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Diverticulose et diverticulite, des petites hernies sur le sintestin

Vous souffrez de douleurs dans le bas-ventre, côté gauche, vous alternez constipation et diarrhée ? Peut-être est-ce une diverticulose ou une diverticulite, des affections qui se soignent très bien !

Cancer du côlon, syndrome du côlon irritable, maladie de Crohn... Les médecins surveillent nos intestins de près, avec une attention particulière pour les affections les plus graves. On connaît moins, en revanche, la diverticulose et la diverticulite. Le risque d’en souffrir un jour est pourtant élevé : 5 à 10 % des 50 + et près de la moitié 75 + y sont confrontés. En outre, 3/4 des patients ne présentent ni symptômes, ni douleurs.

La diverticulose

 » Dans le cas de la diverticulose, on observe une série de hernies, des sortes de poches, sur la muqueuse extérieure du gros intestin, explique le Dr Luc Colemont, gastro-entérologue. Les diverticules apparaissent en général aux endroits où la muqueuse est affaiblie. On pourrait les comparer à des petits sacs de la taille d’un pois. L’intérieur de l’intestin ressemble un peu à un fromage à trous et l’extérieur à un pneu de vélo dont la chambre à air ferait une bosse.  » La diverticulose peut s’accompagner de dizaines de diverticules, répartis en plusieurs endroits du côlon, mais leur nombre est le plus souvent limité.

 » Chez les Occidentaux, ils apparaissent en général sur le sigmoïde, la dernière boucle du côlon, au hauteur du bas-ventre, côté gauche. Certaines personnes ne ressentent aucune douleur, d’autres si. On parle alors de diverticulose chronique, avec des crampes et des périodes alternant constipation et diarrhée, voire de la fièvre. Cette fièvre indique l’inflammation d’un des diverticules. « 

Ne pas confondre avec des polypes

Les diverticules ne sont pas des polypes. Tous deux ont en commun de se développer sur la muqueuse du gros intestin, ce qui explique qu’on les confonde parfois. Un polype est un petit incrément, une tumeur bénigne (comme une verrue en  » chou-fleur « ) qui grossit sur la face interne de la muqueuse et non sur la face externe, comme les diverticules. Les polypes peuvent mesurer de quelques millimètres à 3 ou 4 cm et sont précurseurs d’un cancer du côlon. Plus le polype est gros, plus il risque de voir se développer des cellules malignes. Tous les polypes n’évoluent pas en cancer mais on n’est pas, à ce jour, en mesure de prévoir leur évolution. Les diverticules n’ont donc aucun lien avec un cancer du côlon. Et en souffrir ne signifie nullement qu’on ait un risque accru.

La diverticulite

Il arrive que de petites boules de selles non évacuées stagnent dans les diverticules.  » Elles peuvent s’enflammer et provoquer un abcès ou une légère inflammation de la muqueuse intestinale, précise le Dr Colemont. On parle alors de diverticulite, avec plusieurs stades de développement.

L’inflammation peut rester très locale ou s’étendre jusqu’à l’ensemble de la muqueuse. La paroi intestinale risque alors une perforation. Dans de rares cas, on observe des saignements spontanés au niveau des diverticules, par exemple lorsqu’un vaisseau sanguin est atteint. Heureusement, les saignements cessent en général d’eux-mêmes et ne récidivent que peu ou pas. Exceptionnellement, on envisage une intervention chirurgicale. « 

Une appendicite à gauche

Une appendicite ou une inflammation du caecum se caractérisent par une douleur localisée dans le bas-ventre côté droit. Un appendice enflammé entraîne presque toujours une hospitalisation, pour une ablation chirurgicale. Dans le cas de la diverticulite, la douleur se situe au même endroit mais du côté gauche. D’où son surnom d’appendicite à gauche.

L’opération n’est pas toujours nécessaire, loin de là. Actuellement, on a de plus en plus tendance à l’éviter. On n’ôte un morceau du côlon que dans de rares cas. Tant que le problème se limite à une inflammation locale ou un abcès, un traitement antibiotique peut suffire.

Une alimentation trop pauvre en fibres

La diverticulose et la diverticulite sont liées à notre mode de vie occidental. Dans les pays en voie de développement et là où on consomme plus de fibres, les cas de diverticulose sont rarissimes.

 » On n’a pas encore fait toute la lumière sur les causes de l’apparition de diverticules, mais tout semble indiquer qu’elle serait liée à notre régime alimentaire, analyse le Dr Colemont. L’affection est souvent associée à une carence en fibres. Or les fibres assurent une bonne absorption des liquides. Toute carence peut mener, à terme, à des selles plus dures, avec alternance chronique de diarrhée et de constipation. Résultat : la tension augmente à l’intérieur du côlon en cours de digestion. Au bout d’un certain temps, plusieurs zones s’affaiblissent et la muqueuse se couvre de petites hernies. « 

On détecte aujourd’hui les diverticules par scanner ou coloscopie. L’examen peut être complété par une échographie qui aide à mieux cerner les hernies.

Réagir sans tarder

Si vous souffrez régulièrement de diverticulose ou de diverticulite, un traitement s’impose. Les symptômes peuvent être très divers : douleurs dans le bas-ventre (côté gauche), selles irrégulières, pertes de sang, crampes intestinales ou fièvre. Mieux vaut réagir sans tarder.

 » Dans le cas d’une diverticulite locale, un traitement antibiotique apporte déjà un certain soulagement. Dans les cas plus sérieux, lorsque l’inflammation s’étend sur une zone de muqueuse plus large, on envisage un séjour hospitalier avec un traitement antibiotique par intraveineuse. « 

Chez une minorité de personnes, l’abcès prend d’autres proportions et la cure d’antibiotiques ne suffit pas. Cela peut aussi être le cas après une série de crises. Il peut alors être nécessaire de retirer la partie atteinte du côlon, ce qui se fait actuellement par la chirurgie  » du trou de serrure  » (keyhole).

 » S’il s’agit d’une inflammation étendue, d’un gros abcès ou d’une fistule, l’intervention se fait en deux temps, précise le Dr Colemont . On commence par drainer l’abcès puis on place une stomie digestive temporaire (déviation chirurgicale d’un canal naturel), le temps de calmer l’infection. C’est assez contraignant, il faut porter une poche, mais très limité dans le temps (deux à trois mois). Ensuite, on reconnecte les morceaux de côlon sains et la stomie peut être enlevée.

Pas d’objectif zéro

S’il n’est vraisemblablement pas possible de prévenir totalement la diverticulose, on peut néanmoins mettre toutes les chances de son côté en faisant plus de marche et de sport, et en veillant à manger sainement. Privilégiez une alimentation riche en fibres : consommez des fruits et des légumes, tels que les prunes, mangez du pain et des pâtes complets, des pommes de terre, etc. Si vous avez du mal à augmenter vos apports en fibres, prenez des compléments alimentaires ciblés. C’est une bonne alternative pour parvenir au même résultat.

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