Dans la série La méthode Kominsky, les héros abordent sans complexe leurs problèmes de prostate. © Netflix

Des solutions quand la prostate gonfle

Aucun homme, ou presque, n’échappe à l’hypertrophie de la prostate. Si ce gonflement bénin ne disparaît pas de lui même, il se traite très bien.

Chez l’homme, dès l’âge de 40 ans, la prostate commence à augmenter en volume. La science ignore encore pourquoi au juste. Elle n’est pas davantage capable d’expliquer pourquoi ce phénomène est plus marqué chez les uns que chez les autres. Sans doute les hormones masculines jouent-elles un rôle, en plus d’autres facteurs.

A la différence du cancer de la prostate qui passe souvent inaperçu, l’hypertrophie de la prostate peut provoquer toutes sortes de symptômes, à cause du rétrécissement de l’urètre. Parmi les plus fréquents, citons: le besoin de se lever la nuit pour uriner, avoir du mal à commencer d’uriner, ressentir à tort l’envie d’uriner, constater un écoulement ensuite, avoir un jet faible ou interrompu, ou encore ne pas pouvoir vider totalement sa vessie.

« Devoir se lever une fois pendant la nuit pour uriner est tout à fait normal, mais si c’est trois fois ou plus, c’est qu’il y a un problème, explique le Pr Piet Hoebeke, urologue. Souvent, c’est le conjoint qui remarque quelque chose, à cause des réveils nocturnes ou des gouttes d’urine à la toilette. Pour reconnaître un jet d’urine affaibli, vous pouvez chronométrer le temps que vous mettez à vider votre vessie. Normalement, une vessie de 300 millilitres doit se vider en moins d’une minute. »

Ce qui complique le diagnostic, c’est que tous les soucis urinaires ne sont pas forcément liés à une hypertrophie de la prostate, qui bloque le passage de l’urine. « Avec l’âge, la vessie et l’ensemble du système urinaire fonctionnent moins bien, et la production d’urine – qui devrait normalement s’arrêter la nuit – se poursuit, même quand on dort. Cette accumulation supplémentaire de liquide favorise les problèmes urinaires, tout comme l’utilisation de certains médicaments (psychopharmaceutiques). »

BRISER LE TABOU

Comme il s’agit d’un processus lent, les hommes ont tendance à vivre avec leurs petits soucis de prostate, ou à les minimiser trop longtemps. C’est un sujet qui reste tabou. « Beaucoup d’hommes associent, à tort, traitement de la prostate et mise en péril de leur vie sexuelle. Or, il n’en est rien: à un stade précoce, il est tout à fait possible de traiter ces symptômes et de prévenir les futurs problèmes de vessie. Car ne pas traiter l’hypertrophie de la prostate fait bel et bien courir des risques, notamment celui de ne plus du tout pouvoir uriner, » met en garde le Pr Hoebeke. Ce serait dommage, d’autant que l’hypertrophie de la prostate se détecte facilement. « Nous posons le diagnostic sur base d’un questionnaire et d’un toucher rectal, pour déterminer le volume de la prostate. Certains hommes redoutent ce geste, mais il est effectué dans le respect et n’est absolument pas douloureux. On y ajoute souvent un test urinaire pour vérifier qu’il n’y a pas d’infection de la vessie, car les symptômes sont très semblables. »

LA CAFÉINE ET L’ALCOOL

Selon le degré de gravité, une série de solutions thérapeutiques sont envisageables, de la simple vigilance à l’opération chirurgicale. Si les symptômes sont légers, on ajoute au suivi des conseils à suivre au quotidien. « Il est impossible de prédire l’évolution d’une hypertrophie de la prostate, et parfois les symptômes restent légers. L’important est de bien boire tout au long de la journée et de ne plus rien prendre 2 heures avant de se coucher. La caféine et l’alcool stimulent le vessie et la production d’urine: il ne faut donc pas en abuser. Adaptez votre routine de miction en urinant en position assise et en deux temps. Des exercices de kiné pour muscler le périnée et le plancher pelvien peuvent être très utiles, car cela permet aux hommes de mieux contrôler la miction. Le périnée est en effet la seule partie du système urinaire qu’on peut exercer et apprendre travailler en conscience. »

Des solutions quand la prostate gonfle

LES RELAXANTS MUSCULAIRES

En cas de symptômes plus sérieux, un relaxant musculaire (alpha-bloquant) peut aider. Il agit sur les muscles autour de la prostate pour augmenter la puissance du jet d’urine. « Cela a pour effet secondaire d’empêcher l’éjaculation, mais cela n’affecte pas l’orgasme ni la vie sexuelle. » Ces médicaments n’inhibent pas la croissance de la prostate elle-même. Pour cela, des médicaments réducteurs de glandes peuvent être utilisés. Souvent, on associe les deux types de médicaments. « Ce n’est que chez les hommes présentant des symptômes graves ou une prostate très élargie que cette approche n’a guère de sens ».

Dans ce cas, ou lorsque la miction devient impossible, une intervention chirurgicale est nécessaire. « Lors de ce type d’opération, nous ne retirons que le tissu prostatique gênant. La capsule elle-même reste intacte. Il existe différentes techniques, mais la norme est la chirurgie dite en trou de serrure à travers l’urètre – une opération entièrement remboursée. Le risque d’impuissance ou d’incontinence est faible, car on ne s’approche pas des nerfs qui les contrôlent, contrairement à la chirurgie du cancer de la prostate. »

Prendre soin de sa prostate

  • Mangez sainement et pratiquez une activité physique. Les tomates, les brocolis, les céréales, le thé vert, les graines de grenade et le poisson sont recommandés. Plus un aliment est coloré, plus il est riche en antioxydants!
  • Les lentilles, les fèves de soja et les graines de potiron sont riches en phyto-oestrogènes. Elles contribuent à limiter l’action des hormones masculines et donc à protéger la prostate.
  • Limitez le stress autant que possible. L’adrénaline empêche la bonne vidange de la vessie.
  • Des études ont démontré qu’éjaculer fréquemment est bon pour la prostate et réduit le risque de cancer prostatique. A l’inverse, éjaculer rarement peut perturber le métabolisme de la prostate.

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