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Des piqûres pour maigrir?

Le retour des mannequins ultra minces et de la taille 0 est à l’origine d’un véritable engouement pour les médicaments contre le diabète qui permettent une perte de poids rapide.

Depuis des années, les scientifiques cherchent des moyens efficaces pour combattre l’obésité. Une piste de traitement est enfin à leur portée sous la forme d’antidiabétiques. « Ces médicaments, les agonistes du GLP-1, sont utilisés avec succès par les personnes atteintes du diabète de type 2, analyse le Pr Bart Van der Schueren. Il s’agit d’hormones intestinales synthétiques imitant les hormones naturelles qui procurent un sentiment de satiété. On sait que les personnes obèses ont des taux plus faibles de ces hormones et que leur fonctionnement est altéré. L’administration d’hormones synthétiques renforce le mécanisme de satiété et stimule également la production d’insuline après les repas. Résultat, on mange moins et on perd du poids. »

Une injection pourra-t-elle bientôt aider à atteindre un poids corporel sain? Les médicaments efficaces contre le diabète qui facilitent une perte de poids considérable changent la donne selon les experts. « Mais pour enregistrer des résultats durables, il faut un bon accompagnement. »

Un traitement de fond

Cette thérapie hormonale est un traitement de fond, comparable aux médicaments réduisant le taux de cholestérol ou la tension artérielle. Vous devez donc en prendre continuellement pour maintenir les effets. « On ne suit pas ce traitement pour perdre 5 kilos avant l’été, comme le font croire certaines célébrités. La prise temporaire de ces médicaments débouche sur le même scénario que celui d’un régime sévère. Lorsque vous arrêtez de les prendre, les kilos reviennent au galop. Et, souvent, quelques kilos supplémentaires s’invitent sur la balance. Cet effet yoyo est en outre néfaste pour la santé. On conseille aux personnes obèses de poursuivre le traitement pendant au moins un ou deux ans, et ensuite de voir s’il est possible de l’arrêter progressivement. »

Des médicaments différents

Ces médicaments sont généralement administrés par injection une fois par semaine. « Pour la première fois, nous disposons d’une véritable alternative à la chirurgie bariatrique (sleeve gastrectomie, bypass gastrique et anneau gastrique) à même de générer des résultats quasiment similaires. En fonction du type de médicament, on perd 8 à 10% de poids corporel en quelques semaines avec du liraglutide ou Saxenda, 15 à 20% avec Wegovy, la forme la plus concentrée de sémaglutide ou Ozempic et même de 20 à 25% avec du tirzépatide ou Mounjaro, le médicament contre le diabète attendu fin de cette année sur le marché belge.

À titre de comparaison: après une intervention chirurgicale bariatrique, les patients perdent en moyenne 30% de poids corporel. Des produits similaires sont déjà en cours de développement. Ils nous permettront à terme de lutter contre l’obésité de différentes manières. Un traitement contre l’obésité sera donc mieux adapté aux particularités individuelles et moins axé sur la seule perte de poids. »

Un effet pervers

Depuis l’été dernier, les pharmaciens font face à une pénurie chronique d’antidiabétiques injectables. Elle est due à la popularité croissante de ces produits qui font maigrir et le producteur ne peut plus répondre à la demande. Étant donné que ces médicaments sont de plus en plus prescrits – en dehors de l’indication officiellement remboursée – aux personnes en surpoids, les patients diabétiques, pour lesquels ils sont remboursés, ne parviennent plus à en obtenir ou alors en quantité insuffisante. L’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé et la Ligue contre le diabète demandent donc que ces médicaments soient réservés en priorité aux patients diabétiques tant que ce problème de stock persiste.

Manger plus lentement

Comme pour une intervention bariatrique, un médicament seul ne suffit pas. Un accompagnement adéquat par un diététicien et un médecin est indispensable, car le régime alimentaire doit être adapté en parallèle. « Le médicament ralentit la vidange gastrique, ce qui signifie que vous devez manger non seulement moins, mais aussi plus lentement. Les personnes en surpoids sévère, qui ont essayé de nombreux régimes, ont souvent une vision déformée de l’alimentation saine. L’objectif n’est pas non plus de perdre de la masse musculaire. Cela signifie qu’il faut mettre suffisamment de protéines à son menu, mais pas trop de glucides. La dose de médicament doit, elle, être augmentée lentement afin d’éviter les effets secondaires tels que les nausées, la diarrhée et la constipation. »

L’avantage de ces médicaments, c’est qu’ils permettent des pertes de poids rapides. « C’est très motivant! Mais à un moment donné, il n’est plus possible de perdre du poids. On ne sait pas encore pourquoi, mais les médicaments permettent néanmoins de garder un poids plus sain. »

Quel remboursement?

L’objectif premier d’une perte de poids est un meilleur état de santé. « Le but est de pouvoir agir sur les maladies cardiovasculaires, le diabète, les apnées du sommeil ou les douleurs articulaires afin de garantir une meilleure santé et une meilleure qualité de vie. »

Ces médicaments, plutôt onéreux, compter de 105 à 240€ par mois, donnent lieu à des grandes disparités en matière de remboursement. Actuellement, seuls les diabétiques y ont droit. L’élargir au groupe des personnes obèses est encore en discussion. « Cela représente un coût important. Or, en permettant aux obèses de perdre du poids, il est possible de prévenir toute une série de maladies graves. De vastes études sont en cours pour déterminer si ces médicaments contribuent efficacement à réduire le risque cardiovasculaire en cas d’obésité. »

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