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Cuisiner, une source sous-estimée de pollution de l’air intérieur

La transition vers des maisons basse énergie est un bon moyen de rendre notre parc immobilier plus durable, mais elle comporte aussi des risques, écrivent Asit Kumar Mishra et Marie Coggins, experts en qualité de l’air. Dans ces maisons « étanches », la ventilation doit être correctement régulée pour éviter la pollution de l’air intérieur, mais les connaissances en la matière font souvent défaut.

La plupart des gens passent plus des deux tiers de leur vie à l’intérieur. Mais même sous notre propre toit, nous sommes encore exposés à des niveaux dangereux de pollution de l’air. La cuisson, en particulier, libère de nombreuses substances toxiques.

Les aliments brûlés, saisis ou mijotés peuvent produire des particules fines (PM 2.5). Même les restes de nourriture qui attachent et s’accumulent dans le four ou sur la plaque de cuisson génèrent ces minuscules particules lorsqu’ils sont brûlés. Selon une étude, on peut donc être exposé à trois fois plus de particules fines en préparant un rôti pour le dîner qu’en se promenant dans New Delhi, l’une des villes les plus polluées au monde.

Les particules fines peuvent endommager le coeur et les poumons lorsqu’elles sont inhalées. Elles peuvent ainsi aggraver les symptômes de l’asthme et contribuer à la réduction de la fonction pulmonaire, à l’augmentation du risque de crise cardiaque et à l’irritation des voies respiratoires. En 2019, quelque 2,3 millions de décès dans le monde ont été causés par une exposition prolongée à la pollution de l’air intérieur.

Des logements étanches... mais

De nombreux pays souhaitent rénover leur parc immobilier afin de réduire les émissions de CO2. Cette vague de rénovation offre à des millions de personnes la possibilité d’améliorer la qualité de l’air intérieur et de réduire leur consommation d’énergie.

Mais... Alors que ces rénovations rendent les maisons plus étanches, leur ventilation doit être correctement régulée. On ne peut pas compter uniquement sur l’air qui pénètre dans le bâtiment pour diluer les concentrations de polluants atmosphériques. Sans une ventilation adéquate, les polluants libérés pendant la cuisson ne peuvent pas s’échapper dans l’atmosphère.

En Europe occidentale, les maisons ont traditionnellement toujours compté sur la ventilation naturelle. La transition vers des « maisons étanches à l’air » nécessite néanmoins quelques ajustements.

Ventilation

Lors d’une rénovation, les maisons sont souvent équipées d’un système de ventilation mécanique. Il peut s’agir d’une simple hotte dans la cuisine ou d’un ventilateur dans la salle de bains. Mais certaines maisons sont équipées d’un système complet de chauffage, de ventilation et de climatisation qui aspire et nettoie l’air extérieur avant de le refroidir ou de le chauffer.

Une hotte couvre la zone de cuisson et possède un ventilateur intégré qui aspire l’air intérieur à travers une série de filtres avant de l’expulser à l’extérieur. C’est l’un des moyens les plus efficaces de réduire l’exposition aux particules provenant de la cuisson. Selon des études, l’utilisation d’une hotte aspirante permet de réduire de 90% l’exposition aux particules fines.

Mais pour profiter de cet avantage, les utilisateurs doivent respecter certaines règles. Le non-respect de ces règles peut réduire l’efficacité et le bon fonctionnement du système de ventilation.

Peu de connaissances

Une enquête réalisée en Irlande révèle que les hottes aspirantes, bien que conformes en tant que produit, ne sont souvent pas utilisées comme elles le devraient.

Autre constat: la majorité des propriétaires ne savent pas comment utiliser correctement leur système de ventilation. La principale raison est une mauvaise communication de la part des propriétaires précédents quant au bon fonctionnement des différents systèmes.

Cette enquête a également révélé que 70% des propriétaires interrogés ne savaient pas comment entretenir le système de ventilation de leur logement pour en assurer le bon fonctionnement. Or, ce manque d’entretien peut entraîner un fonctionnement bruyant du système de ventilation, ce qui dissuade les propriétaires de l’utiliser.

La plupart des propriétaires ignorent également les sources et les risques pour la santé des particules liées à la cuisson. Les citoyens doivent être mieux informés des risques de pollution de l’air intérieur.

Réduire les risques

Il existe cependant quelques astuces pour réduire l’exposition à une mauvaise qualité de l’air lorsque l’on cuisine.

  • Les restes d’aliments collés sur les plaques de cuisson commencent à brûler dès que celles-ci sont allumées. Votre exposition aux particules fines augmente donc dès que vous cuisinez. Veillez dès lors à bien nettoyer vos plaques après usage.
  • Si vous disposez d’une hotte aspirante, allumez-la avant de commencer à cuisiner et laissez-la fonctionner pendant 10 à 15 minutes après avoir arrêté. De cette manière, la concentration de particules fines ne risque pas d’atteindre des niveaux dangereux et diminuera rapidement une fois la cuisson terminée.
  • Par ailleurs, la hotte élimine plus facilement les particules qui se dégagent des plaques de cuisson arrière que celles des plaques de cuisson avant. L’utilisation des plaques de cuisson situées à l’arrière est donc un moyen efficace de réduire votre exposition aux polluants intérieurs.
  • Vous pouvez également relier votre hotte à un compteur de particules fines afin de réduire davantage l’exposition. Ces capteurs déclenchent des alertes à la pollution et permettent un contrôle intelligent de la hotte. Par exemple, le système peut être réglé pour aspirer plus fort lorsque le niveau de particules fines atteint un certain seuil.
  • Il est au moins aussi important de faire vérifier et entretenir régulièrement la hotte par le professionnel qui l’a installée. Comme pour une voiture ou une chaudière, un contrôle annuel de la hotte garantit son bon fonctionnement.
  • Lorsque nous cuisinons à la maison, nous sommes inévitablement exposés à la pollution de l’air intérieur. Dans les maisons basse énergie, les gens devraient être mieux informés sur la meilleure façon d’utiliser leur système de ventilation mécanique pour éviter une telle exposition.

Source: IPS

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