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Et si vos maux de tête étaient liés à votre alimentation ?

Si certains produits alimentaires peuvent déclencher des maux de tête, voire des migraines, une bonne alimentation peut aider à les prévenir, voire en atténuer les symptômes.

Les causes biologiques exactes d’apparition de la migraine sont encore mal connues. Une chose est sûre : la migraine et les maux de tête comme la céphalée de tension sont déclenchés ou du moins influencés par certains facteurs: fatigue, stress, changements hormonaux, effort physique, météo changeante, lumière, bruit, médicaments, bruxisme, problèmes de vue, manque de sommeil, etc. etc. L’alimentation semble également jouer un rôle important dans l’apparition des crises de migraine et des céphalées de tension chez de nombreuses personnes. Les aliments déclencheurs bien connus comme le café, l’alcool et le fromage vieux ne sont pas les seuls, loin s’en faut.

« La recherche et l’expérience pratique font de plus en plus souvent le lien entre le mal de tête d’une part, le foie, l’estomac et les intestins d’autre part. Un lien encore trop souvent ignoré mais pourtant très significatif, explique la diététicienne Christine Tobback, spécialiste des traitements d’allergies et de problèmes gastro-intestinaux. Ces systèmes de détoxification ne fonctionnent pas toujours bien chez les personnes souffrant de céphalées et de migraines. Les causes sont multiples : antécédents d’hépatite, grosse infection intestinale, mononucléose ou prédispositions familiales...

Les antécédents familiaux jouent indéniablement un rôle dans la migraine. Dans les familles concernées, les problèmes de migraine s’accompagnent souvent du syndrome de l’intestin irritable, de colite, de maux d’estomac ou d’insuffisance rénale. Les intestins et la flore intestinale fonctionnent alors moins bien, d’où des problèmes de digestion et une hyper sensibilité à certaines substances. Ces facteurs combinés au stress, à la pollution, au manque de bonnes graisses, à l’excès de conservateurs ou d’autres produits ajoutés, aux changements hormonaux peuvent déclencher l’apparition de migraines ou de céphalées. »

DANS L’ASSIETTE

 » Une mauvaise digestion finit, à la longue, par provoquer une surcharge chronique, insiste Christine Tobback. Le foie, à son tour, n’arrive plus à assumer toutes ses fonctions comme la fragmentation et l’assimilation des médicaments, la détoxification, etc. Résultat : les substances toxiques restent plus longtemps dans l’organisme et s’accumulent, ce qui peut provoquer des maux de tête ou des migraines.

Parallèlement, les traitements contre la migraine, comme les antidouleurs, par exemple, seront moins efficaces. Il est donc judicieux, si vous souffrez de céphalées chroniques, de commencer par regarder dans votre assiette et d’analyser minutieusement votre digestion sous tous ses aspects. « 

ÊTES-VOUS HYPERSENSIBLE?

 » S’il existe effectivement un lien entre vos céphalées et vos problèmes de digestion et/ou d’allergie, un nutritionniste ou un diététicien peut vous aider à identifier, étape par étape, les aliments ou les combinaisons alimentaires auxquels vous êtes hyper sensible. Par élimination ou la réalisation de tests. Les patients n’en sont pas toujours conscients mais l’identification d’une intolérance alimentaire et la suppression partielle ou complète de certains aliments permet dans bien des cas d’améliorer la digestion et par conséquent, d’atténuer voire de prévenir les symptômes de la céphalée. Autre avantage : le traitement contre la migraine ou la céphalée redeviendra efficace « , affirme Christine Tobback. L’hyper sensibilité peut porter sur de très nombreux produits comme le lactose (sucre du lait), la caséine, le fructose (sucre contenu dans les fruits et autres sucres), le gluten, l’histamine...

