© ISTOCK

Diabète: de nouvelles approches sur mesure

Si le nombre de cas de diabète de type 2 s’envole, nous entrons dans une nouvelle ère en matière de traitements. Du changement de mode de vie aux technologies de pointe, en passant par des médicaments toujours plus efficaces.

Une épidémie. C’est en ces termes que les scientifiques évoquent l’incidence toujours plus fréquente du diabète (de type 2). En Belgique, on prévoit qu’en 2025 près d’un adulte sur dix en souffrira. Le diabète de type 2 apparaît lorsque l’organisme devient moins sensible à une hormone, l’insuline. Celle-ci fonctionne comme une clé dont le corps a absolument besoin pour absorber le glucose (le sucre). Divers facteurs tels que l’âge, une prédispostion génétique, le manque d’exercice physique ou encore le fait d’être en surpoids jouent un rôle de déclencheur et compliquent ou empêchent la sensibilité à l’insuline, provoquant un excès permanent de glucose dans le sang. Pas étonnant, dès lors, que les chiffres du diabète suivent fidèlement ceux de l’évolution de l’obésité. On sait depuis des années que le surpoids augmente le risque de diabète mais, parallèlement, de récentes études démontrent de plus en plus clairement qu’il serait possible sinon de guérir la maladie, au moins de la faire régresser.

Il faut 60 minutes pour qu’une injection d’insuline atteigne son pic d’activité dans le sang.

Changer de mode de vie

 » Le meilleur médicament ? Encore et toujours améliorer son mode de vie ! Même si ce n’est pas la solution la plus facile, souligne le Pr Christophe De Block (chef du service Endocrinologie à l’UZ Antwerpen). Une vaste enquête internationale, menée de la Chine aux Etats-Unis, a démontré que les gens souffrant de prédiabète (le stade précédant le développement de la maladie) diminuent par deux, à court terme, le risque de devenir diabétique en perdant du poids et en bougeant plus. Quand le diabète est déjà installé, les mêmes mesures permettent de faire régresser la maladie et de réduire la prise de médicaments. Une perte de poids – même limitée – augmente déjà la sensibilité du corps à l’insuline. Certains patients parviennent à perdre 30 kilos et à retrouver un taux de sucre tout à fait normal. Mais cela exige de leur part des efforts continus. Car une fois diagnostiqué (pré)diabétique, on reste vulnérable à vie. « 

Et le diabète de type 1 ?

Les personnes qui ont le diabète de type 1 sont nettement moins nombreuses (on estime qu’elles sont 45.000 en Belgique) mais elles bénéficient d’avancées notables. Entre autres le glucosemètre qui remplace la piqûre au bout du doigt. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui se caractérise par une incapacité à produire de l’insuline. Ce qui complique – davantage que pour le type 2 – la régulation du taux de sucre dans le sang.  » Ces nouveaux appareils ont deux modes de fonctionnement. Soit ils mesurent en continu les concentrations de glucose dans le liquide souscutané, grâce à un capteur (à remplacer chaque semaine) relié à une alarme qui vous avertit en cas de niveau anormal. Soit ils comprennent d’une part un capteur cutané (flash monitoring) à porter sur le bras et, d’autre part, un petit appareil sans fil qui permet de scanner le capteur et d’afficher immédiatement le taux de sucre. Ces appareils de mesure existent aussi pour les patients atteints de diabète de type 2 mais ceux-là ne sont pas remboursés. « 

Très attendu, le pancréas artificiel fait actuellement l’objet d’une batterie de tests. Il s’agit d’une sorte d’hybride entre le glucosemètre et la pompe à insuline.  » Dès que l’appareil indique un excès de taux de sucre dans l’organisme, la pompe à insuline entre en action, sans que le diabétique ait à intervenir. « 

Non à l’obésité !

L’obésité, en particulier la graisse située sur le ventre, reste un important facteur de risque. Cette graisse dite viscérale s’apparente à un organe actif qui libère des hormones pro-inflammatoires.  » En cas d’excès de graisse à hauteur du ventre, les hormones provoquent une résistance à l’insuline. Votre propre insuline perd en efficacité et votre organisme absorbe nettement moins le sucre contenu dans les cellules des muscles et des organes. Résultat : le taux de glucose reste trop élevé. Or, il suffit de perdre de la graisse autour du ventre – suite à un régime ou à une intervention chirurgicale – pour voir disparaître ou régresser le diabète à court terme. « 

Faire du sport permet de relancer l’efficacité de l’insuline en stimulant l’absorption de sucre par les muscles sollicités et en améliorant la sensibilité des organes à l’insuline.  » Pour cela, il n’est pas nécessaire de pratiquer un sport intensif. Tout exercice est bénéfique, sport d’endurance ou en force. Nous recommandons de faire une demi-heure de marche soutenue chaque jour. Pendant l’effort, on peut avoir un peu de mal à réguler sa glycémie mais le sport aide rapidement le taux à se stabiliser. « 

2 types et 5 groupes

Depuis quelques mois, les diabètes font l’objet d’une nouvelle classification, dans le but de proposer des traitements plus ciblés, plus individualisés.  » C es cinq profils nous permettent de prescrire des traitements adaptés selon l’âge du patient, son poids, sa résistance ou sa dépendance à l’insuline, ainsi que d’éventuels autres problèmes de santé « , détaille le Pr De Block.

