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Enquête exclusive : savez-vous gérer votre cholestérol ?

Le cholestérol, qui fait toujours l’objet de nombreuses recherches, suscite la controverse. Près de la moitié des 50+ interrogés déclarent en avoir trop mais beaucoup pensent que ce n’est pas aussi grave que ce que les scientifiques l’affirment !

Connaissez-vous votre taux de cholestérol ?

OUI : 82,6%-NON : 17,4%

 » Je suis positivement étonné de constater que plus de 8 personnes sur 10 connaissent leur taux de cholestérol, réagit le Pr Ernst Rietzschel, cardiologue. Les personnes interrogées ne connaissent peut-être pas la valeur exacte, mais au moins elles savent si elles sont en excès ou non. A partir de 50 ans, tout le monde devrait le savoir, car dès qu’on arrive à l’âge adulte, on atteint un certain taux de cholestérol, valeur qui, par la suite, ne devrait plus trop varier. Cela dit, les médecins recommandent de faire contrôler son taux de cholestérol après tout changement important dans la vie, tout problème de santé ou, pour les femmes, à la ménopause. « 

Environ 1 participant sur 2 pense, à tort, que l’alimentation est la source de cholestérol la plus importante !

Vous préoccupez-vous de votre taux de cholestérol ?

OUI : 28% – NON : 43,6% – PARFOIS : 28,4%

A noter : à cette question les sondés ont répondu assez différemment, selon qu’ils vivent dans le nord ou dans le sud du pays. Les néerlandophones semblent beaucoup moins se préoccuper de leur taux de cholestérol et des éventuelles conséquences pour leur santé (15,5 %) que les francophones (54,2 %).

Prof. Rietzschel :  » A partir du moment où plus de la moitié des sondés répondent avoir un taux de cholestérol normal, il me semble logique qu’ils ne s’en inquiètent pas outre mesure. « 

Ce taux est-il trop haut, trop bas ou normal ?

TROP HAUT : 43,5% – TROP BAS : 0,7% – NORMAL : 55,8%

A noter : les femmes (45 %) semblent plus concernées que les hommes (39 %) par l’excès de cholestérol. Chez les 70 +, 6 sondés sur 10 affirment avoir un bon taux de cholestérol.

Pr. Rietzschel :  » Si on ne prescrivait aucun traitement anticholestérol, en réalité deux tiers des 50+ se situeraient au-dessus des valeurs recommandées. Un tiers environ aurait un taux satisfaisant. Un peu plus de la moitié des personnes interrogées affirment que leur taux de cholestérol est normal : sans doute grâce à un traitement ou à une bonne hygiène de vie. Passé 50 ans, les hommes sont tout aussi concernés que les femmes par l’excès de cholestérol. Et je peux vous certifier qu’il ne nous arrive jamais de constater des taux trop bas. « 

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Pour vérifier si vous avez trop de cholestérol, le médecin prescrit une prise de sang qui indique le taux global, ainsi que le taux de cholestérol LDL – couramment appelé mauvais cholestérol.  » Il n’est pas toujours facile de tirer des conclusions, car le taux idéal de LDL n’est pas le même pour tout le monde. Il varie notamment en fonction du risque de maladies cardiovasculaires. Les personnes à haut risque (celles qui souffrent de problèmes cardiaques, de diabète, d’insuffisance rénale...) doivent maintenir leur cholestérol LDL sous 70 mg/dl, tandis que les autres peuvent se permettre 115 mg/dl. « 

(Si trop haut) Prenez-vous des médicaments pour diminuer ce taux ?

OUI : 52% – NON : 44,5% – PARFOIS : 3,5%

A noter : les hommes (61,6 %) sont plus souvent soignés pour un excès de cholestérol que les femmes (47,0 %).

Pr. Rietzschel :  » Il est logique que seule la moitié des personnes en excès de cholestérol soit traitée. La prise d’un médicament spécifique dépend du profil de chacun et des risques encourus : le fait de fumer ou pas, de souffrir de maladies cardiovasculaires, de diabète... Pour le médecin, ces facteurs entrent en ligne de compte lorsqu’il décide de vous prescrire éventuellement un traitement. Si vous ne présentez qu’un léger excès de cholestérol et que vous vivez sainement, ce ne sera sans doute pas nécessaire. Les hommes sont en général plus à risque que les femmes, ce qui explique qu’ils prennent plus souvent des médicaments. « 

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Le Pr Rietzschel ne cache pas son inquiétude face aux 3,5 % qui affirment prendre parfois un médicament.  » Ce n’est vraiment pas une bonne idée ! Cela s’apparente à un régime yo-yo ! C’est tout sauf bénéfique à moyen ou long terme. Prendre un médicament de manière irrégulière revient à augmenter le risque de déstabiliser les plaques de sang situées dans les veines et les artères, et donc de former des caillots. Or, ce sont justement ces plaques mobiles qui provoquent les affections cardiovasculaires. Quand on est sous traitement anti-cholestérol, la régularité s’impose. « 

Consommez-vous des produits spécifiques comme du beurre, de la margarine ou des yaourts à boire pour diminuer votre taux de cholestérol (par ex. Benecol, Danacol...) ?

