ce n’est pas un hasard si de nombreux athlètes de haut niveau, dont les marathoniens, utilisent instinctivement cette technique de course supérieurement efficace. Mais elle convient tout aussi bien aux débutants car elle est facile à apprendre et ne nécessite pas d’avoir une condition physique extraordinaire « , détaille Thierry Lerinckx.

La bonne posture

Le premier principe du Chi Walking est d’adopter la bonne posture. « Pour marcher correctement, vous devez commencer par aligner votre corps, c’est-à-dire placer les pieds, les hanches et les épaules dans le même axe. Lorsque vous adoptez cette posture pour la première fois, vous avez le sentiment d’être penché un peu en avant mais il suffit de redresser le cou et la tête pour le faire disparaître. Imaginez que vous êtes une marionnette tenue par un fil fixé sur la tête. Dans cette position, les muscles abdominaux sont légèrement tendus tandis que, consciemment, vous relâchez ceux des bras, des jambes et des pieds. Non seulement vous ressentez moins de chocs lors de la marche mais vous sollicitez tout le corps et les muscles centraux puisque l’accent n’est plus mis exclusivement sur les muscles des jambes. »

Une récupération rapide

Une fois la bonne position de départ adoptée, il est important que, dès le premier pas, vous déplaciez consciemment le point central du corps (juste sous le nombril) vers l’avant.  » Vous sentez que chevilles et jambes suivent automatiquement le mouvement vers l’avant. En fait, il suffit de soulever les chevilles et les pieds, ce qui exige beaucoup moins d’efforts aux muscles des jambes. Les pas sont plus petits et la fréquence d’ajustement légèrement plus rapide. Beaucoup d’Asiatiques marchent de cette façon.Étant donné que vous déployez moins d’efforts, vous pouvez marcher plus longtemps mais vous récupérez aussi plus facilement après la balade. Fini les muscles des jambes raides ou fatigués, les ampoules aux pieds, sans parler des blessures. De plus, cette technique de marche utilise la résistance du sol pour avancer. Vous ne poussez pas activement sur vos pieds ou vos jambes. Le contact avec le sol est plus doux mais suffisamment fort pour soutenir le mouvement de marche. Au début, il faut être prudent et attentif car vous marchez d’une manière qui va à l’encontre d’habitudes bien ancrées. Comme dans le Tai Chi ou le yoga, le corps et l’esprit travaillent de concert. On parle de marche consciente.  »

Même en cas de Parkinson

Les médecins recommandent aux patients atteints d’une maladie neurologique, Parkinson par exemple, de rester en mouvement.  » Peu importe l’activité physique, pour autant bien sûr que le patient en soit capable. Le Chi Walking est un moyen adapté et accessible qui permet aux personnes atteintes de Parkinson de se remettre à marcher « , affirme Patrick Cras, professeur de neurologie (UZ Antwerpen). Pour en mesurer les effets, il a réalisé avec Thierry Lerinckx une étude sur un petit groupe de patients parkinsoniens auxquels on a proposé de suivre un programme de Chi Walking de huit semaines. Un test de marche de six minutes a été effectué avant et après pour évaluer l’état de leur système cardiovasculaire et leur aptitude à la marche.  » Globalement, on a noté une amélioration de l’ordre de 10%. Outre qu’il est excellent pour la condition physique, le Chi Walking stimule également l’équilibre et la conscience du corps, choses que perdent les malades de Parkinson. Cela se manifeste, entre autres, par la festination, une accélération involontaire de la marche. « 

Kari a fait le test

2 (gauche) en 1 (droit).
2 (gauche) en 1 (droit).

Adopter la bonne posture de départ demande beaucoup de concentration et se révèle assez inconfortable au début (1). J’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises avant de pouvoir mettre et garder dans le même axe pieds, hanches et épaules. Ensuite, j’ai incliné le haut du corps vers l’avant pour enclencher la marche (2).

A mon grand étonnement, je n’ai eu effectivement qu’à lever les pieds et les jambes pour avancer. En même temps, je devais rester attentive à détendre pieds et jambes tout en soignant ma posture et en m’assurant de ne pas balancer les jambes en avant pour effectuer de grands pas comme j’en ai l’habitude. Les premiers mètres me donnent l’impression – à tort – que je dois avoir l’air un peu bizarre et que j’avance lentement. Mes pas sont effectivement plus petits mais une fois la technique maîtrisée, je peux accélérer le rythme et avancer rapidement sans attraper de crampes dans les jambes.

Il n’est pas difficile de marcher ainsi mais je dois rester concentrée car dès que mes pensées s’égarent un instant, je recommence à balancer les jambes devant moi.

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