LA RECHERCHE FAIT DE PLUS EN PLUS SOUVENT LE LIEN ENTRE MAL DE TÊTE ET MAUVAIS FONCTIONNEMENT DU FOIE, DE L’ESTOMAC ET DES INTESTINS

 » Il est possible de se faire une idée très précise en interrogeant la personne sur ses habitudes alimentaires, sur les produits qu’elle affectionnait ou qu’elle avait en horreur quand elle était petite. L’enfant sait intuitivement ce qui est bon ou non pour lui. Les goûts des jeunes années peuvent en dire très long ! « 

LA RÉACTION A L’HISTAMINE

L’intolérance à l’histamine, libérée lors de réactions allergiques, est souvent révélatrice d’un lien avec la migraine et la céphalée.  » L’histamine provoque la dilatation des vaisseaux sanguins, y compris dans la tête, ce qui peut occasionner des douleurs. Pareille réaction peut se produire lorsque vous consommez des aliments eux-mêmes riches en histamine ou libérateurs d’histamine, comme certaines épices, les tomates, le cacao, les agrumes, le vinaigre, le fromage vieux, le vin rouge, etc. En cas d’hypersensibilité, vous surréagirez. Mais la réaction se manifestera différemment chez chacun. Certains font de l’asthme, d’autres ont des maux de tête ou des allergies comme l’eczéma, les démangeaisons ou les irritations cutanées. « 

L’hypersensibilité à l’histamine peut être diagnostiquée par des tests de provocation ou un questionnaire très ciblé du diététicien. La façon dont les aliments sont consommés peut également avoir une influence. « Le cacao (chocolat) est un déclencheur de migraine bien connu mais la consommation de cacao avec de bonnes graisses végétales peut en ralentir l’absorption dans le sang. Si vous mangez du choco sur une galette de riz tartinée de beurre, la réaction au cacao sera moins vive grâce à l’effet de retard. C’est un juste retour à nos bonnes vieilles habitudes alimentaires. La consommation de bonnes graisses (beurre et huile végétale) permet d’enrober les aliments auxquels on est sensible (les conservateurs dans la charcuterie par exemple) d’une sorte de pellicule de protection. La suppression pure et simple des graisses dans notre alimentation a eu pour effet d’exacerber notre hypersensibilité à toute une série d’aliments. Le retour à un régime de type méditerranéen, basé sur la consommation d’huile crue et non chauffée en quantité suffisante, permet d’éviter bien des problèmes. « 

L’odeur des aliments peut aussi déclencher une migraine.  » Elle peut se manifester une 1/2 h après avoir senti un concombre ou des herbes de Provence. Ils contiennent en effet des salicylates, qui favorisent la libération d’histamine. Le simple fait de passer devant une échoppe au marché d’où émanent ces odeurs suffit à déclencher le processus. L’exemple le plus connu est le syndrome du restaurant chinois. L’odeur même de la sauce soja (qui contient du L-glutamate, un exhausteur de goût) insupporte les personnes sujettes aux maux de tête. « 

La marche diminue la production d'acide lactique et donc le risque de migraine
La marche diminue la production d’acide lactique et donc le risque de migraine© PHOTOS GETTY IMAGES

LE FRUCTOSE ET LES SUCRES

« Vous avez du mal à digérer les fruits? Peut-être soufrez-vous de malabsorption du fructose. Le fructose est présent dans tous les fruits, le jus de fruit mais parfois aussi dans les biscuits et la crème glacée. Une façon d’y remédier est de répartir la consommation de petits morceaux de fruits sur l’ensemble de la journée. Evitez de manger trop de pain ou variez les plaisirs en optant pour des alternatives moins raffinées comme le sarrasin. L’inuline contenue dans le froment peut avoir une influence sur la flore intestinale en cas de malabsorption du fructose. » Bon à savoir: le fructose est nettement mieux supporté quand il est consommé avec des graisses crues non chauffées. Un test de respiration permet de diagnostiquer la malabsorption de fructose et de lactose (sucre contenu dans les produits laitiers).  » Le test n’est pas toujours concluant car il ne donne aucune indication sur la réaction du foie à la malabsorption. C’est parfois le foie lui-même qui a du mal à absorber le fructose. « 

