D’une régularité de métronome, votre rythme cardiaque ?

La fibrillation atriale (FA) – le coeur qui  » s’emballe  » – est le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque. Heureusement, elle peut aujourd’hui être dépistée très tôt et traitée de façon efficace... car non soignée, elle multiplie par cinq le risque d’AVC.

Saviez-vous que la fibrillation atriale (ou fibrillation auriculaire) est le trouble du rythme cardiaque le plus répandu à l’heure actuelle ? Après 40 ans, le risque d’y être confronté un jour ou l’autre est de 1 sur 4. Un tiers des patients ne présentent toutefois pas le moindre symptôme, de telle sorte qu’elle passe souvent inaperçue... alors que, non soignée, elle multiplie par cinq le risque d’AVC ou infarctus cérébral !

Le coeur en bonne santé

Notre coeur est la pompe qui fait circuler le sang dans tout l’organisme : sa partie droite se charge de l’envoyer vers les poumons, tandis que la gauche alimente le reste du corps. Chacune de ces moitiés possède une cavité inférieure très puissante, le ventricule, qui assure le pompage proprement dit ; pour pouvoir assumer leur fonction, celles-ci doivent toutefois recevoir un apport de sang en provenance des oreillettes (ou atriums) -un mécanisme réglé par un système électrique spécifique.

L’activité du coeur est déclenchée par le noeud sinusal, qui va générer une légère impulsion électrique et la transmettre par la biais des oreillettes au noeud auriculo-ventriculaire. Ce dernier a pour fonction de ralentir brièvement ce stimulus – le temps que les oreillettes remplissent les ventricules – avant de le transmettre au faisceau de His, un groupe de fibres nerveuses qui va ensuite à son tour propager l’influx électrique aux parois ventriculaires par le biais de tout un réseau de fibres plus petites. Après les oreillettes, c’est alors au tour des ventricules de se contracter.

Au repos, notre coeur bat de 60 à 70 fois par minute ; à l’effort, ce rythme peut atteindre 160 à 180 battements par minute.

Quand le coeur perd les pédales

La fibrillation auriculaire vient complètement dérégler ce système électrique, qui va se mettre à ordonner aux oreillettes de se contracter plusieurs centaines de fois par minute. Ce rythme est toutefois tellement rapide qu’elles ne parviennent plus à suivre... et finissent en quelque sorte par jeter l’éponge et par ne presque plus se contracter, de telle sorte que les ventricules se remplissent moins bien et que l’activité de pompage du coeur diminue. Heureusement, cette myriade de stimuli est toutefois bloquée au niveau du noeud auriculo-ventriculaire et ne se transmet donc pas aux ventricules, car eux non plus ne seraient pas capables de tenir le rythme et le coeur finirait par lâcher.

La transmission aléatoire des influx provoque toutefois des contractions irrégulières – tantôt rapides, tantôt plus lentes – des ventricules, ce qui peut générer des symptômes tels qu’un essoufflement, une fatigue, des vertiges, des nausées ou des poussées de transpiration... voire, chez certaines personnes, une douleur au niveau de la poitrine.

Comment diagnostiquer la FA ?

L’électrocardiographie (ECG) est l’examen le plus simple et le plus efficace, mais il a l’inconvénient de ne livrer qu’un  » instantané  » de l’activité électrique du coeur, alors que chez certaines personnes, la fibrillation auriculaire ne se manifeste que de façon intermittente. Il peut donc être utile de surveiller soi-même son rythme cardiaque par des mesures régulières du pouls.

Comment prendre son pouls ?

Au repos, placez trois doigts sur le poignet tendu du bras opposé, entre le tendon du pouce et la face latérale de l’os du poignet, en exerçant une légère pression. Comptez le nombre de battements pendant 30 secondes et multipliez par deux pour obtenir un nombre de battements par minute. Un rythme cardiaque normal oscille entre 50 et 100 battements/minute.

Si vous ne parvenez pas à prendre votre pouls, demandez conseil à votre médecin traitant.

Quand faut-il contacter le médecin de famille ?

? Si le pouls au repos est inférieur à 40 ou supérieur à 120 battements par minute.
? Si le pouls est irrégulier, alternant battements lents et rapides.
? En cas d’accélération du rythme cardiaque accompagné de symptômes tels que vertiges, difficultés à respirer, douleurs à la poitrine, essoufflement, évanouissements, fatigue inhabituelle, etc.

Quel est le risque qu’une personne souffre de fibrillation auriculaire ?

