Prétexte

Est-ce que la couleur d’un médicament influence son efficacité ?

La couleur a un impact psychologique majeur sur notre vie quotidienne et notre santé. Cette influence va même au-delà de ce que nous imaginons. La couleur des pilules détermine, par exemple, la façon dont le médicament fonctionne et la fidélité avec laquelle nous l’ingérons.

Les médecins savent depuis plusieurs décennies que les couleurs jouent un rôle non négligeable dans notre santé. Peindre les murs d’une salle de consultation dans une certaine couleur peut, par exemple, nous aider à être plus ou moins détendus lors d’une visite chez le médecin. Les tons chauds ou neutres nous mettent inconsciemment plus à l’aise que les couleurs vives.

Cerveau

La couleur des pilules, par contre, influence la façon dont nous percevons les effets de ces substances. Dès les années 1990, une étude publiée dans le British Medical Journal a démontré que la couleur pouvait modifier les effets positifs et négatifs du médicament sur les patients. La raison ? Notre cerveau semble lier certaines couleurs à certaines actions et attentes.

Des épidémiologistes de l’Université d’Amsterdam ont découvert que les gens associent souvent les comprimés rouges, jaunes et oranges à des effets « stimulants », tels que les médicaments utilisés pour améliorer la concentration ou pour traiter la narcolepsie. Si les pilules sont bleues ou vertes, alors nous sommes plus susceptibles de les associer à des effets « calmants », tels que les antidépresseurs, les tranquillisants ou les somnifères.

Un travail de concordance

Ces attentes cérébrales ont également un effet sur l’efficacité du médicament, selon les chercheurs. Du moins, si la concordance est bonne. Si la couleur de la pilule correspond à l’effet escompté – par exemple une pilule bleue pour calmer -, l’effet sur les patients est nettement meilleur. Inversement, il est également apparu qu’un décalage entre les attentes et la couleur – une pilule rouge pour aider les gens à s’endormir, par exemple – donnait de moins bons résultats que les médicaments neutres ou incolores.

Un phénomène similaire s’est également produit lorsque les fabricants ont soudainement changé la couleur des pilules pour une raison quelconque. Des chercheurs américains et britanniques ont examiné les conséquences de ce phénomène pour quelque 60 000 patients épileptiques. En modifiant soudainement la couleur de leurs pilules quotidiennes, plus d’un quart des patients étaient enclins à interrompre leur traitement, ce qui augmentait considérablement leur risque de crise.

Fidélité au traitement

La couleur et l’apparence d’une pilule sont depuis longtemps liées au degré d’observance du traitement chez les patients. Cette dernière étude a également démontré qu’il existe un lien entre les caractéristiques physiques spécifiques d’un comprimé et la fidélité des patients au traitement. Les chercheurs croient que c’est une question de confiance : les patients s’habituent au fil du temps à la couleur de leur pilule. Si la couleur de la pilule change, ils commencent à douter de l’efficacité de la pilule, et vont même parfois jusqu’à penser qu’elle pourrait être dangereuse pour leur santé.

Salles d’opération vertes et bleues

La couleur joue un rôle non seulement dans l’efficacité des médicaments, mais aussi dans les pièces dédiées aux soins médicaux. À la maison, les différentes couleurs du salon et des chambres à coucher peuvent influencer notre état d’esprit et notre humeur. Cela s’applique aussi, par exemple, à l’intérieur des hôpitaux. Les murs oranges semblent stimuler l’appétit tandis que les couleurs bleues diminuent l’appétit. Il est également préférable d’éviter le jaune dans les maternités. Cette couleur est associée à la gaieté et à l’énergie, mais fait aussi pleurer davantage les bébés.

Les salles de consultation dans les tons chauds ou neutres sont perçues comme plus rassurantes par les patients. Enfin, les salles d’opération sont généralement équipées de murs bleus ou verts. La couleur rouge foncé caractéristique des plaies ouvertes peut avoir des effets sur les yeux des chirurgiens et des infirmières. Or, ils doivent souvent rester focalisés sur cette teinte durant une longue période pendant une intervention. Les murs verts et bleus vont alors neutraliser ces effets.

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