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De plus en plus de gens ‘nient’ les signes du cancer de la peau

Pour son édition 2014, la campagne annuelle de dépistage des mélanomes (tumeurs malignes de la peau) met l’accent sur le phénomène du déni. Les dermatologues ont constaté qu’un nombre croissant de patients attendent la dernière minute pour s’inquiéter de taches cutanées et points de beauté suspects. « Le cancer de la peau reste associé à une issue fatale alors que, dépisté et traité à temps, il peut déboucher sur une guérison complète », insiste le Dr Thomas Maselis, dermatologue.

Le cancer de la peau est l’un des rares qui se voient à l’oeil nu. Si vous inspectez régulièrement votre épiderme, vous devriez pouvoir repérer toute modification de grain de beauté – taille, contours ou couleur. C’est le signe qu’il faut consulter son généraliste ou un dermatologue pour un examen plus approfondi. « C’est précisément cette étape que l’on hésite encore trop souvent à franchir. On reporte sans cesse cette fameuse consultation, assortie d’un diagnostic, et l’on perd ainsi un temps précieux. La plupart des mélonomes sont détectés par hasard », explique Thomas Maselis, président d’Euromelanoma Belgique.

Procrastination

Les patients atteints d’un mélanome sont particulièrement concernés par la poltitique de l’autruche. Une récente enquête menée auprès de 120 dermatologues belges a démontré qu’un quart des patients attendent pour consulter d’être à un stade déjà avancé de la maladie. Ceci pour plusieurs raisons : 25 % ne reconnaissent pas les signes d’un possible mélanome, quelque 50 % sous-estiment la gravité du danger et un patient sur cinq a constaté l’évolution d’un grain de beauté mais choisit de passer outre. Ce comportement coûte des vies. Or, pris à temps, le mélonome se soigne bien et le pronostic est rassurant. »

« Selon les dermatologues, les patients les plus à risque sont les hommes de plus de 50 ans. On estime que plus de la moitié d’entre eux refusent d’ouvrir les yeux. Ce sont eux que nous devons inciter à changer de comportement. »

Processus inconscient

On remarque des points de beauté d’aspect bizarre, mais on choisit de nier l’évidence. Il s’agit d’un mécanisme psychologique complexe, que nous sommes nombreux à adopter face à des situations difficiles. « Nier l’évidence peut tenir du processus tant conscient qu’inconscient, destiné à contourner une menace. On essaie ainsi de se protéger devant une réalité trop pénible. Il est important de comprendre ces réactions pour que les gens revoient leur comportement et osent consulter rapidement un médecin », décrypte Nicole Delvaux, psychologue.

Témoignage

Carine Meskens sait à quel point il est difficile de dépasser ses peurs. Voici quelques années, elle a remarqué une tache bizarre sur sa jambe, à hauteur du fémur. « Juste avant de partir en vacances sur la Côte d’Azur, j’ai vu qu’un point de beauté avait changé de forme et de couleur. Mais j’ai choisi de fermer les yeux. Pendant mon séjour dans le Midi, j’ai caché le point de beauté sous un gros sparadrap, pour ne plus y être confrontée. J’avais peur que ce soit un cancer de la peau. Je ne voulais surtout pas entendre le diagnostic, parce que j’ai déjà perdu pas mal de proches des suites d’un cancer. Tant que je ne savais rien, je pouvais faire comme si de rien n’était. C’est idiot, mais j’ai réagi ainsi. Cela a duré jusqu’à ce qu’une blessure au genou m’amène chez le médecin. J’ai enfin osé lui montrer mon point de beauté sur la jambe. Mes enfants et mon frère me harcelaient déjà depuis un moment. Ils sentaient qu’il y avait quelque chose... J’ai eu rapidement l’opération, puis le traitement. Tout s’est bien déroulé, mais je sais que je ne commettrai plus jamais la bêtise de me voiler la face. Or je ne suis pas la seule. Autour de moi, je sais que des tas de gens ont réagi de la même manière face à des signes de cancer. J’espère que mon témoignage aidera les autres à ouvrir les yeux », conclut Carine Meskens.

Mythes

Voici les idées reçues les plus fréquentes en matière de cancer de la peau :

1. Le cancer de la peau évolue lentement.

Faux. Il peut aussi évoluer rapidement.

2. Tous les cas peuvent se traiter par chirurgie.

Faux.

3. Le mélanome reste un cancer rare.

Faux. En 2011, on a dépisté en Belgique 3.000 nouveaux cas de mélanomes. Il existe aussi deux autres types de cancers de la peau, les carcinomes basocellulaire et spinocellulaire.

4. Le cancer de la peau ne survient qu’une seule fois.

Faux. Dans 10 % des cas, le patient fait un second mélanome.

5. Etre bronzé ou avoir la peau mate vous protège du cancer de la peau.

Faux. Seuls les vêtements, l’ombre et une crème solaire à fort indice de protection peuvent vous protéger.

Quand doit-on se faire dépister ?

  • Si l’on a beaucoup de points de beauté (plus de 100) ;
  • Dès que l’on remarque un point de beauté qui a changé – de couleur, de forme ou de taille – ou qui chatouille ;
  • Si des membres de votre famille ont fait un cancer de la peau ;
  • Si vous avez souvent pris le soleil (sans protection) au cours de votre vie.

Les dermatologues belges organisent des séances de dépistage gratuit du 19 au 23 mai. Inscrivez-vous à temps sur www.euromelanoma.org

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