Personne n’est à l’abri, mais il existe certains facteurs de risque susceptibles d’accélérer l’apparition d’une fibrillation auriculaire. Une participation active à la Semaine du Rythme cardiaque est chaudement recommandée aux personnes qui :

? sont âgées de plus de 40 ans,
? ont une tension élevée ou prennent des médicaments pour la contrôler,
? souffrent de diabète,
? ont déjà été victimes d’une thrombose ou d’un AVC,
? ont déjà été victimes d’un infarctus ou souffrent d’insuffisance cardiaque,
? souffrent d’apnées du sommeil,
? sont en surpoids,
? souffrent d’une hyperactivité de la glande thyroïde,
? ont une consommation d’alcool supérieure à la moyenne,
? pratiquent un sport d’endurance,
? ou présentent des antécédents familiaux de fibrillation auriculaire.

Un malheur ne vient jamais seul...

Plus une personne est âgée, plus son risque de fibrillation auriculaire est élevé ; cela s’explique par le processus de vieillissement naturel du coeur. Les plus jeunes non plus ne sont toutefois pas complètement à l’abri.

Dans environ 60% des cas, la FA s’accompagnera d’autres signes de pathologie cardiaque :

? atteinte valvulaire rhumatismale
? athérosclérose
? insuffisance cardiaque
? infarctus
? hypertension

Par ailleurs, la fibrillation atriale peut être déclenchée par :

? une hyperactivité de la glande thyroïde
? une maladie pulmonaire
? une consommation excessive d’alcool au cours d’un courte période
? un excès de fatigue
? une fièvre

Conséquences possibles

La survenue soudaine d’un épisode de fibrillation atriale peut être assez angoissante pour le patient, surtout si c’est la première fois. Il est toutefois important de se souvenir qu’elle n’est pas le signe avant-coureur d’un infarctus ou d’un arrêt cardiaque.

Par contre, elle peut être à l’origine de deux autres problèmes non négligeables : la formation de caillots et l’affaiblissement du coeur.

Des caillots sanguins risquent en effet de se former dans les oreillettes parce que celles-ci ne se contractent pratiquement plus ; s’ils aboutissent ensuite ailleurs dans l’organisme, ils peuvent provoquer un AVC, une paralysie ou une atteinte d’autres organes comme les reins ou les intestins.

Ce danger n’est toutefois pas immédiat – et dans les premières 48 heures, il est même à peu près inexistant !

Par contre, ce risque peut persister même lorsque la fibrillation atriale fait l’objet d’un traitement adéquat ; le médecin pourra alors, le cas échéant, recommander la prise d’anticoagulants.

Moins fréquent, l’affaiblissement du coeur provoqué par la fibrillation atriale se manifeste principalement par un essoufflement et par des pieds gonflés.

Le traitement

Le médecin envisagera toujours deux types de traitement : l’un pour normaliser le rythme cardiaque, l’autre pour prévenir la formation de caillots.

Normalisation du rythme
Lorsque la FA provoque une accélération du rythme cardiaque, le traitement reposera toujours sur un médicament permettant de le réduire.

Lorsqu’au contraire le coeur bat trop lentement, le patient bénéficiera éventuellement de la pose d’un pacemaker provisoire ou définitif.

Lorsque le médecin décide de traiter la FA pour rétablir un rythme cardiaque régulier (c’est ce que l’on appelle la reconversion), il a le choix entre des moyens médicamenteux et électriques. Dans le premier cas, on procèdera généralement à l’administration d’un médicament par voie intraveineuse, tandis que la reconversion électrique consiste à endormir le patient durant quelques minutes et à administrer un choc électrique au niveau du coeur.

Prévention des caillots
Avant de normaliser le rythme cardiaque, le médecin voudra toutefois certainement s’assurer qu’il n’y a pas de caillots sanguins à l’intérieur du coeur. Pour ce faire, il réalisera une échographie transoesophagienne, qui lui permettra de visualiser le coeur au moyen d’ultrasons ; pour obtenir la meilleure image possible, l’examen est réalisé via l’oesophage – d’où son nom.

Si l’échographie révèle la présence d’un caillot, le patient devra prendre des anticoagulants pendant quelques semaines. Une fois le caillot disparu, on pourra procéder au rétablissement du rythme cardiaque.

Il arrive toutefois aussi que le médecin décide de ne pas normaliser le rythme ; vu le risque persistant de caillots, le patient devra alors recevoir un traitement anticoagulant. Ce dernier devra être minutieusement adapté à chaque cas individuel : une dose trop élevée peut en effet provoquer des hémorragies, tandis qu’une dose insuffisante accroît le risque de formation de caillots.

Saviez-vous que...

? La fibrillation auriculaire est responsable d’un AVC sur six.
? Ce trouble du rythme touche environ 1 adulte sur 15 au-delà de 65 ans et 1 sur 10 au-delà de 80 ans.
? En Belgique, on estime qu’environ 150.000 personnes souffrent de FA, et ce nombre devrait vraisemblablement doubler d’ici 2050.
? Ces 20 dernières années, le nombre d’hospitalisations attribuables à la FA a augmenté de 60%.
? Il existe plusieurs traitements très efficaces contre la FA.

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