OUI : 28,9% – NON : 57,6% – PARFOIS : 13,5%

(si oui) Remarquez-vous des effets liés à ces produits ?

OUI, DES EFFETS POSITIFS : 37% – NON, PAS D’EFFETS : 16,5% – AUCUNE IDÉE : 46,5%

A noter : les hommes consomment davantage ce type de produits que les femmes. Par ailleurs, ces produits exercent un attrait plus particulier sur les 70+

Pr Rietzschel :  » Ces chiffres sont curieusement élevés. La Belgique est l’un des pays d’Europe où on consomme le plus ce type de produits. Près de la moitié des sondés ne se préoccupent pas de leurs éventuels effets. Or, il me semble qu’on ferait bien de se pencher sur la question.  » Ces aliments censés contribuer à la diminution du taux de cholestérol sont enrichis en stérols ou stanols végétaux.  » Ce sont des substances capables de se fixer dans les intestins sur les récepteurs qui captent le cholestérol. Elles bloquent temporairement ces récepteurs, réduisant ainsi la quantité de cholestérol dans le sang. Il est prouvé que ces aliments permettent de réduire le taux de cholestérol de 7 à 10 %. Mais on ignore encore si cette baisse induit également un moindre risque de maladies cardiovasculaires. Ces produits sont assez récents et on manque de recul pour juger de leurs effets à long terme, précise le Pr Rietzschel. Ces aliments spécifiques ne peuvent en aucun cas remplacer un médicament anti-cholestérol. « 

Avez-vous diminué votre consommation d’oeufs à cause du cholestérol qu’ils contiennent ?

OUI : 21% – NON : 75% – JE NE LE SAVAIS PAS : 3%

Pr Rietzschel :  » Les oeufs avaient cette réputation mais on nuance désormais le propos. L’alimentation n’a qu’un effet limité sur le taux global de cholestérol. « 

Comment faites-vous pour contrôler votre taux de cholestérol ?

Plusieurs réponses possibles

FAIRE ATTENTION À MON ALIMENTATION : 75%

FAIRE DU SPORT OU BOUGER ASSEZ : 62,7%

PERDRE DU POIDS : 15,9%

PRENDRE DES MÉDICAMENTS : 36,6%

ARRÊTER DE FUMER : 4%

PRENDRE DES SUPPLÉMENTS ALIMENTAIRES À BASE DE LEVURE DE RIZ ROUGE : 8,7%

AUTRE : 5,4%

A noter : ce sont surtout les femmes qui font attention à leur alimentation. Près de 8 femmes sur 10 et 6 hommes sur 10 déclarent avoir modifié leur alimentation pour limiter l’apport de cholestérol. Les hommes, eux, prennent plus souvent des médicaments (46,9 % contre 30,5 % des femmes). Chez les 70 +, près de la moitié des sondés prend un médicament anti-cholestérol (45,7 %). Les suppléments alimentaires à base de levure de riz rouge séduisent plus les femmes que les hommes.

Pr Rietzschel :  » Faire attention à son alimentation, faire du sport, perdre du poids sont d’excellentes mesures. Je me réjouis de voir une telle mobilisation. La cigarette constitue, bien sûr, un facteur de risque cardiovasculaire important, sans compter qu’elle influence aussi le taux de cholestérol. Le tabac réduit le bon cholestérol (HDL), déséquilibrant ainsi le rapport entre HDL et LDL. Quand on fume, on risque également de produire une variante dangereuse, le cholestérol LDL oxydé, dont on sait qu’il aggrave le phénomène d’athérosclérose. « 

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 » Je suis choqué de voir que tant de sondés affirment consommer des compléments à base de levure de riz rouge, en dépit de l’avis du Conseil supérieur de la santé qui suggère de les interdire. Il s’agit d’un médicament – les statines – qui ne dit pas son nom, puisqu’il est présenté comme un simple complément alimentaire. Or, il ne répond pas aux normes exigées d’un médicament. Quand on achète des suppléments alimentaires à base de levure de riz rouge, on ignore leur dosage réel et leurs effets. Le fait qu’il s’en vende encore tant démontre que les médias n’ont pas correctement rempli leur rôle d’information. Trop de gens croient sans doute encore qu’il s’agit de statines bio. « 

Pensez-vous qu’un haut taux de cholestérol soit aussi nocif qu’on le dit ?