D’autres sucres peuvent également être déclencheurs de céphalée.  » Outre les sucres riches en fructose comme le miel, le sucre raffiné et le sucre de canne, d’autres sucres dit sains comme le sirop d’agave et d’érable, peuvent eux aussi être sources de problèmes. Les sucres utilisés avant, comme le sucre de raisin (glucose), sont mieux supportés par le foie que le fructose qui doit d’abord être transformé en une autre substance pour être assimilé. Le sirop de riz et la maltodextrine, parfois combinés à la stevia, sont eux aussi mieux supportés. Attention! L’excès de stevia peut avoir un effet laxatif. Mieux vaut consommer les édulcorants avec de bonnes graisses pour en retarder l’absorption et limiter les variations de taux de sucre dans le sang. Ce n’est pas un hasard si les anciens mangeaient les crêpes avec du beurre et du sucre ! « 

L’ACIDITÉ GASTRIQUE

Impression de brûlure dans la gorge, renvois, selles malodorantes, digestion difficile, gêne au niveau du foie... Tous ces symptômes peuvent être révélateurs de problèmes d’acidité gastrique.  » Il peut s’agir d’un manque d’acidité gastrique, due à la prise d’inhibiteurs d’acidité gastrique pendant des années pour »soigner » ces problèmes. L’hérédité et le stress jouent également un rôle. Le bon fonctionnement de la valve stomacale à hauteur de l’oesophage nécessite un milieu suffisamment acide. Le manque d’acidité dans l’estomac peut empêcher la bonne obturation de la valve stomacale et de ce fait, provoquer un reflux d’acidité jusque dans la gorge. Autrement dit, l’acide gastrique arrive là où il ne devrait pas. Le phénomène s’accompagne souvent d’un manque de magnésium, de calcium, de zinc, de fer et de vitamine B12.

La rétention d’eau, les maux de tête et la migraine, la propension aux infections et aux allergies, les troubles intestinaux, les problèmes cardiovasculaires sont également caractéristiques du manque d’acidité gastrique. La solution ? Evitez de manger trop tard car la production d’acide gastrique diminue en fin de journée. Réduisez la taille des portions. Buvez des infusions de gingembre pour stimuler la production d’acide gastrique.

LE STRESS

Le stress provoque l’augmentation soudaine des hormones de stress, libératrices d’histamine, ce qui peut provoquer des réactions d’hypersensibilité.  » Ces réactions peuvent, à leur tour, faire chuter votre taux de magnésium, de zinc, de vitamine B6, de tryptophane, etc. D’où une diminution de la production de sérotonine, l’hormone de bien-être. Résultat: une plus grande sensibilité au stress. C’est le début d’un cercle vicieux, propice à la migraine. « 

L’exercice physique a une influence positive.  » L’activité physique aérobie, comme la marche et le cyclisme, a pour effet de diminuer la production d’acide lactique et le risque de migraine. Il en va tout autrement des efforts physiques intensifs comme le jogging et la course à pied, qui stimulent la production d’acide lactique et de radicaux libres, provoquant de ce fait l’accumulation de résidus dans l’organisme, avec le risque accru d’apparition de migraine, surtout s’il existe d’autres hypersensibilités. « 

Se régaler sans risque

1 Consommez régulièrement de bonnes huiles végétales qui ralentissent l’absorption d’aliments sensibles dans le sang.

2 Variez les bonnes graisses : huile d’olive, beurre, huile de soja, de colza... Consommez-les non chauffées de préférence.

3 Idem pour le lait et les céréales. Remplacez de temps en temps le lait de vache par du lait de soja, de riz et d’autres laits végétaux. Si vous souffrez de problèmes gastriques et intestinaux, limitez la consommation de produits riches en gluten à quelques fois par semaine.

4 Privilégiez les produits frais. Ménagez votre foie en évitant les excès et les conservateurs.

5 La suppression, même momentanée, de certains aliments auxquels vous êtes hypersensible peut aider à mieux digérer d’autres aliments.

6 Envie d’un petit extra ? Faites-vous plaisir de préférence quand vous êtes parfaitement calme. Votre corps est alors mieux apte à fournir un effort supplémentaire. Le yoga, la méditation, le grand air peuvent également aider.

7 Si vous souffrez d’une infection, de stress ou si vous devez faire un gros effort physique, c’est l’inverse: mieux vaut ne pas faire d’excès pour éviter les problèmes.

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