1. Maladie auto-immune caractérisée par une incapacité de l’organisme à produire de l’insuline. Cette forme de diabète se déclare en général assez tôt dans la vie du patient mais elle peut survenir plus tard.

2. Forte carence en insuline sans réaction auto-immune. Cette forme de diabète survient très majoritairement chez de jeunes patients au poids normal mais dont l’organisme produit difficilement de l’insuline.

3. Les patients nettement insulinorésistants et en net surpoids. Leur organisme fabrique de l’insuline mais leur corps n’y réagit plus. Ces patients présentent un risque accru de maladies rénales et hépatiques.

4. Un début d’obésité lié à du diabète chez des personnes en net surpoids mais qui ne présentent pas d’insulinorésistance.

5. Le diabète lié à l’âge. Comparable au type précédent mais qui survient à un âge nettement plus avancé.

Une nouvelle approche

Cette nouvelle approche dans le traitement du diabète ne se limite pas au contrôle du taux de sucre dans le sang.  » Il faut penser plus loin et voir plus large, puisque le diabète impacte plusieurs organes et fonctions du corps. Ainsi, il faut surveiller de près sa tension artérielle et son taux de cholestérol, car le risque de complications existe, notamment au niveau des yeux, du système nerveux, des reins et des maladies cardiovasculaires « , insiste le Pr De Block.

Cette nouvelle vision, plus globale, du diabète se traduit par un large éventail de traitements médicaux, dont certains très récents.  » Parmi les nouveaux venus, citons d’une part les médicaments basés sur l’action des hormones intestinales. Ces incrétines sont administrées par injection. Elles améliorent la sécrétion d’insuline tout en limitant celle d’une hormone ennemie, hyperglycémiante, le glucagon. Ensemble, insuline et glucagon régulent le taux de sucre dans le sang et doivent donc s’équilibrer. Les incrétines calment l’appétit et protègent les fonctions rénale et cardiaque. Le liraglutide est une incrétine étudiée à l’Université d’Anvers. On le prescrit en cas de diabète comme d’obésité, car il permet, associé à un régime, de perdre du poids – jusqu’à 6 ou 8 kilos – en agissant sur la zone du cerveau responsable de la régulation de l’appétit. « 

L’insuline naturellement produite par le pancréas atteint son pic en une minute.

 » Les inhibiteurs du SGLT2, une autre classe de médicaments, empêchent eux la réabsorption du sucre par les reins. Grâce à ce frein, les urines parviennent à éliminer davantage de sucre, faisant ainsi baisser le taux global de sucre dans l’organisme. Et ce n’est pas tout : éliminer un gramme de sucre via les urines équivaut à perdre 4 kilocalories. En un jour, on élimine donc facilement 300 kcal. C’est un bon coup de pouce pour qui cherche à perdre du poids, mais aussi à améliorer sa tension artérielle et le fonctionnement de son coeur ou de ses reins. « 

Ces nouvelles classes de médicaments réduisent par ailleurs le risque d’hypoglycémie (chute du taux de sucre dans le sang qui peut aller jusqu’à provoquer des évanouissements), l’une des grandes angoisses des diabétiques.  » Ce type de traitement permet souvent de retarder le recours à l’insulinothérapie, voire de s’en passer. « Revers de la médaille – comme souvent avec ce type d’innovations -, ces nouveaux traitements coûtent très cher et il n’est, pour l’instant, pas question d’un remboursement généralisé.  » C’est vrai. En même temps, ces nouvelles thérapies contribuent aussi à réduire le risque de maladies cardiovasculaires, rénales et autres complications. Elles pourraient donc, à terme, faire économiser de l’argent à la sécurité sociale. En tout cas, cela vaut la peine de considérer les choses sous cet angle « , conclut le Pr De Block.

Testez votre risque

Le test Findrisc permet de savoir si vous risquez de développer un diabète. Il a été mis au point en Finlande, puis repris par de nombreux pays. Il s’agit d’un questionnaire qui vous demande notamment votre âge, votre IMC, votre tour de taille, si vous faites du sport chaque jour, mangez des fruits et des légumes, prenez des antihypertenseurs, s’il y a des antécédents de diabète dans votre famille, etc. Sur base de ces paramètres, le test permet de cerner assez précisément votre risque de diabète et/ou de maladie cardiovasculaire dans les dix ans à venir. Pour le trouver, tapez les mots-clé  » test diabète  » +  » Findrisc  » dans un moteur de recherche.

www.diabete-abd.be – 02 374 31 95

Contenu partenaire