OUI : 60,5% – NON : 18,2% – JE NE SAIS PAS : 21,3%

A noter : Seuls 43 % des francophones pensent que le cholestérol est aussi nocif qu’on le dit, contre 68 % des néerlandophones.

Savez-vous ce que sont les statines ?

OUI : 51,4% – NON : 48,6%

Les statines sont sujettes à polémique. Faites-vous confiance à ce type de médicament ?

La question n’a été posée qu’aux personnes connaissant les statines.

OUI : 35,9% – NON : 37,1% – JE NE SAIS PAS : 26,9%

A noter : Une petite majorité de francophones (52 %) avoue sa méfiance à l’égard des statines. Les néerlandophones sont plus confiants (41,1 %).

Pr. Rietzschel :  » Je suis frappé – et déçu – de constater que tant de sondés doutent du danger que fait courir un taux de cholestérol LDL trop élevé. Il existe pourtant un très large consensus médical et scientifique pour dire qu’il provoque bel et bien des maladies cardiovasculaires. Trois vastes études viennent d’ôter tout doute à ce sujet. Pourtant, on a encore du mal, semble-t-il, à convaincre une partie de la population. La faute en revient notamment aux informations relayées dans les médias, en particulier en Belgique francophone, où on se fait l’écho de pseudo théories du complot autour du cholestérol. Ces théories sont dénuées de tout fondement scientifique mais elles ne sont pas sans conséquences. Nombre de patients ont arrêté, à tort, leur traitement et on constate du coup une nouvelle augmentation du nombre d’affections cardiovasculaires. «  Ce phénomène est étroitement lié à la perte de confiance dans les statines.  » Pas mal de mythes et de contre-vérités circulent à leur sujet, déplore le Pr Rietzschel. Malheureusement, l’information correcte – à savoir que les statines sont efficaces et sans danger – semble moins sexy. Selon moi, il est urgent que les autorités et le monde scientifique se mobilisent pour améliorer l’éducation à la santé. Le grand public serait averti et plus à même d’interpréter correctement les informations santé. « 

Enquête exclusive : savez-vous gérer votre cholestérol ?

Notre enquête

Cette enquête Plus Magazine a été menée en ligne du 5 au 11 décembre 2017. Au total, 4.835 lecteurs de plus de 50 ans y ont participé (femmes et hommes, tant francophones que néerlandophones). Le Pr Ernst Rietzschel, cardiologue, a commenté pour nous les résultats. Auteur de plusieurs ouvrages, il dirige l’enquête Asklepios, une étude à long terme des maladies cardiovasculaires auprès d’environ 2.500 Belges.

VRAI OU FAUX ?

Le HDL correspond à ce qu’on appelle le  » bon  » cholestérol

VRAI : 84,5% – FAUX : 15,5%

Votre taux de cholestérol est surtout déterminé par ce que vous mangez

VRAI : 49% – FAUX : 51%

Lorsqu’on n’est pas en surpoids, on ne doit pas se faire de souci pour son taux de cholestérol

VRAI : 5,4% – FAUX : 94,6%

On ne peut pas vivre sans cholestérol

VRAI : 85% – FAUX : 15%

Le corps fabrique des hormones essentielles à partir du cholestérol

VRAI : 90% – FAUX : 10%

En gras, les réponses exactes.

Pr. Rietzschel :  » Il y a beaucoup d’idées préconçues sur l’effet réel de l’alimentation sur le taux de cholestérol. Près de la moitié des sondés pensent que l’alimentation peut être la première cause de cholestérol. Or, le taux de cholestérol dépend avant tout de la fonction hépatique. C’est donc une donnée génétique. Mais comme les médecins recommandent aux personnes concernées de modifier leur régime alimentaire, on peut comprendre que cela induise l’idée qu’il y a un lien direct et que l’excès de cholestérol soit dû à l’alimentation. Manger sainement garde toute son importance mais si vous devez réduire votre taux de cholestérol de plus de 20 %, vous n’y arriverez pas juste en adaptant votre régime.

Il est exact qu’on ne peut pas vivre sans cholestérol, et peut-être vivrait-on très bien rien qu’avec du bon cholestérol, le HDL. C’est en tout cas une question cruciale que les scientifiques se posent, puisqu’on parvient déjà à ramener à des valeurs extrêmement basses le taux de mauvais cholestérol, le LDL, grâce aux nouveaux inhibiteurs de PCSK9. On réduit ainsi le risque de problèmes cardiovasculaires sans effets secondaires. A l’avenir, certains patients pourront peut-être envisager de vivre juste avec du cholestérol HDL.

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