Renée Zellweger dans le film Bridget Jones, l'âge de raison tient son journal (2004) © BELGAIMAGE

Écrire: une vraie thérapie!

Il n’est pas nécessaire d’écrire un roman pour mesurer l’importance de l’écriture. Jeter quelques pensées sur papier fait déjà un bien fou.

Tenir son journal... Un passe-temps pour ados ou pour âmes en peine? Ou pour Bridget Jones, l’héroïne naïve et peu sûre d’elle de la série de films éponyme? Le fait est que ces comédies avec Renée Zellweger incarnant une jeune femme un poil névrosée, affichent toutes un incontournable happy end. Peut-être justement parce que l’héroïne a la bonne idée de se délester de ses doutes et angoisses par écrit.

JOUEZ L’HONNÊTETÉ

« Je crois sincèrement que la plupart des gens savent ce qu’il leur faut pour se sentir mieux dans leur peau. La condition sine qua non consiste à se montrer honnête avec soi-même. Et c’est là que l’écriture peut être d’une aide précieuse, affirme Joba Maréchal, thérapeute spécialisée dans le deuil et les traumatismes, qui a lancé un concept original d’accompagnement à l’écriture pour aller mieux. Je ne suis pas coach en écriture. Ça, c’est le rôle de ceux qui vous apprennent à écrire de manière créative. Je suis thérapeute et la méthode que j’utilise pour aider les gens consiste à les inciter à écrire. On a parfois du mal à raconter son histoire personnelle aux autres, parce que c’est trop lourd ou par peur d’ennuyer. Coucher tout cela par écrit peut aider, car une feuille de papier ne vous juge pas. »

AVEC UNE MINUTERIE

Il n’est pas rare que les thérapeutes et les psychologues demandent à leurs patients de tenir un journal. Dans les années 1980 et 1990, un psychologue américain, le Dr James Pennebaker, a mis en avant les effets bénéfiques de ce genre d’exercice. Il en a conclu entre autres que les personnes ayant vécu un traumatisme peuvent améliorer leur bien-être émotionnel en écrivant chaque semaine, quatre jours sur sept, pendant 20 minutes maximum. Les autres avantages reconnus de la tenue thérapeutique d’un journal rédigé de manière intuitive sont la diminution du stress, le meilleur sommeil, l’amélioration de la confiance en soi et de la concentration.

« Ces 20 minutes que recommande James Pennebaker ont leur importance, souligne Joba Maréchal. Si on ne limite pas ses séances d’écriture, on risque d’abandonner très vite.  »

DE L’ATTENTION

« Lors de mes cours d’écriture en ligne, j’ai été frappée de voir le nombre de personnes qui avaient perdu quelqu’un ou quelque chose pendant l’année écoulée sans avoir vraiment pu faire leurs adieux. On essaie parfois de brider ou de calmer ses émotions en allant marcher, en faisant du sport, voire en buvant... Mais qu’on le veuille ou non, le chagrin réclame notre attention. C’est pourquoi la thérapeute conseille de noter par écrit les pensées négatives mais aussi les positives.

« C’est agréable d’écrire sur des choses positives: ce pour quoi on est reconnaissant, ce qui s’est bien déroulé... Mais si vous êtes euphorique, ayez aussi une pensée pour ceux qui sont dans une passe difficile. Et inversement: si vous traversez une période de deuil ou de perte, écrivez ce que vous ressentez, mais terminez par une note positive. Cet équilibre est primordial. »

Besoin d’un coup de pouce?

Si vous ressentez l’angoisse de la page blanche, un incitatif à l’écriture peut vous aider: il peut s’agir d’une phrase ou d’une question que vous écrivez en exergue, par exemple. Il suffit ensuite de laisser votre stylo courir sur la page. Voici quelques exemples:

  • Ce que j’aime le plus faire, c’est...
  • Mon plus grand regret, c’est...
  • Si j’écoutais mon coeur, aujourd’hui je ferais...
  • La semaine passée a été pour moi...
  • A mes yeux, travailler signifie...

UN SIMPLE CAHIER

Le but de cet exercice d’écriture est de remplir une feuille blanche avec les réflexions qui vous viennent spontanément à l’esprit. « L’intention n’est pas d’être lu(e) par quelqu’un, ni même de vous relire. A l’école, on nous apprend à écrire sans faute, dans un style soigné. Les dissertations doivent avoir une introduction, un développement et une conclusion. Mais quand on écrit pour sa santé émotionnelle, pour aller plus profondément en soi, on a le droit d’oublier ces règles. On peut faire des fautes, changer de sujet au milieu d’une phrase... C’est comme ça que fonctionne la pensée. Ecrire ce qu’on ressent est à la fois un défi et un énorme bienfait. On se décharge de ses surcharges émotionnelles pour les oublier. Après, vous pouvez déchirer les feuilles, les brûler ou les ranger au fond d’un tiroir. »

Tout ce qu’il vous faut, c’est un bic et du papier. Un simple cahier ou un bloc-notes envoie déjà un message: « Tu as le droit de faire des erreurs, tu peux être totalement toi-même ». « Certaines personnes achètent des carnets très chers dans lesquels elles n’osent finalement pas écrire parce qu’elles pensent que ce support est trop beau pour coucher leurs états d’âmes, raconte Joba Maréchal. C’est une erreur! Aujourd’hui, on trouve des carnets à remplir, avec des questions inspirantes qui aident à sonder sa personnalité. Mais ceux-là aussi peuvent être intimidants. Avant de remplir ce type de carnet, je conseille de s’exercer en jetant chaque jour quelques pensées sur une feuille de papier toute simple. Cela n’a rien de compliqué, mais c’est comme en sport, il faut s’exercer si on veut s’améliorer. Au bout d’un moment, vous verrez que vous serez déjà plus doux et plus tolérant envers vous-même. »

DE PLUS GRANDES AMBITIONS?

Même si vous avez de plus grandes ambitions, comme écrire un livre un jour – beaucoup de gens en rêvent, mais peu y parviennent – vous tirerez profit de séances d’écriture quotidiennes. Vous mettrez le pied à l’étrier, vous apprendrez à aimer le processus de l’écriture, vous surmonterez l’angoisse de la page blanche en osant noter ce qui vous passe par la tête.

« Un livre ne doit pas forcément être édité. Il peut aussi prendre la forme d’un objet très personnel, avec des photos, que vous imprimez uniquement pour vous et/ou vos proches. Il n’a pas besoin d’être long non plus, conseille Joba Maréchal. C’est souvent parce qu’on voit trop grand que ça ne marche pas. »

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